À l’approche de l’hiver, rhumes et toux se multiplient… tout comme les ordonnances. En pharmacie, il n’est pas rare de voir des antibiotiques délivrés pour de simples symptômes viraux. Pourtant, ces médicaments ne sont efficaces que contre les bactéries, pas contre les virus.
En France, les habitudes ont la vie dure. Le pays est aujourd’hui le deuxième plus gros consommateur d’antibiotiques en Europe. L’an dernier, plus de 27 millions de Français en ont reçu, soit près de 40 % de la population. Une surconsommation qui inquiète les professionnels de santé, car elle accélère l’antibiorésistance : des bactéries deviennent résistantes, rendant certains traitements inopérants.
Pour le professeur Yves Hansmann, infectiologue au CHU de Strasbourg, ces prescriptions inutiles s’expliquent autant par les réflexes médicaux que par la pression des patients, souvent rassurés par un traitement jugé « fort ». Les pharmaciens observent le même phénomène, notamment en période hivernale, avec des antibiotiques encore prescrits pour des bronchites le plus souvent virales.
Informer, expliquer, accepter parfois de ne pas être traité immédiatement : un changement de regard nécessaire. Car à force d’en abuser aujourd’hui, le risque est clair — demain, même les infections les plus banales pourraient ne plus se soigner.
