Bienvenue dans cette édition de « L’Europe au plus près », le journal de la rédaction d'euradio qui fait le point, chaque vendredi, sur l’actualité des différentes institutions de l’Union européenne.
Au programme :
- Des blocages à la frontière ukraino-polonaise
- Une réunion ministérielle de l'OSCE polémique
- Des membres de la société civile serbe pris pour cible par un logiciel espion
Bonjour Joris, démarrons ce journal en nous rendant à la frontière ukraino-polonaise, où des camionneurs polonais bloquent l’entrée en Pologne des camions ukrainiens.
Oui à tel point que pour entrer sur le territoire polonais le temps d’attente est estimé à plus d’un mois selon le journal Libération. Depuis le 6 novembre, des centaines de camions s’amassent en ligne devant les différents postes frontières entre la Pologne et l’Ukraine. La faute à des blocages organisés par des routiers polonais qui ont garé leurs véhicules en biais sur la route, empêchant tout passage.
Les chauffeurs ukrainiens bloqués sont donc contraints d’attendre devant les 4 différents poste frontière pendant plusieurs jours, alors que les températures sur place avoisinent régulièrement les 0 degrés.
Pourquoi les chauffeurs polonais bloquent-ils les routes ?
Pour protester contre une concurrence qu'ils jugent déloyale de la part de leurs homologues ukrainiens. Depuis le début de la guerre, l’Union européenne a mis en place des “couloirs de solidarité” pour faciliter le transit de marchandises et soutenir l’économie ukrainienne grandement touchée par la guerre.
Mais ces mesures sont mal perçues par les chauffeurs polonais. Eux qui détenaient 38% des parts de marchés en 2021 n’en possèdent plus que 8% aujourd’hui. De l’autre côté, les camionneurs ukrainiens, qui n’ont pas à se soumettre aux normes européennes, ont pris le contrôle des 92% de parts restants.
Ces blocages ont été dénoncés avec véhémence par l’Union européenne, qui reproche également à Varsovie de ne pas en faire assez pour débloquer la situation.
Adina Valean, la commissaire européenne chargée des transports juge la situation “inacceptable” déplorant le manque de coopération de la Pologne. L’ambassadeur ukrainien en Pologne, parle lui “d’un coup de couteau dans le dos” de la part des autorités polonaises alors que le gouvernement ultra conservateur du PiS est sur le départ.
Du côté de Varsovie en revanche, on estime que seuls « le gouvernement ukrainien et la Commission européenne détiennent la clé » pour mettre fin aux protestations. Des protestations qui pourraient également s'étendre à la Slovaquie ou un gouvernement très défiant face à l'Ukraine est en poste depuis quelques semaines..
Des tensions loin d être inédites entre le gouvernement polonais et l’Union européenne.
Oui la Pologne est régulièrement pointée du doigt pour son manque de coopération avec les institutions européennes. Une situation qui pourrait bien évoluer dans les prochains mois. Le PIS, parti au pouvoir et chargé de constituer un gouvernement par le président Andrzej Duda, n’a que très peu de chance de le faire approuver par le parlement.
Ce devrait ensuite être au tour de Donald Tusk, ancien président du Conseil européen, de former un gouvernement majoritaire. Cela permettrait probablement de débloquer un dialogue fortement perturbé ces derniers mois entre l’Union européenne et la Pologne et d'aplanir les divergences avec l’Ukraine apparues ces derniers mois.
Poursuivons ce journal en évoquant la réunion ministérielle de l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe qui se tient à Skopje en Macédoine du Nord le 1er décembre.
Ce sommet annuel qui réunit tous les ministres des affaires étrangères États membres de l’OSCE a notamment beaucoup fait parler de par la présence d’une figure controversée : celle de Sergueï Lavrov, le chef de la diplomatie russe. Pour rappel l’OSCE est la dernière organisation européenne auquel appartient encore la Russie. Elle avait été créée pendant la guerre froide pour promouvoir la paix et la sécurité en Europe.
Il a ainsi pu croiser les chefs des diplomaties européennes ainsi que le secrétaire d’État américain Antony Blinken, les États-Unis étant également membre de l’organisation. Il a d’ailleurs déploré le fait que l’OSCE ne serait qu’un “appendice de l’OTAN”.
Sa venue a d’ailleurs suscité bon nombre de polémiques.
Oui, dès l’annonce de sa présence au sommet, les pays baltes ainsi que l’Ukraine ont annoncé boycotter le sommet. Dans une déclaration commune, les trois nations baltes ont expliqué leur volonté de ne pas “légitimer l’agresseur russe en tant que membre à part entière d’une communauté d’États libres”.
Le simple trajet de Sergueï Lavrov entre Moscou et Skopje a également été source d’imbroglio diplomatique.
Tout à fait, pour atteindre la Macédoine, le trajet le plus direct depuis Moscou fait passer les avions au-dessus de la Bulgarie. Or, Sofia a refusé d’ouvrir son espace aérien à l’avion russe. Le vol a finalement été retardé de plusieurs heures avant que finalement le chef de la diplomatie russe n’obtienne le passe droit lui permettant de survoler le pays.
Une décision très critiquée par la porte-parole de la diplomatie ukrainienne Oleg Nikolenko, qui s’est insurgée, je cite, “des signaux envoyés sur la possibilité de revenir aux formes de coopération qui existaient avant février 2022” et le début de la guerre en Ukraine.
Concluons ce journal en Serbie, ou des organisations de la société civile ont été victimes d’un logiciel espion, à quelques semaines des élections législatives.
Oui c’est en tout cas ce que révèle l’association Amnesty International. Plusieurs représentants de la société civile serbes auraient reçu une notification sur leur téléphone les alertant sur la présence de logiciels “d’attaque soutenu par un État”.
Connaît-on l’instigateur de cette attaque ?
Pas encore, mais il est très probable que le logiciel utilisé soit le logiciel-espion Pegasus, créé par le groupe israélienne NSO. Un programme informatique déjà connu du grand public, puisque son rôle dans la surveillance de plusieurs personnalités politiques de onze États différents avait été dévoilé par un consortium de journalistes en 2021. Il permet entre autres d’accéder au microphone, à la caméra ou encore aux messages de l’appareil touché.
Ce n’est pas la première fois que ce logiciel est utilisé en Europe.
Non, il avait notamment été utilisé sur le président français Emmanuel Macron et certains membres de son gouvernement dont Edouard Philippe. Plusieurs journalistes anglais ont également été pris pour cible à l’aide de ce logiciel par les Emirats Arabes Unis.
Enfin, la Hongrie, qui comme la Serbie est régulièrement pointé du doigt pour ses manquements à l’État de droit, s’en serait également potentiellement servi pour espionner des opposants politiques.
Un journal de Joris Schamberger et Thomas Kox.