La semainière de Quentin Dickinson

Un début d'année 2024 haut en couleur

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Retrouvez chaque semaine la semainière de Quentin Dickinson sur euradio. L'occasion de découvrir la diplomatie et l'actualité européenne sous un nouvel angle.

Alors, QD, avez-vous passé une bonne semaine ?

En tout cas, moins chargée que la semaine précédente. Quoique…Enfin, allons-y, et commençons par la dernière en date des propositions de l’hyper-commissaire européen Thierry BRETON, qui estime que les incertitudes s’amoncellent dans un futur proche pour les pays européens, incertitudes au premier rang desquelles figure l’hypothèse d’une réélection cette année de Donald TRUMP. M. BRETON me rappelait il y a quelques jours une conversation qu’il avait eue il y a trois ans avec l’alors Président des États-Unis, où celui-ci avait prévenu que « si les pays européens étaient attaqués par la Russie, il [était] inutile d’espérer une intervention de WASHINGTON – et d’ajouter : « De toute façon, l’OTAN est morte ». Ne pouvant compter que sur eux-mêmes, dit Thierry BRETON, les pays de l’UE ont donc tout intérêt à se doter d’un Fonds européen d’Investissement pour la Défense, qu’il prévoit à hauteur de 100 milliards d’Euros, qu’on dépenserait principalement par la mutualisation des moyens et le système de commandes groupées, qui a donné des résultats efficaces pour l’approvisionnement des vaccins anti-COVID.

Et, sur un sujet distinct mais voisin, les pourparlers assez pénibles se poursuivent autour de l’aide européenne à l’Ukraine

Vous vous souviendrez que nous avons maintes fois eu à évoquer à ce même micro l’obstruction des Hongrois à cette aide à KIEV.

Or, Viktor ORBÁN tente depuis quelques jours une variante de son habituel chantage aux fonds européens : il serait finalement d’accord pour lever son veto sur les 50 milliards destinés aux Ukrainiens sur cinq ans – à condition que le montant soit revu annuellement, ce qui, évidemment, donnerait un droit de censure permanent au plus poutinophile des dirigeants de l’UE. A mesure que l’on se rapproche du Sommet extraordinaire des chefs d’État et de gouvernement de l’UE le 1er février, le niveau d’agacement monte de plusieurs crans dans les chancelleries.

Vous avez repéré une autre négociation qui patine

C’est celle, en cours depuis deux ans, qui vise à créer un Traité international sur les Pandémies, sous l’égide de l’Organisation mondiale de la Santé, négociation à laquelle l’UE est partie. Il s’agit d’éviter à l’avenir une inégalité entre pays riches et pays pauvres dans l’accès rapide aux vaccins, notamment par une obligation d’échanges de résultats de suivi d’épidémies et de partage de recherches, de façon à éviter la lenteur des mises en œuvre des ripostes.

Mais voilà : la COVID-19 n’est plus qu’un souvenir, les États ont d’autres priorités, l’industrie pharmaceutique défend son pré carré, et personne ne sort du bois, alors qu’il ne reste que deux sessions de négociation d’ici à l’échéance de fin du cycle dans cinq mois. A suivre.

Vous aviez l’intention de nous parler d’ambitions belgo-belges concurrentes, je crois ?

…ambitions qui opposent deux vieux routiers du parti libéral francophone, Charles MICHEL, actuel Président du Conseil européen, et Didier REYNDERS, commissaire européen. Le premier est candidat tête de liste aux européennes et devra se mettre en congé de ses fonctions européennes dès le début de la campagne, et, une fois élu (ce qui ne fait pas de doute), il devra les quitter en juillet. Mais alors, il a trois choix possibles : ou bien tenter d’être le candidat unique de la famille politique libérale européenne au poste de Président de la Commission européenne, ou bien viser un (plus modeste) poste de commissaire européen, ou bien postuler aux fonctions de patron de la diplomatie européenne commune. Dans les deux premiers cas, il barre la route à M. REYNDERS, lequel, en attendant, tente une deuxième fois sa candidature aux fonctions de Secrétaire général du Conseil de l’Europe, organisme assez justement méconnu, n’ayant rien à voir avec l’UE, et basé à STRASBOURG. S’il est nommé cette fois-ci, les journalistes de l’audiovisuel ne se plaindront pas de la simplicité de son nom, eux qui, depuis cinq ans, éprouvent une certaine difficulté à prononcer (et à orthographier) celui de l’actuelle tenante du poste, la Croate Marija PEJČINOVIĆ-BURIĆ.

Et l’on reparle du Brexit, cette série dont on ne se lasse pas, même si l’on en a perdu le compte du nombre de saisons successives

C’est l’histoire, dans les magasins au Royaume-Uni, d’une étiquette apposée sur tous les produits laitiers et la viande d’origine britannique, étiquette sur laquelle on peut lire NOT FOR EU, traduisez : Interdit à l’exportation vers l’UE. L’objectif, c’est d’empêcher l’exportation de ces denrées par l’Irlande du Nord britannique vers la République d’Irlande, membre de l’UE, conformément au Brexit. Mais voilà : les commerçants sont noyés sous les plaintes des consommateurs, convaincus qu’on leur vend des produits d’une qualité inférieure à celle exigée dans l’Union européenne. C’est évidemment faux, mais quelques centaines de milliers d’électeurs pro-Brexit y ont découvert une raison supplémentaire de regretter leur vote.