Les femmes ou les "oublis" de l'Histoire

Ruby Bridges, la petite fille du tableau de Norman Rockwell

Ruby Bridges, la petite fille du tableau de Norman Rockwell

Avec sa chronique Les femmes ou les "oublis" de l'Histoire, Juliette Raynaud explore "les silences de l'Histoire" (Michelle Perrot) et nous invite à (re)découvrir notre matrimoine oublié, une histoire après l'autre...

Vous connaissez Ruby Bridges ?

C’est elle la petite fille escortée sur le chemin de l’école par 4 agents fédéraux dans le célèbre tableau de Norman Rockwell « The problem we all live with » qui date de 1964.

Ruby Bridges fut la première enfant noire à aller dans une école de Blanc·hes, l’école élémentaire William Frantz, à la Nouvelle Orléans.

Ruby naît en 1954 à Tylertown, dans le Mississippi, avant d'emménager à la Nouvelle Orléans en 1958. Ses parents répondent à un appel à volontaires pour participer à la déségrégation des écoles publiques de la ville conformément à l'arrêt de 1955 de la Cour Suprême des Etats-Unis (Brown v. Board of Education) qui déclare la ségrégation scolaire inconstitutionnelle.

Les États du Sud manœuvrent pour en empêcher l’effectivité mais Ruby est inscrite à l’école publique élémentaire William Frantz.

Le 14 novembre 1960, c’est son premier jour d'école. Nombreux·ses sont les opposant·es à l’égalité postés sur le trajet. La police locale et la police de l’État refusent de l’escorter. C’est la police fédérale (US marshall) qui s’en charge. Sous les insultes et les tomates d’une foule raciste déchaînée, Ruby, 6 ans, va à l'école.

Cette année-là, seulement 137 familles acceptent d’inscrire leurs enfants noir·es dans des écoles de Blanc·hes. Ruby Bridges est une des 4 enfants à s'y rendre effectivement.

Quand elle arrive à l’école, des parents blancs repartent avec leurs enfants et les enseignant·es refusent de la prendre en classe. Seule Barbara Henry accepte. Pendant un an, elle n’eut qu’une seule élève.

Chaque jour, les foules racistes continuent de se réunir devant l’école, lui jettent des tomates, parfois même des accessoires explicites comme un petit cercueil contenant une poupée noire…

Malgré la peur, les menaces et les représailles, Lucille Bridges, la mère de Ruby, continue de l'envoyer à l'école. Même quand l’épicerie locale refuse de lui vendre des produits. Même quand Abon, le père de Ruby, est licencié du National Park Service. Même quand la situation a finalement raison de son mariage.

Quand Ruby entre au collège, il y a 8 enfant noir·es en CP à l’école William Frantz.

En 1999, Ruby Bridges crée une fondation pour lutter contre le racisme.

« Le racisme est une maladie d'adulte et nous devons cesser d'utiliser nos enfants pour la propager »

Une école élémentaire à Alameda en Californie porte son nom.

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