"Les associations France Russie CEI Nantes et Saint-Nazaire, attachées depuis toujours à la Paix, expriment leur consternation et leur grande tristesse vis-à-vis de la situation dramatique créée par l’invasion militaire russe depuis le 24 février dernier. Nous déplorons les pertes de vie et les souffrances qui en résultent. Nous disons notre solidarité avec la nation ukrainienne et ses citoyens entraînés dans ce conflit. Nous pensons aussi aux citoyens russes qui manifestent leur opposition à la guerre et à ceux qui sont tenus au silence."
François Armanet, vous êtes membre du conseil d’administration de l'association France Russie CEI Nantes et membre de l’association Russie étonNantes deux associations adhérentes à la maison de l'Europe à Nantes.
Votre association France Russie CEI Nantes et Saint-Nazaire a réagi tout de suite par un communiqué à l'invasion russe en Ukraine. Pourquoi ?
Pour nous c'était très important de tout de suite prendre la parole et de ne pas rester silencieux. On sentait les choses venir mais c’est la stupéfaction. On comprend trop bien qu’on a toujours espéré que les choses n’aillent pas trop loin. Si on prend le temps d’analyser on se dit que les choses étaient peut-être déjà dites d’avance, mais on essayait de dire que ça n’arriverait pas. On a besoin d’être ensemble pour en parler même s’il y a des désaccords.
On se sent aussi un peu les ambassadeurs de cette culture russophone en France. Là on voit la souffrance qui vient au nom, soi-disant, de la Russie et du peuple russe et on ne s'y retrouve pas du tout. On est en solidarité totale avec le peuple d’Ukraine.
Les médias en Russie sont vraiment très limités. Il y a une séparation mentale qui a été entretenue par les gouvernements pro-russes des républiques voisines. Et il y a des personnes qui très sincèrement ne comprennent pas ce que fait l’occident et soutiennent le gouvernement russe. On est assez atterré.
Etant un peu historien, il n’y a pas eu d’inventaire du passé. Et donc il y a une violence dans la société qui est une violence d’Etat. Vous savez que l'association Memorial, la grande ONG qui fait l’inventaire de tous les crimes du gouvernement soviétique contre son peuple a été fermée l’an dernier. C’est vouloir fermer l’histoire, mettre un voile sur le passé et qu’il n’y ait qu’un discours officiel.
Une partie du gouvernement et de la société russe n’accepte toujours pas qu’on ait changé d’époque. Les gens qui veulent aller chercher des informations peuvent le faire en contournant. Mais ce sont déjà des gens qui se posent des questions. Là on parle de la masse des gens qui reçoivent une information unique.
On ne peut pas rester sans réagir, parce que ça nous concerne. Aussi parce qu’il y a une culture russe qui dépasse un peu toutes les frontières de la Fédération de Russie gouvernée par Vladimir Poutine. Donc on est concerné par ce qui se passe en Ukraine. Après on nous dira peut-être mais qu’avez-vous dit lorsqu’il y a eu l’affaire du Donbass et de la Crimée. Mais là on est touché parce que c'est fait au nom de la Russie. Comme on se sent un peu ambassadeur d’une culture, on ne peut pas ne pas réagir et être effondré de ce qui se passe.
Il faut comprendre que les réactions de l’Union européenne peuvent aussi renforcer un complexe d’encerclement et avaliser l’idée que le peuple se sacrifie. Ce qui s’est beaucoup passé dans l’histoire russe . Alors est-ce que le peuple russe est toujours ce peuple qui a accepté les sacrifices énormes comme dans les années 40, ou est-ce qu’aujourd’hui il y a une génération qui ne va pas accepter ca ? je ne sais pas. Mais il n’est pas sûr que les sanctions aient le même effet. Elles peuvent avoir l’effet inverse, en renforçant le sentiment du seul contre tous.
On n’est plus dans le raisonnable du tout, on est dans la déraison. Et ça devrait nous interpeller sur nous, comment on se laisse gouverner parfois. J’espère que les russes vont s’interroger sur comment ils se laissent gouverner. Le président de la République a dit “on n’est pas contre le peuple russe”, touchant un point très sensible qui est très fort chez les Russes. Reconnaissant le rôle majeur joué par la Russie pendant la Seconde Guerre mondiale. C'est un point essentiel pour eux. Il faut garder un contact. Ne rien cautionner mais garder un contact.
Les adhérents de l'association se mobilisent pour participer à l’élan de solidarité lancé la semaine dernière sur Nantes et St Nazaire.
Europa Nantes en partenariat avec Nantes Métropole et l’association ukrainienne Tryzub centralise la collecte de dons de produits médicaux pour soigner des blessures de guerre mais aussi du matériel de camping et des produits alimentaires, ainsi que casques et gilets blindés. Les dons sont à déposer boulevard de la prairie aux Ducs. La liste complète des besoins est à retrouver sur le site internet d’Europa Nantes. Une collecte identique est organisée à Saint-Nazaire, par la ville et l’association Ukrainienne Tryzub, à laquelle se joint également l’association France Russie CEI Nantes. Collecte 39 rue Albert Thomas, en face de l’ancienne poste de Penhouët, tous les jours de 17h à 20h.