L'éco de Marc Tempelman

Bourse d’OVH - L'éco de Marc Tempelman

Bourse d’OVH - L'éco de Marc Tempelman

Nous accueillons Marc Tempelman, le cofondateur de l’application d’épargne gratuite Cashbee. Nous discutons toutes les semaines de finance. De quoi allons-nous parler aujourd’hui ?

Bonjour Laurence, je vous propose aujourd’hui de parler d’OVH, cette société française d’hébergement web et du cloud qui a été introduite en bourse la semaine dernière.

Nous avions déjà pu parler d’introduction en bourse l’année dernière, à l’occasion de la cotation du boys band Coréen les BTS. En quoi cette opération est-elle remarquable ?

OVH est une société technologique française qui a été introduite sur l’Euronext. Elle est en directe compétition avec les mastodontes américains Amazon et Microsoft dans le domaine du stockage de données informatiques et la symbolique de cette transaction est donc très forte. Et politiquement importante.

Ah bon. Je comprends qu’il est rare de voir des champions technologies émerger qui font directement concurrence aux très grands groupes américains. Mais en quoi est-ce un sujet politique ?

Le numérique et la technologie sont des secteurs à très forte valeur ajoutée, en pleine croissance et créateurs d’emplois. Les sociétés comme Microsoft, Google et Amazon créent énormément d’emplois, à travers le monde mais à commencer par leur pays de résidence, les États-Unis.

On peut comprendre l’enjeu politique de soutenir des sociétés en forte croissance de ce type et de faire son possible pour les garder sur le sol français.

Car de nombreuses start-ups technologiques Européennes qui se développent rapidement décident de se relocaliser aux États-Unis, entre autres parce qu’il y est plus facile de lever des capitaux importants.

Pourquoi cet état de fait ? Pourquoi autant d’entreprises innovantes sentent elles le besoin de s’introduire en bourse aux États-Unis ?

C’est notamment parce que les marchés de capitaux y sont plus développés. N’oubliez pas que d’acheter des actions comporte du risque. Et que ce risque est plus élevé encore lorsqu’il s’agit d’actions de sociétés jeunes, qui parfois ne gagnent pas encore d’argent. Il se trouve que la base d’investisseurs prêts à prendre ce type de risque est bien plus large et sophistiqué aux US.

D’ailleurs, ce ne sont pas que les Européens qui s’y tournent. N’oubliez pas que les géants de la tech Asiatique comme Alibaba, sont également côtés aux États-Unis.

Bien compris. Maintenant, je vois bien l’intérêt que peut avoir le gouvernement français pour favoriser des introductions en bourse à Paris plutôt qu’au Nasdaq. Surtout que dans le cas d’OVH on peut considérer que son activité est même stratégique pour le pays non ?

Exactement. Énormément d’acteurs clés, comme par exemple les banques ou les sociétés d’assurance utilisent de plus en plus le Cloud pour y stocker les données personnelles et transactionnelles de leurs clients. En toute sécurité à priori. Mais si le choix se limite à utiliser les services d’AWS, la filiale spécialiste d’Amazon ou Microsoft, les pays Européens sont en droit de se poser la question s’il est stratégiquement sain de se reposer aussi massivement sur deux sociétés américaines, et leur confier autant de données sensibles.

Avoir un acteur Européen, français de surcroit, dans le domaine de la conservation de données digitales est un avantage considérable.

Et les investisseurs étaient-ils au rendez-vous ? Cette introduction en bourse peut-elle être qualifiée d’une réussite ?

À priori oui. Le prix de l’action a été fixé à 18 euros cinquante par l’entreprise, le bas de la fourchette initialement annoncé. Et lors de la première séance de cotation, le prix de l’action a fini la journée à 19,70 euros, en hausse de 6,5%.

À ce prix la société OVH est valorisée à un peu plus de 3,5 milliards d’euros.

Donc une victoire pour le gouvernement et l’économie française?

Oui, mais pas que. Il me semble qu’il s’agit d’un signe très positif pour l’écosystème des start-ups technologiques européennes. Car OVH vient de prouver qu’il était possible de lever 350 millions d’euros via une cotation à la bourse de Paris, et donc que les expatriations aux États-Unis ne sont pas une fatalité.

Marc Tempelman au micro de Laurence Aubron

Chaque semaine, nous accueillons Marc Tempelman, un des co-fondateurs de la FinTech Cashbee, qui aide les Européens à épargner plus et mieux. Nous discutons avec lui de finance. 

Toutes les éditos de Marc Tempelman sont à retrouver juste ici

Photo de mohamed mahmoud hassan provenant de CC0 Public Domain