Mercredi 2 mars 2022, comme l'avait annoncé quelques jours plus tôt la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, le Conseil européen a adopté une décision suspendant en urgence les activités de diffusion de RT et de Sputnik, deux médias publics russes, dans l'Union européenne. Une décision qui fait débat parmi les eurodéputés.
"Un précédent inquiétant"
Lors d'un point presse qui s'est tenu ce vendredi 4 mars 2022, plusieurs eurodéputés français ont exprimé leur malaise suite à l'interdiction des deux chaînes russes. "Ce n'est pas ça l'Union européenne", a regretté David Cormand du groupe des Verts au Parlement européen. "Bien sûr, ces deux chaînes [RT et Sputnik] sont des chaînes de propagande (...) et je comprends qu'il faille agir. Mais comme message politique, que la présidente de la Commission européenne dise 'j'interdis ces chaînes là' , je ne suis pas sûr que ce soit la bonne réponse", a déclaré le député écologiste en précisant qu'il s'exprimait à titre personnel et non au nom de son groupe politique.
Un point de vue partagé par Manon Aubry (GUE/NGL). "Le cadre dans lequel s'est fait [cette interdiction] est relativement inquiétant. (...) Personne ici ne va s'amuser à défendre ces chaînes, mais il faut être vigilant, car les crises servent souvent à remettre en cause des libertés fondamentales", a tenu à rappeler la co-présidente du groupe La gauche au Parlement européen avant de suggérer qu'"on pourrait interdire RT et Sputnik, mais à travers une procédure claire, transparente, sanctionnée par un juge et circonstanciée, sinon on crée un précédent inquiétant."
"Dans la période que l'on connait, il fallait prendre des décisions fortes"
En revanche, d'autres eurodéputés français défendent l'interdiction des deux chaînes russes dans l'UE, à l'image de Sylvie Guillaume. "Quand on voit le côté massif et tellement sans nuance [de la désinformation pratiquée par RT et Sputnik], je crois qu'on avait vraiment raison d'agir de cette manière-là", a estimé la vice-présidente du Groupe de l'Alliance Progressiste des Socialistes et Démocrates au Parlement européen.
Même son de cloche du côté de Valérie Hayer (Renew Europe). "On voit bien qu'il y a une volonté délibérée de ces médias de manipuler l'opinion à travers des opérations de propagande massives. Dans la période que l'on connait il fallait prendre des décisions fortes, et je pense que c'était la bonne décision".