Quentin Dickinson, avez-vous passé une bonne semaine ?
Assurément, car, pour une centaine de journalistes, surtout français (et bien sûr, votre serviteur en était), la semaine aura commencé en banlieue parisienne dans un agréable pavillon en bord de Seine, loin des palais de la République.C’est là que, (relativement) discrètement, Emmanuel MACRON est venu, plus de deux heures durant, répondre à un flot continu de questions de politique intérieure comme de relations internationales.
J’ai surtout relevé que, sur tous les sujets relatifs notamment à la fiscalité ou aux retraites, à l’immigration ou à la fin de vie, le chef de l’État aura fait référence à la pratique dans d’autres pays de l’UE, et, dans bien des cas, aura prôné une prise en compte pan-européenne, seul garant d’efficacité, a-t-il affirmé.
Mais l’actualité, c’était aussi la session plénière mensuelle du Parlement européen…
…et cette session aura été dominée par le Discours sur l’état de l’Union, prononcé jeudi à STRASBOURG devant les eurodéputés par la Présidente de la Commission européenne, Ursula von der LEYEN. Cet événement annuel s’inspire d’une tradition parlementaire éponyme aux États-Unis ; dans sa forme actuelle, elle fut inaugurée en 1913 par le président américain de l’époque, Woodrow WILSON. On notera au passage que le Grand-Duché de Luxembourg partage depuis bien longtemps cette formule. L’Union européenne, quant à elle, devra attendre le Traité de LISBONNE pour emboîter le pas à ses devanciers, de sorte que nous n’en sommes aujourd’hui qu’à la vingt-troisième édition.
Ce Discours, jamais inférieur à une heure et suivi des réactions des différents groupes politiques, varie considérablement en fonction de l’actualité et de la personnalité du président de la Commission européenne. Dans sa version la plus élémentaire, le discours enchaîne le catalogue technocratique des mesures adoptées ou appliquées au cours des douze mois précédents, suivi des intentions forcément louables pour les douze mois à venir.
Les allocutions les plus soporifiques furent prononcées par José Manuel BARROSO, et Jean-Claude JUNCKER fut à ce jour le seul à y pratiquer l’humour, voire l’autodérision. Ursula von der LEYEN a cependant inauguré un genre nouveau : celui de véritable chef de guerre (ce qu’à la marge pouvait lui permettre son passé de ministre fédérale allemande de la Défense). Escamotant l’habituelle énumération de chacune des compétences de l’Union européenne (y compris celles où rien de notable n’était à signaler), elle aura mené avec emphase l’évocation de lalutte contre l’envahisseur russe en Ukraine, du combat contre les racines du dérèglement climatique, et du bras-de- fer avec les pays européens saisis par le vertige autoritaire.
Et Quentin Dickinson, qu’avez-vous prévu pour cette semaine ?
J’ai surtout noté que ce mardi se réunissent les vingt-sept ministres des Affaires européennes, qui vont s’atteler à réagir concrètement à l’attitude du gouvernement hongrois, dont la dérive antidémocratique perdure, en dépit de nombreuses mises en garde.
Il existe en effet aujourd’hui une conditionnalité explicite entre le respect de l’état de droit par chacun des pays-membres de l’UE et l’octroi d’aides européennes, financières ou autres, et des fonds importants destinés à la Hongrie restent de ce fait gelés. Enfin, on suivra de près ces jours prochains les tentativesde formation de gouvernement en Suède et en Italie.
Entretien réalisé par Laurence Aubron