Échos d'Europe

La Commission accélère sur l’Union de l’épargne et des investissements

© European Union, 2023 - EC - Audiovisual Service (Le 19 mars, la Commission a présenté sa stratégie pour mieux orienter l’épargne vers l’investissement en Europe : Maria Luís Albuquerque à gauche, commissaire chargée des services financiers.) La Commission accélère sur l’Union de l’épargne et des investissements
© European Union, 2023 - EC - Audiovisual Service (Le 19 mars, la Commission a présenté sa stratégie pour mieux orienter l’épargne vers l’investissement en Europe : Maria Luís Albuquerque à gauche, commissaire chargée des services financiers.)

Michel Derdevet, président du think tank Confrontations Europe revient dans cette chronique hebdomadaire sur les dernières publications de son organisation, notamment de sa revue semestrielle. Énergie, numérique, finances, gouvernance européenne, géopolitique, social, les sujets d'analyse sont traités par des experts européens de tout le continent dont le travail est présenté par Michel Derdevet.

Dans notre dernière revue, Confrontations Europe a publié un article intitulé « La Commission accélère sur l’Union de l’épargne et de l’investissement », rédigé par Olivier Marty, économiste. Ce texte met en lumière la volonté de la Commission européenne de relancer l’intégration financière européenne, en articulant épargne privée, financement de l’investissement et supervision commune.

Pourquoi la Commission européenne relance-t-elle activement le projet d’Union de l’épargne et de l’investissement (UEI) ?

Cela fait une dizaine d’années que les avancées sont très lentes alors que l’urgence est croissante d’unir les marchés financiers européens. Les besoins massifs d’investissement, notamment dans la transition écologique, le numérique ou la défense, nécessitent un financement mieux structuré. Le projet répond aussi à des enjeux d’innovation, qui dépend d’un accès accru aux fonds propres. Une étude du FMI montre que les barrières financières en Europe équivalent à des droits de douane de 100 %, révélant l’ampleur des blocages. La sous-performance économique de l’UE est également liée à l’inefficacité de son intermédiation financière. La Commission veut désormais structurer les efforts, faire preuve de pédagogie et coordonner l’action des États membres.

Quels sont les quatre axes prioritaires identifiés par la Commission dans sa stratégie pour 2027 ?

Le premier est de favoriser la participation des particuliers aux marchés financiers, en développant des produits d’épargne adaptés et en renforçant les compétences financières. Le deuxième est de diversifier les sources de financement des entreprises, en mobilisant les investisseurs institutionnels et en ajustant la fiscalité pour encourager la prise de risque. Le troisième est d’intégrer les marchés pour générer des effets d’échelle, via la suppression d’obstacles réglementaires et la promotion des fusions transfrontalières. Le quatrième est de rapprocher les systèmes de supervision, en renforçant la coopération entre autorités nationales et en transférant progressivement certaines compétences à l’ESMA, l'autorité de régulation et de surveillance des marchés financiers de l'UE.

Quels obstacles freinent la mise en œuvre de l’Union de l’épargne et de l’investissement et comment la Commission entend-elle les surmonter ?

Le projet fait face à des obstacles techniques, réglementaires et politiques. La fragmentation des marchés, la diversité des régulations et les réticences des États à abandonner des compétences freinent l’intégration. La Commission adopte donc une méthode plus graduelle et pragmatique. Elle mise sur la concertation, le benchmarking des meilleures pratiques, et une pédagogie renouvelée sur les bénéfices de l’UEI. Elle respecte aussi le principe de subsidiarité, pour éviter une centralisation brutale. Cette approche vise à construire progressivement le consensus entre les États membres, sans bloquer le processus.

Quel lien la Commission établit-elle entre l’UEI et la relance de l’Union bancaire ?

La Commission considère que l’Union de l’épargne et de l’investissement ne peut fonctionner sans une Union bancaire solide. Elle veut donc relancer deux chantiers complémentaires : la finalisation du paquet CMDI pour mieux gérer les crises bancaires, et le mécanisme européen de garantie des dépôts (EDIS), longtemps bloqué. Ces mesures visent à protéger les épargnants, renforcer la confiance dans le système bancaire européen et sécuriser les marchés financiers. En liant ces deux volets, la Commission cherche à bâtir une architecture financière cohérente et résiliente pour l’Union européenne.

Un entretien réalisé par Laurence Aubron.