L'éco de Marc Tempelman

Pourquoi il faut sortir du cash

@Ibrahim Rifath sur Unsplash Pourquoi il faut sortir du cash
@Ibrahim Rifath sur Unsplash

Chaque semaine sur euradio, retrouvez Marc Tempelman, le cofondateur de l’application d’épargne gratuite Cashbee, qui traite les sujets et les actualités de la finance.

Nous accueillons Marc Tempelman, le cofondateur de l’application d’épargne gratuite Cashbee. Nous discutons toutes les semaines de finance. Bonjour Marc, de quoi allons-nous parler aujourd’hui ?

Bonjour. Je voulais vous parler de nos liquidités, de notre cash. Car les Français·es en mettent beaucoup de côté et n’en investissent qu’une partie modeste. Et avec les taux d’intérêts qui ont fortement augmenté, qui pourrait les blâmer ? Le Livret A verse aujourd’hui 3% d’intérêts et les meilleurs livrets bancaires proposent des taux de 4% ou même mieux pendant quelques mois. Le tout sans risques.

Je sens qu’il y a un mais !

Oui, il y en a même deux. Premièrement, il faut se rendre compte du coût d’opportunité qu’entraîne cette stratégie de placement ultra prudente. Je vais enfoncer une porte ouverte, mais en choisissant - de façon consciente ou non - de mettre son épargne sur un livret bancaire, vous optez pour une alternative sans risques et toujours disponible certes, mais qui peut vous faire passer à côté de rendements bien meilleurs. Ainsi, la bourse américaine a monté de 20% l’année dernière. Et l’indice technologique du Nasdaq a même pris 40% en un an.

D’accord, mais en 2022 les bourses mondiales avaient fortement chuté et on peut comprendre qu’un·e investisseur·euse particulier·ère ne souhaite pas prendre autant de risques d’une année sur l’autre.

Vous avez raison de le souligner. Surtout que le contexte macro-économique présente de nombreuses incertitudes, avec de nombreux conflits et tensions dans le monde et plusieurs élections cruciales à venir, dont notamment l’élection du prochain président américain.

Donc faire travailler son épargne sur un Livret bancaire à 3 ou 4%, ce n’est pas si mal.

C’est le second “mais” que je souhaite vous soumettre. Les épargnant·es ont vu leur cash être plutôt généreusement rémunéré l’année dernière. Les banques ont effectivement été nombreuses à relever le niveau des intérêts qu’elles versent sur leurs livrets et autres comptes à terme. Mais elles peuvent tout aussi facilement les réduire à nouveau. Et il est probable qu’elles le feront dans le courant de 2024. En ligne avec la probable réduction des taux directeurs par la BCE, une fois que la banque centrale aura vaincu l’inflation qui est en train de retomber.

Dans le langage technique, il faut se méfier du biais historique, qui fait qu’on pourrait se dire que les taux vont rester élevés, tout simplement parce qu’ils l’étaient l’année dernière.

Mais il faut bien avoir une épargne de précaution, disponible immédiatement pour faire face aux dépenses inattendues ?

Oui vous avez raison, et nous avons pu en parler lors d’un édito précédent. Mais une fois cette poche d’épargne d’urgence constituée, il s’agit de faire travailler l’épargne supplémentaire en recherchant des rendements plus élevés. Surtout que les intérêts que vous pouvez trouver actuellement sur des livrets bancaires risquent de baisser dans les mois à venir.

Très bien. Quels investissements faut-il aller chercher avec cette épargne à long terme ?

Cela dépend évidemment de votre goût pour le risque et de votre lecture de l’environnement. Soit vous êtes plutôt pessimiste et vous pensez que les banques centrales devront significativement réduire les taux directeurs afin de stimuler l’économie. Alors, vous estimez que la rémunération bancaire va en effet tomber très vite. Vous devriez considérer un investissement de type obligataire, car le prix des obligations monte quand les taux baissent.

Ou alors vous êtes plutôt optimiste et vous pensez que l’économie va rebondir. Dans ce scénario plus rose, les actions des entreprises devraient en bénéficier et un investissement dans un panier d’actions diversifiées peut faire sens.

Est-ce que les investisseurs professionnels partagent votre analyse ?

Il faut croire que oui. La banque américaine Bank of America sonde tous les mois les investisseurs institutionnels à travers le monde et en décembre dernier ne détenait que 4,5% de leurs portefeuilles de placement en cash. Ce qui constitue le niveau le plus bas depuis plus de deux ans.