Nous accueillons Marc Tempelman, un des co-fondateurs de la FinTech Cashbee, qui aide les Européens à épargner plus et mieux. Nous discutons toutes les semaines de finance.
Cette semaine, avec Marc Tempelman nous parlons de Warren Buffett, un des hommes les plus riches du monde. Il a constitué sa fortune en investissant intelligemment pendant des décennies.
Oui, en tant qu’intervenant sur euradio qui parle de finance, je me devais de saluer un des plus grands investisseurs de l’histoire. Surtout que Warren Buffett adore partager son expertise et aime le faire dans des termes simples. Il vulgarise la finance comme peu d’experts savent le faire.
Très bien. Alors comment faire pour parler avec Buffett et obtenir ses recommandations en finance ?
Alors, il y a deux façons de faire. Soit, vous êtes milliardaire comme lui. Vous pouvez donc acheter un déjeuner avec Warren Buffet, qu’il met aux enchères chaque année au profit d’une fondation. En 2019, ce lot est parti pour 4,56 millions de dollars.
Soit vous lisez sa lettre aux actionnaires, qu’il rédige tous les ans avec son associé de longue date, Charlie Munger. Il la publie en préambule du rapport annuel de Berkshire Hathaway, la société d’investissement qu’il contrôle avec son associé de longue date Charlie Munger. Cette lettre est accessible en ligne, gratuitement, et depuis belle lurette.
Je pense que nous allons pencher pour cette seconde option. En quoi est-elle si intéressante cette lettre ?
Premièrement, elle est écrite dans un langage très simple et direct. Buffett a expliqué pourquoi cela lui tenait à cœur. Il déclare dans sa lettre de 1979 : “Quand vous recevez une communication de notre part, elle proviendra du gars que vous payez pour gérer l’entreprise. Votre Président est fermement convaincu que les propriétaires ont le droit d’entendre directement de la part du PDG ce qu’il se passe au sein de l’entreprise, comment il évalue l’activité, dans le présent et pour le futur.”
On s’écarte un peu des rapports annuels classiques remplis de chiffres, de termes juridiques et de données comptables, que nous sommes peu nombreux à comprendre.
Exactement. Buffett indique dans ses lettres ce qui a bien fonctionné, mais aussi les erreurs, plutôt rares, qu’il a pu faire. Il se méfie d’ailleurs des manipulations comptables que des entreprises pourraient vouloir adopter dans la façon de présenter leurs résultats financiers. En 1992 il écrit : “les dirigeants qui réfléchissent aux sujets comptables ne devraient jamais oublier une des devinettes favorites d’Abraham Lincoln : ‘Combien de pattes a un chien, si vous appelez sa queue une patte ?’ La réponse : Quatre. Ce n’est pas parce que vous appelez une queue une patte qu’elle en devient une.”
C’est ce qui explique que Buffett n’a pas beaucoup souffert durant la crise financière de 2008. Comme Charlie Munger et lui ne comprenaient pas les rapports annuels des banques et leurs activités en produits dérivés notamment, ils ne possédaient pas d’actions de ces établissements quand elles se sont effondrées.
Ce n’est pas lui qui à décrit les produits financiers complexes comme des armes de destruction massive d’ailleurs ?
Si, tout à fait. Mais il a aussi écrit que pour un investisseur il s’agit « d’être prudent quand les autres sont gourmands, et gourmand quand les autres sont prudents ». Suivant sa propre règle, il a donc investi massivement dans des banques en 2009, quand celles-ci étaient au tapis. En vendant ces positions quelques années plus tard, il a réalisé plusieurs dizaines de milliards de profits.
Il a énoncé d’autres grandes maximes qui pourraient être utiles aux investisseurs qui nous écoutent ?
Oui, un très grand nombre même. Il y en a deux que j’aime beaucoup.
La première est “On ne voit qui s’est baigné nu, que quand la mer se retire.” Par cette phrase il rappelle que dans un marché haussier, l’investissement paraît facile, puisque la plupart des actions montent. Ce n’est que quand l’environnement de marché devient plus difficile, qu’on sait si on a fait les bons placements.
La seconde est “il ne faut jamais demander à un coiffeur si on a besoin de se faire couper les cheveux”. Dit autrement, en matière d’investissement, il est bon de prendre conseil, mais il ne faut jamais oublier les motivations de la personne qui vous les donne. Les conseillers en investissement et autres banquiers auront tendance à vouloir vous vendre des placements qui leur rapporteront des commissions. Il s’agit donc de toujours prendre un peu de recul et former ses propres opinions.
Warren Buffet est très pratique et concret en effet. Une dernière recommandation de ce nonagénaire jovial, pour conclure ?
Avec plaisir. Warren Buffet, je cite, « ne se préoccupe pas des dos-d’ânes ». Pour lui, ce qui compte, ce sont les résultats à long terme. Il prône donc la patience et sait très bien que – et je cite à nouveau – “c’est seulement dans les présentations des banques que les revenus augmentent pour l’éternité.” Dans des placements en bourse, il y a des hauts et des bas, mais si votre analyse est solide, sur le long terme, vous serez gagnants. Cette approche a bien marché pour Buffett !
Interview réalisée par Laurence Aubron
Toutes les éditos de Marc Tempelman sont à retrouver juste ici
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