Eurominute d'Euan Walker

Élections présidentielles en République Tchèque - Technologie verte - croissance des énergies renouvelables dans le mix énergétique

Élections présidentielles en République Tchèque  - Technologie verte -  croissance des énergies renouvelables dans le mix énergétique

Cette semaine, Euan Walker et Cécile Dauguet discutent des élections présidentielles en République Tchèque, de la nouvelle stratégie de la Commission européenne en matière de technologies vertes et de la croissance des énergies renouvelables dans le mix énergétique de l'Union européenne.

Pour en revenir à l'actualité européenne de la semaine, la République Tchèque a tenu ses élections présidentielles...

En effet, samedi 28 janvier, l'ancien chef de l’état-major Petr Pavel a remporté l'élection présidentielle de la République Tchèque avec 58,2 % des voix. La défaite d'Andrej Babis, ancien Premier ministre décrié, marque un changement significatif dans le paysage politique tchèque.

Pouvez-vous nous expliquer en quoi cette élection présidentielle symbolise un changement politique en République Tchèque ?

Bien sûr, il faut rappeler que les présidents tchèques ont une valeur plus symbolique qu'opérationnelle, ils choisissent cependant les premiers ministres, peuvent influencer la politique étrangère, et ont la capacité de pousser le gouvernement à adopter certaines politiques. Le président sortant, Miloš Zeman, avait appelé à un rapprochement avec la Chine et la Russie, et son parti avait déjà été accusé de virer à l'extrémisme populiste par le Premier ministre du pays, Petr Fiala. A l'inverse, la victoire de Petr Pavel repose sur une campagne qui soutient l'OTAN, l'adoption de l'euro, ainsi qu'un certain nombre de politiques progressistes comme le mariage pour tous.

En ce qui concerne la géopolitique, il y a eu quelques développements concernant les stratégies de développement technologique de l'Europe...

En effet, hier, le 1er février, la Commission européenne a publié sa stratégie pour le Green Deal Industrial Plan. Pour rappel, ce plan se présente comme une réponse aux États-Unis et à la Chine qui subventionnent massivement leur secteur des technologies vertes. Cependant, certain·es analystes restent sceptiques quant à l'efficacité du plan. L’Europe risque de rester en queue de peloton.

Quels sont les éléments de ce nouveau plan qui ont été critiqués ? 

La plus grande inquiétude réside dans le fait que l'on s'attend, grâce à ces subventions, à ce que les grandes entreprises européennes établies développent massivement de nouvelles technologies vertes. Mais certain·es analystes pensent que l'Union a oublié ce qui a permis aux États-Unis de dominer le domaine des technologies numériques : un marché financier intégré qui a donné naissance à une vaste industrie du capital-risque. Dit autrement, son autonomie stratégique. Reste à savoir si ce Green Deal Industrial Plan permettra à l'Europe d'affirmer sa place sur la scène mondiale des technologies vertes, alors que les projets d'union des marchés de capitaux ou même de soutien de la recherche technologique universitaire restent peu discutés...

Enfin, il y a eu de bonnes nouvelles en ce qui concerne l'approvisionnement énergétique de l'Union européenne...

Tout à fait ! Selon un rapport publié par le think tank climatique Ember le 31 janvier, l'énergie éolienne et solaire a fourni plus d'électricité à l'UE que toute autre source d'énergie pour la première fois en 2022. Les ajouts record de nouvelles sources d'énergie éolienne et solaire en 2022 ont aidé l'Europe à survivre à une "triple crise" créée par les restrictions des approvisionnements en gaz russe, une baisse de l'hydroélectricité causée par la sécheresse et des pannes nucléaires inattendues, indique l'analyse.

Que cela signifie-t-il pour notre mix énergétique en 2023 ?

La croissance de l'éolien et du solaire devrait se poursuivre cette année, l'énergie hydraulique et l'énergie nucléaire devraient se redresser. EDF prévoit qu'un grand nombre de ses centrales nucléaires françaises seront remises en service en 2023. Consécutivement, la production d'électricité à partir de combustibles fossiles pourrait connaître une baisse inédite. On parle de 20 % en 2023, soit le double du précédent record observé en 2020. Selon le rapport, "la production au charbon va baisser, mais c'est la production au gaz, qui devrait rester plus chère que le charbon jusqu'en 2025 au moins, qui diminuera le plus rapidement."

Entretien réalisé par Cécile Dauguet.

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English version : 

Czech Republic’s presidential - Green tech strategy - Growth of renewables in the EU energy mix 

This week, Euan Walker and Rune Mahiee discuss the Czech Republic’s presidential elections, the European Commission’s new green tech strategy and the growth of renewables in the European Union’s energy mix.

Returning to Europe's news of the week, the Czech Republic has held its presidential elections…

Indeed, on Saturday the 28th of January, retired army general Petr Pavel won the Czech Republic's presidential election with 58.2% of the vote. The defeat of Andrej Babis, the much maligned former prime minister, marks a significant change in the Czech political landscape.

Can you explain how this presidential election symbolises a political change in the Czech Republic?

Of course, it should be noted that Czech presidents have more symbolic than operational value - but they do choose prime ministers, can influence foreign policy, and have the ability to push the government to adopt certain policies. The outgoing president, Miloš Zeman, had called for cooperation with China and Russia, and his party had already been accused of turning to populist extremism by the country's prime minister, Petr Fiala. In contrast, Petr Pavel's victory was based on a campaign that supported NATO, the adoption of the euro, and a number of progressive policies such as gay marriage.

In terms of geopolitics, there have been some developments regarding Europe's technological development strategies…

Indeed, yesterday, on the 1st of February, the European Commission published its strategy for the Green Deal Industrial Plan. As a reminder, this plan hopes to act as a response to the United States and China, which massively subsidise their green technology sector. However, some analysts remain sceptical about the effectiveness of the plan. Once again, Europe risks being left behind.

What elements of the new plan have been criticised? 

The biggest concern is that the subsidies are expected to encourage large established European companies to develop new green technologies on a massive scale. But some analysts believe that the EU has forgotten what has allowed the US to dominate today’s digital technology sector, namely an integrated financial market that has given rise to a vast venture capital industry. In other words, its strategic autonomy. It remains to be seen whether this Green Deal Industrial Plan will allow Europe to assert its place on the world stage of green technologies, while the projects of a capital market union or even of support for university technological research remain underdiscussed…

Finally, there’s been some good news regarding the European Union's energy supply…

Absolutely ! According to a report published by the climate think tank Ember on the 31st of  January, wind and solar energy provided more electricity to the EU than any other energy source for the first time in 2022. Additions of new wind and solar energy sources in 2022 helped Europe survive a "triple crisis" created by restrictions on Russian gas supplies, a drought-induced drop in hydropower and unexpected nuclear blackouts.

What does this mean for our energy mix in 2023?

Wind and solar power sources are expected to continue to grow this year, with hydro and nuclear power expected to recover. Indeed, EDF expects many of its French nuclear power plants to be back on line in 2023. As a result, electricity generation from fossil fuels could fall at unforeseen rates. The figure currently stands at 20% in 2023, double the previous record in 2020. According to the report, "coal-based power generation will decline, but gas-based generation, which is expected to remain more expensive than coal until at least 2025, will decline at the fastest rate."

Interview by Rune Mahieu.