La semainière de Quentin Dickinson

Des nouvelles de l'Europe

@'Claudio Schwarz sur Unsplash Des nouvelles de l'Europe
@'Claudio Schwarz sur Unsplash

Retrouvez chaque semaine la semainière de Quentin Dickinson sur euradio. L'occasion de découvrir la diplomatie et l'actualité européenne sous un nouvel angle.

Alors, QD, avez-vous passé une bonne semaine ?...

Pas tant que cela, en fait : comme il y a de cela deux semaines lors de la disparition de John BRUTON, je dois vous dire mon affliction à l’annonce, avec un certain retard, de la mort à 99 ans d’Alfred GROSSER, dont on connaît l’arrivée en France à l’âge de neuf ans, avec sa famille, fuyant la persécution nazie dans leur Allemagne natale, puis la carrière exemplaire de chercheur et d’enseignant de l’histoire contemporaine à Sciences-Po à PARIS, chroniqueur régulier aussi dans plusieurs journaux ; mais c’est surtout l’artisan infatigable du rapprochement entre Français et Allemands après 1945 que l’on doit saluer ces jours-ci, une vocation qu’il s’était imposée, lui dont la vision de l’Europe ne s’arrêtait pas au Rhin.

On ne peut ressentir que tristesse et inquiétude de voir ainsi s’effacer, les uns après les autres, tant d’hommes et de femmes qui auront voué leur vie à l’édification en Europe d’un ordre juste, démocratique, solidaire, qui, aujourd’hui, est assailli de l’extérieur et contesté de l’intérieur par un nombre croissant de citoyens inconscients qui en sont pourtant les premiers bénéficiaires.

Et il y a comme cela aussi des dates maudites, comme si l’Histoire voulait discrètement nous mettre en garde contre notre propension à l’autodestruction : ainsi, samedi dernier, nous étions le 24 février, deux ans exactement après le début de l’invasion russe de l’Ukraine et des horreurs indicibles qu’elle engendre chaque jour.

Or, un autre 24 février, en 1920, celui-là, a vu, dans la grande salle de la brasserie Hofbräuhaus à MUNICH, une foule enthousiaste acclamer Adolf HITLER, venu leur annoncer la création du Parti national-socialiste des Travailleurs d’Allemagne. Le nazisme venait de naître.

Revenons à l’actualité – on votait dimanche dernier en Biélorussie, QD ?...

…en Biélorussie, ou les législatives se tenaient en même temps que les municipales. Quatre partis s’affrontaient – enfin, s’affrontaient, façon de parler, vu que les partis d’opposition sont interdits, et que lesdites quatre formations faisaient surtout assaut d’éloges dithyrambiques à l’égard du Président de ce pays, Alexander LOUKACHENKO, au pouvoir de façon ininterrompue, rappelons-le, depuis près de trente ans.

Je ne suis pas en mesure de vous communiquer les choix des quelque six millions d’électeurs biélorusses, étant donné que les résultats ne seront publiés que le 1er mars, histoire pour les autorités de prendre le temps de bien en soigner la présentation.

On notera au passage que, la semaine dernière, les ministres des Affaires étrangères de l’UE – comme ils le font quasi-rituellement et toujours sans résultat - ont redit leur condamnation des violations des libertés et des Droits humains en Biélorussie, ainsi que de l’appui assumé de l’invasion russe de l’Ukraine par les autorités au pouvoir à MINSK.

Rien de plus réjouissant, ces jours-ci ?...

Si, quand même : la Commission européenne salue concrètement les efforts du nouveau gouvernement pro-européen en Pologne pour revenir dans les clous de l’état de droit ; la Commission débloque donc une partie des fonds, gelés en raison de l’intransigeance nationaliste du PIS, parti précédemment au pouvoir.

Autre signe d’un changement d’approche – tardif, mais réel – de la part de l’Union européenne : la Commission est intervenue vigoureusement dans le projet de modernisation du réseau ferroviaire en Bulgarie. Ce chantier très important était estimé à 620 millions d’Euros – mais voilà, l’entreprise ferroviaire d’État chinoise proposait le tout, clefs sur porte et matériel roulant compris, pour 300 millions, dans un montage ou – incroyablement – étaient même incluses des aides européennes. La Commission a gelé les négociations et a lancé une enquête, qui ne pourra que constater que PÉKIN subventionne massivement son industrie et que, dès lors, l’offre si généreuse (et surtout pas désintéressée) des Chinois pouvait être mise à la poubelle. Nouvel échec européen donc pour les Nouvelles routes de la Soie, ce réseau international d’influence économique et politique piloté par la Chine.

Une brève pour terminer, QD ?...

Oui, sur une note plus légère (si l’on peut dire) : n’oubliez pas que ce vendredi 1er mars, vous pourrez, comme tous les Gallois, fêter la Saint-David et leur souhaiter sportivement bonne chance, vu que, dix jours après, dans le cadre du Tournoi de rugby des Six-Nations, leur équipe nationale affronte chez elle, à CARDIFF, rien moins que l’équipe de France. Et on sait à EURADIO avec quelle impatience vous attendez ce choc de titans.

Un entretien réalisé par Laurence Aubron.