Les femmes ou les "oublis" de l'Histoire

Dihya, l'une des premières féministes de l'Histoire

© Teamcolibri.org Dihya, l'une des premières féministes de l'Histoire
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Avec sa chronique Les femmes ou les "oublis" de l'Histoire, Juliette Raynaud explore "les silences de l'Histoire" (Michelle Perrot) et nous invite à (re)découvrir notre matrimoine oublié, une histoire après l'autre...

Vous connaissez Dihya ? Considérée comme l’une des premières féministes de l’Histoire (par Gisèle Halimi par exemple), cette guerrière berbère du 7e siècle unifia la résistance contre les armées de l’empire omeyyade avant de mourir au combat.

Elle est aussi connue sous le nom de Kahina, en arabe.


En 686, Dihya prend la tête de la résistance berbère à la conquête musulmane de l’Afrique du Nord. Alors que les armées omeyyades abordent l'Afrique du Nord, elle organise la résistance berbère, unifie de nombreuses tribus et inflige aux envahisseurs arabes deux cuisantes défaites.

Sa première bataille a lieu à Meskiana. Appelée "bataille des chameaux", c’est aussi sa première victoire militaire. De nuit, l’armée de Dihya se dissimule dans la montagne et prend en embuscade les troupes ennemies.

Après sa seconde victoire en 695, Dihya règne sur l’Ifriqiya, un royaume d’Afrique du Nord, des montagnes de l’Aurès aux oasis de Gadamès (comprenant la Tunisie, l’est de l’Algérie, l’ouest de la Libye) pendant plus de 5 ans. Elle ne mène aucune représailles contre les musulmans.

Consciente que l'ennemi est très puissant, et va revenir, Dihya pratique la politique de la terre brûlée en vue de dissuader l’envahisseur de s’approprier les terres. Cette politique a pour effet de perdre le soutien d’une partie de son peuple, les sédentaires et les habitants des oasis, sans pour autant décourager les armées arabes.

En 703, Hassan Ibn Numan revient à l’assaut avec des renforts du calife Abd Al-Malik qui lui accorde plusieurs milliers de guerriers avec pour but de reconquérir l'Ifriqiya. Elle meurt au combat.

Cheffe militaire, héroïne berbère, figure de la résistance, Dihya nourrit les légendes et les archives sont rares. Elle est aussi connue sous le nom de Kahina, son nom arabe.

Symbole de la lutte pour l’indépendance à l’identité plurielle, Gisèle Halimi la considère comme l’une des premières féministes de l’Histoire et lui consacre un livre en 2006.

Une statue à Baghaï, en Algérie, lui rend femmage.

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