Chaque semaine sur euradio, retrouvez Marc Tempelman, le cofondateur de l’application d’épargne gratuite Cashbee, qui traite les sujets et les actualités de la finance.
Nous accueillons Marc Tempelman, le cofondateur de l’application d’épargne gratuite Cashbee. Nous discutons toutes les semaines de finance. Bonjour Marc, de quoi allons-nous parler aujourd’hui ?
Bonjour. Entre 2020 et 2022, pendant les périodes de confinement notamment 800 000 particuliers français se sont mis à investir pour la première fois de leur vie. L’Organisation de Coordination et de Développement Économiques, qu’on désigne aussi par son acronyme OCDE, vient de publier les résultats de leur analyse de ces nouveaux investisseurs français. Certaines de ses conclusions peuvent faire sourire, mais le constat global est alarmant.
Qu’est-ce que l’OCDE a voulu mesurer ?
L’organisme a tout d’abord voulu en savoir plus sur ces nouveaux investisseurs. Et en occurrence ils sont plutôt jeunes, maîtrisent les outils digitaux et préfèrent décider de façon autonome. Mais sont-ils à l’aise en finance et suffisamment renseignés pour comprendre les placements qu’ils achètent ?
Selon cette étude, quelles sont les réponses à ces questions ?
Le premier constat est que ces nouveaux investisseurs se sentent plutôt, voire très à l’aise en matière de finances personnelles et d'investissement. Seul un tiers d’entre eux pense mal ou très mal comprendre les placements financiers, alors qu’ils sont 66% à estimer s’y connaître assez bien ou même très bien.
Parmi les personnes interrogées, les jeunes, âgés de 18 à 34 ans, sont les plus confiants. Dans cette tranche d’âge, trois-quarts des répondants se qualifient eux-mêmes comme étant plutôt ou très à l’aise en finance. Ce sont également ces jeunes qui investissent dans les placements les plus risqués, comme par exemple les actions d’entreprises non cotées (87 %) ou encore les crypto-devises.
Il y-a-t-il une différence entre les répondants féminins et masculins ?
Oui. 70 % des hommes estiment très bien s’y connaître, contre seulement 62% des femmes. Selon de nombreuses études de ce type, cela illustre surtout le fait que les hommes ont statistiquement plus de mal à avouer ne pas connaître la réponse à une question qu’on leur pose.
Bien. Donc les nouveaux investisseurs s’estiment plutôt compétents en moyenne. Ont-ils raison d’être aussi confiants ?
C’est là où les choses se compliquent. Car les chercheurs de l’OCDE leur ont soumis un quiz de 6 questions relativement simples, afin de tester leurs connaissances basiques en finance. Et les résultats sont édifiants … et alarmants !
Je comprends que les résultats tendent à prouver que leur culture financière n’est pas aussi grande qu’ils le pensent. Mais avez-vous quelques chiffres à partager avec nous ?
Oui. Pour commencer, en moyenne, les nouveaux investisseurs n’ont répondu correctement qu’à trois des six questions qui leur ont été posées. Seul un peu plus du tiers des sondées a répondu correctement à quatre questions ou plus.
Pire, parmi les nouveaux investisseurs qui pensent très bien s’y connaître en finance, plus du tiers (34 %) n’a su répondre correctement qu’à une seule question sur six !
Enfin, ce sont les jeunes investisseurs, qui investissent dans les actifs les plus risqués, qui font partie de ceux qui se trompent le plus.
Le mot de la fin ?
Penser bien s’y connaître en finance, alors qu’on ne maîtrise pas certains concepts fondamentaux dans la réalité est évidemment très dangereux pour les épargnants interrogés.
Ces nouveaux investisseurs font des placements qu’ils ne comprennent pas bien, en prenant trop de risques, sans s’en rendre compte.
Cette étude fascinante souligne une fois de plus que nous manquons de culture financière, qu’il serait probablement utile d’enseigner à l’école, comme c’est le cas ailleurs.
Un entretien réalisé par Laurence Aubron.