L'éco de Marc Tempelman

Nouveau record du Nikkei

©Ryoji Iwata sur Unsplash Nouveau record du Nikkei
©Ryoji Iwata sur Unsplash

Chaque semaine sur euradio, retrouvez Marc Tempelman, le cofondateur de l’application d’épargne gratuite Cashbee, qui traite les sujets et les actualités de la finance.

Nous accueillons Marc Tempelman, le cofondateur de l’application d’épargne gratuite Cashbee. Nous discutons toutes les semaines de finance. Bonjour Marc, de quoi allons-nous parler aujourd’hui ?

Bonjour. Je vous propose de parler du Japon et plus particulièrement de son indice boursier, le Nikkei. Car figurez-vous que vendredi dernier, cet indice a atteint un niveau record.

Qu’est ce record a de si extraordinaire ?

Tout d’abord, le précédent record date de décembre 1989. Dit autrement, si vous aviez acheté des actions japonaises il y a 34 ans, ce n’est que la semaine dernière que vous auriez retrouvé votre niveau d’entrée.

Le marché actions japonais est passé par une phase difficile, après que la bulle immobilière a éclaté violemment il y a trois décennies. L’indice était à 37 000 points. Il est tombé en dessous des 10 000 points. Une chute de plus de 75%.

L’éclatement de la bulle immobilière explique la chute. Qu’est ce qui peut expliquer la remontée des cours de bourse depuis 2013 ?

C’est sans doute la combinaison de multiples facteurs qui ont permis à la bourse de Tokyo de reprendre des couleurs. Parlons d’abord de gouvernance. Pendant très longtemps les grandes entreprises japonaises détenaient des participations les unes dans les autres. Les intérêts des actionnaires n’étaient souvent pas la priorité des dirigeants, plus soucieux à se protéger entre eux.

Pour illustrer ce phénomène, sachez que les plus grandes sociétés cotées avaient pour habitude d’organiser leurs assemblées générales exactement au même moment. Un actionnaire possédant des actions dans plusieurs entreprises ne pouvait alors interroger qu’une seule équipe de dirigeants.

Qu’est-ce qui a changé ? La réglementation ?

Oui. Mais pas que. D’un point de vue réglementaire, les sociétés cotées dont les valorisations sont inférieures à leur valeur comptable sont menacées d’être dé-listées par les autorités boursières. Mais le changement est culturel aussi. Les dirigeants des entreprises commencent enfin à déployer leurs trésoreries pour verser des dividendes et racheter leurs propres actions. En 2022, les sociétés japonaises ont racheté pour 70 milliards de Dollars de leurs actions, un plus haut depuis 16 ans.

Ce qui a sans doute un impact favorable sur les cours de bourse, je présume ?

Exactement. Des entreprises qui deviennent plus efficaces, et qui prennent des décisions en faveur des actionnaires sont susceptibles d’attirer les investisseurs. Et c’est le second phénomène important : l’implication grandissante des investisseurs étrangers.

Oui, je crois même que l’investisseur légendaire et milliardaire Warren Buffet s’est intéressé au Japon ?

Oui, vous avez raison. Buffet a bien suivi les changements fondamentaux au Japon. Il a bien vu aussi que la déflation, dont l’économie japonaise avait si longtemps souffert, avait disparu. Il a donc investi 20 milliards de Dollars à lui seul pour prendre des parts minoritaires dans 5 sociétés japonaises.

Et il ne doit pas être le seul ?

Non, même s’il était parmi les premiers à avoir identifié l’opportunité. Mais depuis, le mouvement a pris de l’ampleur. Le Ministère des Finances japonais indique que depuis le début de l’année 19 milliards de Dollars en provenance d’investisseurs internationaux ont été investis en actions japonaises. Ce qui explique en partie pourquoi le Nikkei a pris presque 12% depuis le début de l’année.

Pourquoi un intérêt si fort ?

Au-delà de la profitabilité grandissante des grandes entreprises japonaises, il y a deux facteurs supplémentaires à souligner. Premièrement la devise locale, le Yen, est en baisse par rapport au Dollar ou à l'Euro. Ce qui fait qu’il est relativement moins cher pour les étrangers d’acheter des valeurs japonaises. Et enfin, il y a le contexte géopolitique qui favorise le Japon. Car les tensions entre la Chine et les États-Unis favorisent l’attractivité du secteur technologique et la production de semi-conducteurs japonais.