Tous les mercredis, retrouvez Tarinda Bak sur euradio pour sa chronique intitulée "L'européenne de demain", dans laquelle il sera question des combats menés par les femmes en Europe et partout dans le monde.
Que nous offre l’Union européenne cette semaine ?
Tout d’abord une émotion. La fierté, celle d’être femme, celle d’être Européenne. La semaine dernière, la député suédoise Abir Al-Sahlani s’est coupé grossièrement les cheveux devant ses collègues lors de la session au Parlement européen. Ce geste, cette intimité qu’elle partage ainsi, témoigne d’un combat, celui du soutien d’une femme envers une autre femme : Mahsa Amini
Mais davantage qu’une femme elle signifie également ces quelques mots : je suis toutes ces femmes iraniennes. Je lutte avec elles, à leurs côtés même si elles sont éloignées. Et je m’indigne, je m’indigne contre cette violence faite aux femmes.
Abir Al-Sahlani est-elle la seule femme en Europe à soutenir ces femmes iraniennes depuis ce fait du 13 septembre ?
Un sourire me vient car non puisque, nous les femmes, nous avons cette puissance, cette force ancrée en nous qui nous relie les unes aux autres. Alors que nous sommes politiciennes, actrices, chanteuses, première dame, avocate, bâtonnière, militante, ou encore nous, tout simplement, nous ne restons et ne resterons pas silencieuses face à ces violences. C’est pourquoi les européennes, émues se soulèvent et se mobilisent ensemble afin de soutenir les protestations.
Qu’en pensez-vous ? Que pense l’Européenne de ces violences ?
Écoutez votre cœur battre. Imaginez le s’accélérer. Vous. Dans votre lit. Minuit passé, votre téléphone entre vos mains, et les vidéos de toutes ces femmes qui se coupent les cheveux, qui pleurent, et, cette histoire. Voilà comment j’ai appris l’histoire de la mort de Mahsa Amini. De cette femme qui pourrait être moi, vous, votre sœur votre mère, votre copine, votre conjointe, Votre femme. Des larmes me sont monté aux yeux, des larmes de peine, et de crainte.
Pourquoi de crainte ?
Nous sommes en 2022, 2023 sonne à notre porte et les droits des femmes ne représentent pas un sujet primordial pour l’État ? Qu’importe son nom d’ailleurs. Alors pour finir, permettez-moi de dire ces quelques mots : Jin Jiyan Azadi : femme, vie, liberté.
Vous sous-entendez que les droits des femmes sont à améliorer dans tous les États, y compris en Europe ?
Oui. Nous subissons toutes des inégalités des violences faite à notre genre, quel que soit notre pays. Sont-elles les mêmes ? Non. Avons toutes les mêmes droits ? Non. Les mêmes lois ? Non plus.
Alors oui, je suis une femme européenne. Mais je suis française. Et les violences que je subis sont différentes d’une femme européenne italienne, espagnole, allemande, bulgare, ou encore belge.
Vous parlez de la Clause de l’Européenne la plus favorisée ? Pouvez-vous nous en dire plus ?
Bien volontiers. Tout d’abord un peu d‘histoire car la clause de l’Européenne la plus favorisée trouve son origine dans les travaux de l’association « Choisir la cause des femmes » de Gisèle Halimi et de Simone de Beauvoir, en 1979. C’est lors de son engagement au niveau européen que Gisèle Halimi, en 1994, a proposé et soutenu au sein de la réglementation européenne l’introduction de la clause.
Cette dernière s’inspire du droit commercial et plus précisément de la clause de la nation la plus favorisée n’est-ce pas ?
Exactement. La clause de la nation la plus favorisée consiste à ce qu’un état, lorsqu’il donne des avantages particuliers à un autre état, doit également les donner aux autres états signataires de l’accord commercial. La clause de l’européenne la plus favorisée quant à elle, met en lumière les difficultés inégales des femmes au sein de l’Union Européenne, afin de remédier à une double inégalité, entre les hommes et les femmes, puis entre les Européennes elles-mêmes.
Un mot pour la fin ?
Nous nous tenons ensemble pour soutenir les femmes Iraniennes.
Pourtant une question me taraude :
Quand est ce que nous nous mobiliserons pour nos droits à nous, européennes ?
Chronique réalisée par Laurence Aubron.