Alors, avez-vous passé une bonne semaine ?
Finalement, oui. Ayant appris que la Présidente de la Commission européenne se rendait à BERLIN ‘à titre personnel’, j’aurais commencé la semaine en m’interrogeant sur l’avenir (le sien, pas le mien). Le nom de Mme von der LEYEN, dont le mandat expire vers la fin de l’année prochaine, circule ici déjà comme successeur éventuel du Norvégien Jens STOLTENBERG au Secrétariat général de l’OTAN, ce qui pouvait paraître cohérent, compte tenu de ses fonctions antérieures de Ministre de la Défense de l’Allemagne. Mais cette hypothèse se heurte à une contrainte de calendrier : ou bien M. STOLTENBERG est prolongé dans ses fonctions actuelles, ou bien Mme von der LEYEN écourte les siennes.
Mon enquête se poursuivant, je découvre que les interlocuteurs berlinois de Mme von der LEYEN sont tous de hauts dirigeants de son parti, celui des Démocrates-chrétiens, la CDU, actuellement dans l’opposition au niveau fédéral.
Ceci paraît indiquer que notre amie Ursula se verrait bien succéder à elle-même à la tête de la Commission européenne. Inutile évidemment d’espérer, à ce stade d’une candidature de sa part, un soutien actif du gouvernement allemand ; elle doit donc s’en remettre à la formule du candidat-de-tête, connu sous sa désignation en allemand : Spitzenkandidat.
De quoi s’agit-il ?
Tout simplement, pour chaque famille politique au niveau européen, de désigner d’avance la personne qui sera son candidat (ou sa candidate) à la présidence de la Commission européenne si elle (la famille politique) arrive en tête du nombre de députés élus au Parlement européen.
Or, jusqu’ici, les Démocrates-chrétiens, sous l’appellation un rien trompeuse de Parti populaire européen, le PPE, sont toujours parvenus à constituer, à chaque élection européenne, le groupe parlementaire le plus fourni, devant celui des Sociaux-démocrates.
C’est donc de ses amis politiques dans son pays d’origine que dépend l’avenir européen de Mme von der LEYEN – pour autant que ce soit cette voie-là qu’elle choisisse.
Mais il n’y a pas qu’Ursula qui ait occupé vos pensées cette semaine ?
Non. Il n’y a pas qu’Ursula, il y a aussi le climat. Et les historiens des futures générations retiendront que cette semaine du 17 avril 2023 aura été celle qui a vu l’adoption par le Parlement européen de trois textes qui devraient changer assez radicalement l’empreinte carbone des citoyens de l’Union européenne.
Et, dans le détail, quelles sont ces mesures ?
Commençons par la réforme du Système d’Échange de Droits d’émission : celui-ci déterminera le coût à payer par les automobilistes et par les ménages au titre de leur chauffage.
Ensuite, le Mécanisme d’Ajustement de la Taxe carbone aux frontières : l’objectif, c’est de neutraliser l’avantage dont jouissent actuellement les industriels hors-UE, dont les coûts de production sont moins élevés, en raison d’une réglementation environnementale moins contraignante que celle de l’UE. Enfin, le Fonds social pour le Climat est un nouvel instrument financier, destiné à atténuer l’impact sur les consommateurs de l’UE de la politique européenne de lutte contre le dérèglement climatique.
Et les institutions et agences de l’UE comptent un petit nouveau
En effet, on a inauguré mardi dernier le Centre européen de la Transparence algorythmique, dont la mission consiste à scruter dans le détail les codes et autres bases informatiques profondes des puissantes plateformes qui rodent dans l’Internet, de façon à mettre en œuvre les mécanismes de protection de l’internaute, notamment en décryptant les motivations économiques – voire politiques – qui déterminent ce qui apparaît sur nos écrans… et dans nos têtes. Cette agence de l’UE démarre avec une trentaine d’ingénieurs et de juristes, et, si votre rêve, c’est de contribuer à l’évolution de l’Europe dans un endroit agréable, préparez vos CV, car l’agence est installée à SÉVILLE.
Et qu’avez-vous encore sur votre bloc-notes ?
Dimanche, c’était la Journée mondiale du Livre, qui se tient toujours le 23 avril, au motif (un peu morbide) que c’est la date de la mort de SHAKESPEARE, mais aussi de CERVANTES. C‘est l’occasion pour moi de vous recommander la liste de livres proposée par les stagiaires du Conseil de l’Union européenne, qui, cette année, ont rassemblé des ouvrages en tout genre et rédigés dans toutes les langues de l’UE, autour du thème, cette année, du courage. À trouver sur le site du Conseil.
C’est tout pour cette semaine ?
On a commencé notre tour d’horizon avec l’avenir d’une femme, Ursula ; terminons-le avec celui d’une autre femme, qui cherche le sien : Greta. Greta THUNBERG, bien sûr. Alors, sans nouvelles d’elle depuis quelque temps, vous vous demandiez tous ce qu’elle était devenue. Je peux répondre à cette légitime interrogation : je l’ai entraperçue il y a quelques jours en train de manifester devant l’immeuble de la représentation permanente de la Suède auprès de l’UE, ici à BRUXELLES, contre la gestion forestière de son pays. Je n’ai dénombré qu’une trentaine de militants et deux équipes de télévision, seulement. C’est quand on est tête d’affiche – et très loin de la retraite – qu’il est difficile de le rester. Courage, Greta. On t’aime. Ça va mieux comme ça ?
Entretien réalisé par Laurence Aubron.