Nous accueillons Marc Tempelman, un des co-fondateurs de la FinTech Cashbee, qui vous aide à épargner plus et mieux, via son application d’épargne simple et sécurisée. Nous discutons toutes les semaines de finance. Bonjour Marc, de quoi allons-nous parler aujourd’hui ?
En temps de crise économique, je pensais qu’il pouvait être intéressant de s’intéresser aux sociétés à qui le virus et le confinement ont fait du bien. A ceux qui se sont renforcés et qui sont devenus encore plus dominants qu’ils ne l’étaient. Je veux bien sûr parler des fameux GAFA.
GAFA, qui fait référence à Google, Amazon, Facebook et Apple j’imagine ?
Oui, et pour être complet, j’y rajoute Microsoft.
Qu’est-ce qui vous a fait choisir ce sujet ?
Eh bien, la semaine dernière la capitalisation boursière cumulée de ces sociétés a atteint un nouveau record, et dépasse donc celle atteinte avant la crise du COVID-19. Et je trouve que cela est remarquable à deux titres.
D’abord en relatif. L’indice de la bourse de Paris, qui avait perdu presque 40% au début du mois de mars, est aujourd’hui toujours 26% en dessous de son plus haut. Donc il reste encore beaucoup de chemin a retracer.
Puis en absolu. En effet, depuis leurs points bas respectifs touchés au mois de mars, la seule remontée des cours de ces géants de la tech correspond à une valeur boursière de 1,7 trilliard de dollars, soit la valeur de l’ensemble des sociétés qui composent le CAC 40.
C’est remarquable en effet. C’est la conséquence directe de la crise sanitaire ? Ou y-a-t-il d’autres causes à cette remontée impressionnante de leurs cours de bourse ?
Vous avez raison de le souligner. Les cours de bourse d’une société ne sont pas tout, et il y a un côté incroyable dans ces valorisations alors que nous vivons une crise mondiale sans précédent. Et il est possible que dans un contexte de taux négatifs il y ait un phénomène d’imitation qui fait qu’un nombre important d’investisseurs cherchent refuge dans les valeurs les plus connues et perçues comme certaines de survivre à la crise.
Néanmoins, nous pensons que le phénomène va plus loin et souligne une tendance de fond. Ces 5 sociétés représentent aujourd’hui 24% de l’indice boursier S&P 500, soit 3% de plus qu’avant la crise. Le marché semble indiquer que les plateformes digitales avec la base de clientèle la plus large seront les grands gagnants quelque soit la forme de la sortie de crise.
Il y-a-t-il des indices qui nous permettent d’analyser quels aspects de la technologie sont favorisés par les investisseurs ?
Tout a fait. En affinant l’analyse, nous pouvons constater qu’Apple et Microsoft sont proches de leur plus hauts historiques, mais qu’Amazon et Facebook les ont déjà dépassés. Et cela se comprend, car de très nombreux commerçants à travers le monde se bousculent pour rattraper les retards pris dans leurs ventes physiques. Pour cela ils mettent en place ou renforcent leurs ventes en ligne. Le fameux e-commerce. Ce qui a entraîné une demande massive vers des fournisseurs de technologie qui leur permettent de le faire.
Et cela favorise donc plutôt Amazon et Facebook.
Exactement. Car ce sont eux qui possèdent aujourd’hui les plateformes les plus puissantes et les plus larges pour permettre à un marchand de vendre ses produits en ligne et de toucher l’audience la plus large possible.
Mais ce ne sont pas les seuls à en profiter. Car pour établir une présence commerciale sur la toile et engager ses acheteurs prospectifs, d’autres outils sont très utiles voire indispensables.
La société Twilio qui améliore les échanges vocaux et la communication via Applis a vu son cours de bourse augmenter de 49%. Les actions de la société Wix, qui permet à ses clients de construire des sites web, ont monté de 32%. La valeur de Shopify, qui propose une plateforme digitale pour marchands a pris 46%.
Alors la question à 1,7 trilliard. Devons-nous nous méfier de ces géants technologiques, qui s’imbriquent peu à peu dans toutes les facettes de la vie économique, et sur tous les continents ?
La question est tout à fait légitime. Surtout que vous vous souvenez sans doute qu’avant la crise les pouvoirs publics en Europe comme aux Etats-Unis avaient ouvert le débat sur quand et comment il fallait limiter le pouvoir de ces mastodontes. Il s’agissait alors à minima de les réguler, afin de surveiller leurs activités de plus près, et aussi de s’assurer qu’ils paient un peu plus d’impôts.
Mais dans l’environnement actuel, où la relance économique est une priorité absolue, ce débat a été repoussé dans le temps.