Éducatrice spécialisée, elle lance un appel au secours

 Éducatrice spécialisée, elle lance un appel au secours

Chaque soir, dans de nombreuses villes européennes, des citoyens se retrouvent sur leurs balcons afin d'applaudir le personnel médical des hôpitaux. Le témoignage que l'on vous propose aujourd'hui n'est pas celui d'un médecin, d'une infirmière ou d'une sage-femme. Isabelle Darthez, est éducatrice pour personnes atteintes de forts handicaps mentaux. Mercredi soir, elle a envoyé un mail à notre journaliste Robin Lemoine titré : "Les oubliés du Covid-19".

“On n'entend pas beaucoup parler des travailleurs sociaux dans le médico-social ou même de ceux qui travaillent dans des Ehpad. On entend peu de témoignages, alors qu’on en chie.”

“Pour l’instant on est confiné. Les quatre catégories de personnes qui doivent être testées au Covid-19, on retrouve les personnes vulnérables, donc typiquement nos résidents. Et à chaque fois qu’on a demandé que des tests soient effectués on a été renvoyé. On n'a pas de blouse, pas de charlotte, pas de masque. Par contre on a plein de papier toilette, là il n’y a pas de problème. On va se faire des masques en PQ je pense.”

“Ce qui est compliqué c’est que ce sont des gens qui ont besoin de voir leur famille régulièrement et qu’ils ne peuvent plus. Et surtout, alors qu’on leur demande de rester chez eux, quand ils voient des gens dans la rue, qui se baladent ou qui courent, et bien ils ne comprennent pas. Il faut qu’on arrive à leur faire comprendre que ce n'est pas des blagues. Et ce sont des gens qui ne sont pas forcément assez élevés pour comprendre ces choses là.”

“Moi je fais six heures d’intervention dans la soirée. Je reviens, je suis explosée. Alors bien sûr que je pourrais me mettre en arrêt. Et puis quoi ? Qui va s’en occuper de ces gens ? Moi je passe tous les soirs la porte du boulot, j’ai les larmes aux yeux parce que j’ai un résident qui me dit: tu as de la chance toi tu pars.”

Une situation difficile qui mériterait peut-être, elle aussi d'être applaudie. Hier un médecin de Tel-Aviv nous confiait, qu'en Israël aussi, les gens en situation de handicap mental ou d’anxiété chronique étaient beaucoup plus angoissés que d’habitude.