L'éco de Marc Tempelman

Les animaux en finance - L'éco de Marc Tempelman

Les animaux en finance - L'éco de Marc Tempelman

Nous accueillons Marc Tempelman, un des co-fondateurs de la FinTech Cashbee, qui aide les Européens à épargner plus et mieux. Nous discutons toutes les semaines de finance. 

Je vous propose de parler aujourd’hui du rôle que jouent les animaux en finance. Car pour un domaine aussi froid et aussi rationnel que la finance, les références aux animaux de toutes sortes sont très nombreuses.

Alors j’imagine que vous allez tout d’abord nous parler des Bulls et des Bears, dont on entend si souvent parler quand on nous commente les séances à la Bourse ?

Oui, c’est un excellent point de départ. Commençons par la catégorie des mammifères terrestres. Dans cette catégorie, les Bulls (les taureaux en français) vont effectivement de pair avec les Bears, c’est-à-dire les ours. Les premiers sont convaincus que les marchés vont monter et voient le verre à moitié plein. Ils sont susceptibles de vous encourager à investir avec les commentaires « bullish ». À l’inverse, les ours sont beaucoup plus méfiants, et estiment que la prochaine crise se profile à l’horizon. Il serait donc bon de vendre, ou à minima de se protéger contre un prochain retournement de marché.

Quels autres mammifères ont une signification particulière en finance ?

Alors il y a aussi le chien. En finance de marché un « dog » ne signifie pas le meilleur ami de l’homme, mais désigne un titre ou une opération dont les performances sont particulièrement désastreuses. Un titre dont le cours dégringole après son introduction en bourse sera appelé un « total dog », ou « un chien complet » en très mauvais franglais.

Sans aucun rapport avec ce qui précède les Kangourous et les Pandas font également leur apparition dans le lexique du financier. Les premiers désignent les obligations émises par des sociétés étrangères en Australie, le second, selon le même principe, des obligations émises par des entreprises non-Chinoises, libellés en Yuan et visant les investisseurs Chinois.

Très bien. Qu’en est-il des poissons et du monde marin ?

Alors nous pouvons commencer par une première référence très facile, puisqu’on traite bon nombre de financiers et de banquiers de requins, toujours à la recherche de profits. En tant qu’ancien banquier, je tiens à préciser que des requins, on en trouve partout et pas qu’en finance.

Mais on pourrait aussi parler de la baleine. Ce terme désigne les rares financiers ou traders qui réussissent à prendre une telle part de marché qu’ils deviennent quasi-incontournables dans leur domaine. Leurs positions sont tellement importantes que les baleines arrivent à modifier les cours dans le marché dans lequel ils opèrent. Un certain Bruno Iskil a ainsi longtemps porté le nom de « London Whale », tellement sa présence dans le domaine obscur des dérivés de crédit était manifeste. Jusqu’au jour où ses tactiques agressives ont fait perdre plusieurs milliards à sa banque. Plus récemment, une autre baleine, le très mystérieux Satoshi Nakamoto, l’inventeur présumé du Bitcoin est apparue.

Super. Et est-ce qu’en finance il y a de la place pour les oiseaux ? Dit autrement, est-ce que les noms d’oiseaux fusent ?

Il y en a moins, mais ils jouent un rôle crucial. En effet, on fait référence aux Doves – les colombes – et aux Hawks – les aigles – pour désigner les représentants de deux bouts du spectre en matière de politique monétaire. Les colombes, sont ceux qui favorisent la stimulation de l’économie, typiquement à travers une politique de taux bas, voir négatifs. Et ces colombes font face aux aigles pour qui la lutte contre l’inflation est l’objectif principal. Cette lutte se traduit typiquement par des taux d’intérêts élevés, afin de freiner une croissance économique qui risquerait de s’emballer. Sans surprises, aujourd’hui, ce sont plutôt les colombes qui occupent la scène.

Au passage, je signale que leurs cousins les pigeons désignent en finance et en France tous ceux qui pensent se faire avoir et, pour rester dans le monde animalier, financièrement plumer.

Avons-nous laissé de côté des animaux particuliers dont vous souhaitez-nous parler dans les quelques secondes qui nous restent ?

Eh bien, comme vous le savez, les financiers manquent de tout sauf d’imagination. Il n’est donc pas surprenant de voir que même des animaux imaginaires ont pu rentrer dans le lexique des spécialistes financiers. La plus connue de toutes est la licorne, qu’en tant que fondateur d’une FinTech je me dois de citer.

Ce terme désigne une jeune entreprise dont la vitesse de croissance est tellement élevée qu’elle peut lever des dizaines, voire des centaines de millions d’euros pour financer son expansion, parfois sans encore avoir pu être profitable. Si elles effectuent ces levées de capitaux à des conditions qui leur donne une valeur théorique d’au moins un milliard d’euros, alors il s’agit d’une licorne. En France, BlaBlaCar ou encore Doctolib font parties de ce club très restreint.

crédits photo: Gerd Altmann