Un utilisateur internet passe en moyenne 3 heures sur les réseaux sociaux tous les jours. Dans les pays de l’Union européenne, de 2011 à 2019, la part des utilisateurs qui consultent quotidiennement les réseaux sociaux est passée de 20% à 48%. Face à de telles valeurs, il est désormais courant de parler d’une véritable addiction à nos profils sur ces plateformes. D’ailleurs, les premières études sur la cyberdépendance, la dépendance à l’internet, datent déjà de 1996.
Les jeunes sont particulièrement vulnérables à devenir dépendants de l’univers d’internet, et tout particulièrement des réseaux sociaux. Dans une phase de la vie où les contacts avec les pairs sont primordiaux pour se construire une identité sociale, les “j’aime” et les demandes d’amis deviennent un moyen pour affirmer et construire son identité dans un monde virtuel où on a l’impression de se sentir moins seul, entouré de reconnaissance par nos “amis”, ce qui pousse les plus jeunes à passer de plus en plus de temps sur les réseaux sociaux.
Pourtant, davantage d’utilisateurs se rendent compte que le temps passé devant leurs écrans les empêche de s’investir ailleurs, comme le reconnaît Nathan: “il suffit qu’il y ait une minute où on s’ennuie et on dévie directement sur les réseaux sociaux. Et on n’a plus forcément le temps de réfléchir, de penser, de découvrir de nouvelles activités...”
Julia, étudiante en philosophie à l’ESSCA d'Angers, a pris conscience de sa dépendance aux réseaux sociaux et a donc progressivement supprimé tous ses comptes Facebook, Instagram et compagnie (comme elle l'explique dans cette contribution). Elle raconte que ce processus de “denetworkisation” a été pour elle un acte de courage, car “cela nous demande de se construire ailleurs que sur les réseaux sociaux.”
Julia n’est pourtant pas la seule à se remettre en question et se supprimer des plateformes sociales. Eva l’a fait pour se libérer d’une charge mentale: “quand on reçoit un message on est quelque part obligé d’y répondre, quand on n’y répond pas c’est mal perçu, et ça fait qu’on n’est jamais vraiment coupé.”
Nathan, Julia et Eva se rendent compte de l’emprise que les réseaux sociaux ont sur notre quotidien. De plus, ces plateformes peuvent menacer la sauvegarde de nos démocraties à cause, par exemple, de l’incitation à la haine et de la propagation des fausses nouvelles, des phénomènes qui sont amplifiés dans les réseaux sociaux, comme le documentaire Derrière nos écrans de fumée l’a dévoilé. Au-delà des démarches individuelles de se “denetworkiser”, donc, une action plus importante des institutions européennes est attendue face à l'ampleur de ces menaces.