Dans le cadre d’un partenariat avec le Comité européen des régions, euradio suit de près le travail de cette assemblée consultative, qui regroupe plus de 300 élu·es locaux et régionaux des 27 États membres de l’UE.
Pour cette nouvelle émission, nous recevons Mikel Irujo Amezaga, Directeur général de l'Action Extérieure de la région de Navarre (Espagne).
Il a également siégé au Parlement européen de 2007 à 2009 et est actuellement membre du Comité européen des Régions au sein du groupe EA (European Alliance Group).
A ce titre, il est intervenu lors de l'évènement en ligne "Financing the Renovation Wave" qui se déroulait le 27 janvier dernier. Partie intégrante du Green Deal, cet évènement portait notamment sur la rénovation des bâtiments. Il nous en dit plus dans cette interview.
Pour commencer, comment décrieriez vous la situation actuelle dans votre région et le sentiment général de la population ?
Mikel Irujo Amezaga – Nous venons de publier un rapport sur ce sujet. Nous avons interrogé plus de 300 entreprises. La perception générale est que le pire est encore à venir. D'un point de vue économique, nous n'avons pas encore atteint le pire de la crise, mais ça c'est à très court terme.
Par contre tout le monde estime qu'après l'été, la situation devrait s'améliorer, espérons le.
La situation est bien sûr très liée à l'état de la pandémie. Tout le monde s'accorde à dire que si la pandémie s'améliore, la situation économique s'améliore aussi. L'année dernière, elle a été très fortement impactée, encore plus que la moyenne espagnole, car notre économie est très axée sur les industries lourdes. Mais nous espérons qu'après l'été, la situation s'améliorera.
Comment, en tant que gouverneur régional, faîtes-vous pour assurer la communication avec les citoyens ?
A l'automne, nous avons créé un nouveau site web. Toutes les statistiques relatives à la pandémie, tout ce qu'il se passe dans les hôpitaux, les centres de santé et les services sociaux... est publié au jour le jour, à 23h.
Mais nous savons que même cela pourrait ne pas suffire. D'un point de vue économique, il est très important pour nous de disposer d'un bon cadre de gouvernance, dans le cadre de la spécialisation et de la stratégie intelligente.
Cs 6 dernières années, nous avons eu une communication très organisée sur la recherche, l'industrie et bien sûr la bonne coordination de l'administration publique, ce qui est très difficile. Le gouvernement actuel a très bien réussi à le faire. Vous devez pouvoir créer une bonne structure pour communiquer les messages au public.
Avec l'administration, nous avons déja ce cadre dans lequel la communication est très organisée, et cela a été extrêmement utile en cette dernière année de pandémie.
Comme vous venez de l'expliquer, la Navarre est très spécialisée dans l'innovation industrielle et la région est actuellement très touchée par la crise.
Mais, à long terme, la Navarre aurait-elle un avantage par rapport à des régions dépendantes du tourisme par exemple ? Dans le sens ou son économie pourrait être plus résistante ?
La Navarre a une bonne stratégie à long terme de spécialisation et d'innovation. La région est par exemple très spécialisée dans les sources d'énergies renouvelables et la biotechnologie. Pour ce qui est de la biotechnologie, nous avons beaucoup d'espoirs que ce secteur sera essentiel dans un avenir proche. Ce serait une bonne perspective.
Espérons que cette crise augmentera également la possibilité de transformer les secteurs, qu'il y ait plus de technologies durables, électriques et hybrides. (...)
Ce à quoi nous devons penser, c'est que rien ne sera plus comme avant. Même avec le programme de vaccination, tout ne sera pas normal à l'automne. Nous devons vraiment penser à cette transformation. La durabilité et la numérisation, c'est une chose sur laquelle l'Europe insiste beaucoup. Ce sera le véritable défi pour nous et pour tout le monde.
Pour revenir à l'évènement "Financing the Renovation Wave" qui porte également sur l'innovation durable, pouvez-vous nous en dire plus sur la politique et la stratégie de la Navarre en matière de rénovation des bâtiments ?
Nous avons adopté en 2017 une feuille de route sur le changement climatique. Dans celle-ci, il y avait déja un chapitre sur la rénovation des bâtiments et des logements, pour améliorer l'efficacité énergétique des bâtiments, des nouveaux bâtiments, et de ceux ayant été rénovés. Ce chapitre comprenait également des mesures visant à réduire l'utilisation de combustibles fossiles, pour le chauffage notamment.
Dans ce domaine, nous avons déja développé différentes politiques en 2017. Nous avons fait preuve d'engagement dans ce domaine, nous ne pouvons pas compter entièrement sur le financement européen. Nous comptons aussi fortement sur les collaborations entre le secteur privé et le secteur public en particulier dans le domaine du chauffage. Nous avons lancé différents projets dans le but de fusionner tous les différents systèmes de chauffage en un système centralisé et pouvoir ainsi détecter la consommation d'énergie. L'énergie sera produite à l'aide de solutions efficaces sur le plan énergétique.
Nous avons aussi lancé des projets pilotes dans la capitale (Pampelune) qui fonctionnent très bien et dans lesquels nous avons constaté que l'implication des citoyens est fondamentale. (...)
Le logement est lié à la propriété privée. C'est quelque chose qui a déja été adapté dans nos plans et dans notre vision générale. Le partenariat privé/public est vraiment important, et l'implication des citoyens également.
Et puis, quelque chose que nous avons déja signé en 2018. C'est un mécanisme de la Banque européenne d'investissements avec laquelle nous avons négocié 40 millions d'euros pour construire près de 500 bâtiments à énergie quasi nulle.
Certains mécanismes de l'Union européenne sont donc vraiment utiles pour faire avancer ces stratégies locales et régionales.
L'évènement est organisé pour réunir les acteurs locaux et régionaux ayant des projets concrets de rénovation, pourquoi la coopération inter-régionale est-elle importante ?
La coopération européenne est très importante. En 2017, l'agenda urbain européen a été adopté, et il existe de nombreuses initiatives et de nombreux partenariats différents. (...)
Les stratégies pour les domaines politiques importants doivent être produites et partagées dans une perspective plus large. Nous avons donc vraiment besoin de ligne directrice européenne (...) afin que nous puissions, au niveau régional, adapter des exemples et projets concrets.
Avec l'agenda urbain, l'Union européenne a vraiment pris en compte les politiques de rénovation du parc immobilier pour le niveau local et régional. Je pense que dans le cadre de tous ces partenariats, nous avons un avantage important dans la mise en oeuvre des politiques que l'Europe prévoit pour les prochaines décennies.
Nous avons besoin de l'Europe pour établir un agenda commun. Et grâce à cet agenda commun, nous aurons des politiques et une législation communes. Sont également nécessaires les outils financiers pour mettre en oeuvre les politiques au niveau local.
Interview réalisée par Nadine Vermeulen (Doublage Anouck Durocher / Romain L'Hostis)
© European Committee of the Regions, CC BY-NC-SA 2.0
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