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Les "stocks splits" d'Apple et Tesla - l'Eco de Marc Tempelman #1

Les "stocks splits" d'Apple et Tesla - l'Eco de Marc Tempelman #1

Marc Tempelman, un des co-fondateurs de la FinTech Cashbee, qui vous aide à épargner plus et mieux, via son application d’épargne simple et sécurisée, nous parle de finance toutes les semaines et aujourd’hui il est question des stocks splits

Les « stock splits » ou le découpage d’actions. Une technique à laquelle deux mastodontes appelés Apple et Tesla ont eu récemment recours. 

En théorie, un “stock split” est une opération très simple. On sépare chaque action en plusieurs plus petites. Si l’action d’une entreprise vaut 200 euros par exemple, vous la transformez en deux actions à 100 euros chacune. 

C’est ce qu’ont décidé de faire il y a quelques mois, Apple et Tesla, qui ont respectivement divisé leurs actions par quatre et par cinq. Fait surprenant : depuis l’annonce, les cours des deux sociétés se sont envolés. 

Cela faisait déjà plusieurs trimestres que les actions de ces deux entreprises grimpaient fortement, n’est-ce pas ?

Oui, absolument, les deux actions étaient déjà parmi les plus recherchées des investisseurs. Mais Apple, qui a annoncé son split le 30 juillet dernier, a vu son titre augmenter de 34% depuis, ajoutant ainsi 600 milliards à sa capitalisation boursière. Elle est alors devenue la première société à valoir plus de 2 trilliards de dollars. L’action Tesla a pris, elle, 81% depuis l’annonce de son stock split faite le 11 août. Cela représente un gain de capitalisation de 220 milliards de dollars. 

La division de leurs actions a eu lieu le 31 août et, le jour même, les deux actions ont grimpé (accrochez-vous) de 12,5% pour Tesla et de 2,4% pour Apple. Pour mettre cela en perspective, Tesla a gagné en une journée la valeur totale de General Motors. Apple a gagné celle de BNP Paribas.

Si nous pouvons attribuer une partie de cette hausse à d’autres facteurs comme les bons résultats de ces entreprises, il est clair que ces splits y sont aussi pour beaucoup. 

Mais si un stock split n’est rien de plus que la division d’une action en plusieurs morceaux, rien n’a véritablement changé. Pourquoi les actions ont-elles autant monté ?

Vous avez raison. En théorie, fractionner les actions existantes ne devrait pas impacter la valeur intrinsèque des entreprises concernées. Si je vous échange un billet de 5 euros contre cinq pièces de 1, le total reste de 5 euros.

Essayons néanmoins de trouver quelques arguments qui justifient la hausse du cours de l’action, à l’occasion d’un “stock split”. 

L’objectif principal d’un fractionnement des actions est de les rendre “accessibles à un plus grand nombre d’épargnants”, pour utiliser les mots du directeur financier d’Apple, Luca Maestri. Avant l’opération, l’action Apple valait autour de 500 US Dollars et celle de Tesla en valait 1600. Les cours avaient atteint des niveaux tels que l’action était inachetable pour certains petits porteurs. En divisant le prix de leurs titres, Apple et Tesla permettent à plus de monde de se les offrir, ce qui augmente la demande (déjà forte) et fait grimper d’autant les prix.

Par ailleurs, dès l’annonce du stock split, le marché commence à anticiper l’augmentation du nombre d’investisseurs sur le titre et l’effet positif que cette évolution aura sur son cours. C’est ce qui peut expliquer une partie de la hausse des prix des actions en amont du fractionnement effectif des actions.

Mais cette augmentation de la liquidité du titre justifie-t-elle une augmentation aussi importante des cours ? 

Les marchés se sont probablement emballés. Et la beauté de cet édito est que plusieurs jours se sont passés depuis sa préparation. Et lorsque nous avons jeté un dernier coup d'oeil sur les cours de bourse d'Apple et Tesla, nous avons vu qu'en une journée, elles ont respectivement perdu 8% et 9%. Il faut croire que l'effet bénéfique d'un stock split est certes marginalement positif, mais qu'il ne peut pas, à lui seul, justifier une hausse significative de la valorisation d'une société, aussi innovante soit-elle. Un gâteau exceptionnellement bon n'est pas meilleur parce qu'on le découpe en plus de parts.