Retrouvez chaque semaine semainière de Quentin Dickinson sur euradio. L'occasion de découvrir la diplomatie et l'actualité européenne sous un nouvel angle.
Alors, QD, avez-vous passé une bonne semaine ?
Effectivement, car (marginalement) plus calme que depuis bien longtemps.
D’abord, un point sur l’élection présidentielle en Finlande, dont le premier tour a eu lieu dimanche dernier : quatre, parmi les neuf candidats, étaient gens d’expérience européenne et internationale. Arrivé en tête avec un peu plus de 27 %, le candidat de la droite modérée, Alexander STUBB, est un ancien Premier ministre et eurodéputé, et demeure un perpétuel jeune homme volubile et pressé ; il est talonné, à près de 26 %, par le candidat vert Pekka HAAVISTO, précédemment Ministre des Affaires étrangères. Le boute-feu d’extrême-droite, Jussi HALLA-AHO, arrive troisième, loin derrière. A noter, le résultat confidentiel de Mme Jutta URPILAINEN (4,8 %) – c’était bien la peine qu’elle mette entre parenthèses ses fonctions de Commissaire européenne pour faire campagne.
MM. STUBB et HAAVISTO se retrouveront au second tour ; ce sera le 11 février. Le mandat est de six ans, renouvelable une fois. Le Président de la République finlandaise exerce une autorité réelle en matière de relations internationales, qu’il cumule avec la charge de commandant-en-chef des forces armées, ceci à un moment où le pays vient de rejoindre l’OTAN et est en première ligne face à la Russie, avec laquelle il a 1.340 kilomètres de frontière terrestre commune.
Plus près de vous, voilà que l’on reparle de Charles MICHEL, actuel Président du Conseil européen…
Ces fonctions, on le sait, consistent à préparer et à diriger les travaux des Sommets des vingt-sept chefs d’État et de gouvernement ainsi qu’à représenter l’UE à l’extérieur, cette dernière compétence en partage (ou, plus exactement, en rivalité acerbe et absurde) avec la Présidente de la Commission européenne, Ursula von der LEYEN.
Or, le mandat de M. MICHEL court jusque vers la fin de 2024. On pouvait penser qu’au cours d’une année de toutes les incertitudes et de tous les dangers : guerres en Ukraine et au Proche-Orient, retour possible de Donald TRUMP à la Maison-blanche, confrontation avec la Chine (notamment), personne n’aurait eu l’idée saugrenue et irresponsable de démissionner pour se présenter aux élections européennes. M. MICHEL, si. Son étrange plan de carrière consistait à vouloir présider le groupe centriste-libéral au Parlement européen, ce que ses amis politiques belges et européens n’ont pas tardé à exclure explicitement. Selon l’un d’entre eux, « Quand il y a trois options, il choisit toujours la plus mauvaise ».
Nouveau coup de théâtre (de marionnettes), M. MICHEL vient d’annoncer que, tout compte fait, il renonce à se présenter aux élections européennes, en justifiant son retrait par le fait qu’il n’avait « pas prévu les réactions qu’a suscité sa candidature ».
Il aura ainsi beaucoup fait pour sa crédibilité personnelle, désormais voisine de zéro, ainsi que pour le prestige de ses fonctions.
Mais, QD, il n’y a pas que Charles MICHEL qui est tenté ces jours-ci de faire acte de candidature…
…non, et de façon infiniment plus sérieuse, il y a Ursula von der LEYEN elle-même, dont le mandat expire également vers la fin de l’année. Il paraît clair à chacun dans l’Eurobulle bruxelloise et au-delà que vdL, comme on la nomme familièrement, est candidate à sa propre succession, même si elle conserve un mutisme total au sujet de ses intentions. Elle devra cependant composer avec le calendrier, qui a toujours le dernier mot, comme on le sait. La probabilité, c’est qu’elle l’annonce à ses camarades de la CDU, lors d’une réunion du Comité directeur de ce parti le 19 février à BERLIN. Sa candidature serait alors officialisée lors du congrès du Parti populaire européen, dont la CDU est un poids lourd, début mars à BUCAREST.
Coïncidence (non, pas vraiment), Mme von der LEYEN vient de publier la liste des contraintes de stricte séparation entre fonctions et candidature, imposées par la Commission européenne aux commissaires qui seraient tentés de se présenter à une élection.
Enfin, vous voulez nous entretenir d’un pays-candidat à l’adhésion à l’Union européenne dont on ne parle quasi-jamais, c’est bien cela ?…
…et il a fallu une conférence intergouvernementale consacrée à l’adhésion du Monténégro pour que je puisse enfin aborder le sort de ce petit État montagneux des Balkans, fort de ses 626.000 habitants, fiers d’être les seuls au monde à parler le néochtokavien.
Âgé de trente-six ans et diplômé de HEC-Paris, leur Premier ministre, M. Milojko SPAJIĆ, s’est rendu à BRUXELLES pour dire, essentiellement, que son pays est tellement modeste qu’il ne ferait de l’ombre à personne et que, de ce fait, il ne devrait pas y avoir d’obstacles à ce qu’en 2028, il devienne le vingt-huitième État de l’UE.
Pas impossible - pour autant que la Commission européenne renonce à fourrer dans le même sac le Monténégro et tous les autres pays des Balkans, lesquels posent des problèmes économiques, politiques et de respect des valeurs de l’État de droit à une toute autre échelle qu’à PODGORICA (retenez bien le nom de la capitale monténégrine).