La semainière de Quentin Dickinson

La semainière de Quentin Dickinson

Photo de Alexander Shatov sur Unsplash La semainière de Quentin Dickinson
Photo de Alexander Shatov sur Unsplash

Retrouvez chaque semaine la semainière de Quentin Dickinson sur euradio. L'occasion de découvrir la diplomatie et l'actualité européenne sous un nouvel angle.

Alors, Quentin Dickinson, qu’avez-vous retenu de ces jours derniers ?...

Cette semaine, voyez-vous, Laurence, je vous propose de vous arrêter sur quelques éléments biographiques de trois personnages qui ne quittent pas la une de vos journaux et qui, à des titres divers, font l’actualité – ce qui n’est pas toujours la même chose que d’écrire l’Histoire.

Le premier de ces personnages, c’est Elon MUSK.

Et que lui voulez-vous, à cet Elon MUSK-là ?...

Rien de bien, rassurez-vous. Simplement, je suis fasciné – comme nombre de nos auditeurs – je suis fasciné par son obsession de la lettre X, qu’il faut peut-être comprendre comme le chiffre 10 chez les Romains.

Suivez-moi : M. MUSK fait construire une automobile dans ses usines TESLA : il l’appelle la Model X. Il fait lancer des fusées : c’est du pas de tir de sa société, nommée SpaceX. Il rachète le réseau social de microblogage Twitter, qu’il rebaptise aussitôt X. Jusqu’au septième de ses treize enfants, affublé de l’invraisemblable prénom de X Æ A-12 (éventuellement d’ailleurs XII en numération romaine).

Alors, Laurence, une explication pour cette avalanche de Xomanie ? Risquons-en une : en mathématiques, x est une valeur inconnue, parce que variable (un peu comme l’argent) ; et, en droit, X est un délinquant non-(encore) identifié (un peu, prétendront certains, comme Elon MUSK).

Et le deuxième de vos personnages, c’est ?...

…c’est Donald TRUMP. Depuis sa réélection, parmi ses nombreuses et tonitruantes annonces, il en est une qui est un peu passée sous le radar, en tout cas en France : c’est son émouvante déclaration d’admiration pour Charles III, par la grâce de Dieu Roi du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord. M. TRUMP voudrait, dit-il, que son pays, les États-Unis d’Amérique, devienne membre-associé du Commonwealth, ce club informel d’anciennes colonies britanniques. Juridiquement, rien d’impossible : les États-Unis étaient en effet, et jusqu’en 1776, une colonie britannique.

Mais à quoi attribuer cette surprenante ambition ?

Tentons d’étayer une hypothèse : comme les sujets britanniques, les citoyens des pays du Commonwealth (pays dont la plupart reconnaissent le monarque britannique comme chef d’État) peuvent recevoir une décoration honorifique britannique et même être anoblis par celui-ci. Et voilà bien un objectif à la mesure de M. TRUMP : Baron TRUMP (Lord TRUMP au quotidien). Il lui faudra d’abord se choisir un fief : Baron TRUMP du GROËNLAND, cela sonne bien, et ce serait conforme à la tradition des grands chefs de guerre ; il rejoindrait ainsi le Maréchal MONTGOMERY, 1er Vicomte d’el-ALAMEIN ou, bien avant lui, le Duc de WELLINGTON, Prince de WATERLOO. Une ombre au tableau cependant : depuis 1984, en dehors de membres de la famille royale, plus aucune pairie n’est accordée à titre héréditaire.

Il y aurait bien une solution : les baronets, eux, étant tous héréditaires, on pourrait imaginer qu’il plaise à SM le Roi d’adouber à ce titre le président américain – mais il y a gros à parier que celui-ci ne se contenterait pas d’être simplement Sir Donald TRUMP, 1er Baronet, même si Melinda n’aurait jamais imaginé devenir un jour Lady TRUMP, mère prospective du futur 2e Baronet.

A suivre.

Et qui sera la dernière de vos cibles du jour ?...

Ce sera le malheureux Envoyé spécial des États-Unis pour la Paix au Proche-Orient – j’ai nommé M. Steven WITKOFF, promoteur immobilier new-yorkais et initiateur (dit-on) des plans de Riviera gazaouie, qui lui vaut, depuis l’annonce de ce projet, critiques et quolibets.

Dans la foulée de ce premier succès, le voilà chargé d’aller négocier avec Vladimir POUTINE la fin de la guerre en Ukraine.

Des âmes innocentes se sont étonnées de l’alignement affirmé de M. WITKOFF sur les positions du Kremlin ; or, il suffit de potasser le site Ancestry.com pour s’apercevoir que les grands-parents et autres ancêtres de M. WITKOFF étaient tous originaires de Russie.

C’était juste pour dire.

Et voilà donc qui clôt notre saga Trois Personnages en quête d’Honneurs.

Un entretien réalisé par Laurence Aubron.