Tous les mercredis, retrouvez Tarinda Bak sur euradio pour sa chronique intitulée "L'européenne de demain", dans laquelle il sera question des combats menés par les femmes en Europe et partout dans le monde.
Que nous offre l’Union européenne cette semaine ?
Imaginez-vous. Vous êtes cette femme au milieu de cette dispute. C’est la sixième fois cette semaine, et nous ne sommes que mercredi. Une gifle vient rencontrer votre joue, puis une deuxième, une troisième et là, le coup de poing. La sonorité même du mot est d’une violence… Cette violence c’est votre quotidien. Bam un deuxième coup de poing, dans le nez cette fois-ci ; Vous avez entendu ce son strident, sec, qui craque sous la force de votre bien aimé. Il s’assure que vous ayez compris. Avez-vous compris cette fois-ci ? Que vous méritez cette punition ? Qu’il est las mais ne possède pas d’autre choix.
OH vous ne répondez-pas ? Répondez, répondez, RÉPONDEZ. Bam.
Cette fois, un objet lourd vient heurter violemment votre tête. A la vue du sang, votre conjoint part, et vous laisse là, gisante sur le sol. Étourdie, vous n’entendez presque plus, votre tête tourne, mais vous apercevez ces chaussures recouvertes de sang, de votre sang.
Et un bruit. Celui de grosses bouteilles posées sur le sol. Vous sentez un liquide froid qui asperge votre corps. Vous ne comprenez pas. Cela fait-il parti de l’humiliation ?
Une odeur inconnue monte à vos narines.
C’est à ce moment que vous savez. Vous avez compris ce qu’il s’apprêtait à faire. Toutefois, c’est trop tard. Un coup de briquet et..
Et vous brûlez. Vous tentez de crier d’horreur mais l’effroi empêche tout son de sortir.
Jusqu'à ce que vous parveniez à lire : protoxyde d'azote et essence. L’horreur, la douleur, votre peau qui brûle, votre chair, l’odeur, cette couleur de feu, et ces mots qu’il balbutie…
Et surtout ces actes, ces actes qui signifieront la fin, votre fin.
À travers cette description, vous souhaitez parlez des féminicides en France c’est bien ça ?
Exactement. Ces femmes, ces sœurs, ces tantes, ces mères, sont assassinées car elles sont des femmes. Considérées sans défense et inférieures à leurs maris, elles finissent par quitter notre monde sous les coups, variant d’un scénario quotidien à celui digne d’un film d’horreur.
Ne sont-elles pas protégées par la loi ?
Aucune loi ou Code pénal ne consacre le terme de féminicides. La raison pour le législateur est simple : les femmes restent victimes d’homicides certes, mais les hommes aussi. Cette vision universaliste du droit provient justement d’un droit, celui de garantir l’égalité sans distinction de sexe. Alors, depuis quand la France se résout-elle à protéger ses filles en raison d’un droit octroyé ? Depuis quand l’égalité devient-elle un obstacle pour protéger le genre féminin ? Depuis quand l’équité devrait-elle remplacer l’égalité ?
Cela provoque-t-il des débats au sein des féministes et du domaine juridique ?
Oui, nous assistons à deux visions bien distinctes. D’une part certains et certaines estiment qu’il n’est pas possible de créer une infraction qui vise seulement les hommes, et que la loi de 2016 qui place le « crime commis en raison du sexe comme une circonstance aggravante » suffit. D’autre part, nous avons d’autres hommes et femmes qui demandent une véritable législation afin d’approfondir la protection envers des situations où le genre est la clé de tout.
Un mot pour la fin ?
Des prénoms : Johanna, Florence, Kimberly, Amélie, ou Clara, n’oubliez jamais ces prénoms que nous, et oui je dis bien nous avons laissées mourir par manque d’actions.
Entretien réalisé par Laurence Aubron.