Nous accueillons Marc Tempelman, un des co-fondateurs de la FinTech Cashbee, qui aide les Européens à épargner plus et mieux, via son application d’épargne simple et sécurisée. Nous discutons toutes les semaines de finance. Bonjour Marc, de quoi allons-nous parler aujourd’hui ?
Bonjour Simon, il ne vous aura pas échappé que la crainte d’une épidémie mondiale du coronavirus a fortement chahuté les marchés financiers, et que les cours de bourse de nombreuses sociétés ont fortement baissés ces derniers jours. Je pensais qu’on pouvait en profiter pour s’attaquer au concept de la volatilité, qui a son importance en finance.
D’accord, allons y. Alors la volatilité en finance, c’est quoi ?
Alors commençons par la définition. La volatilité est l’ampleur des variations du prix d’un actif financier. Elle nous permet de quantifier le risque de rendement et de variation du prix de cet actif. En clair, lorsque la volatilité est élevée, la possibilité de gain est plus importante, mais le risque de perte l’est aussi.
Prenons un exemple. Comparons d’un côté le fabricant d’automobiles Tesla, très endettée et pariant tout sur ses modèles futuristes de voitures électriques connectées, et de l’autre Fiat-Chrysler, un des plus grand producteur d’automobiles au monde, créé en 1899 et vendant pas loin de 5 millions de voitures par an. Un investisseur qui achète les actions de Tesla croit au potentiel de cette nouvelle marque et est convaincu qu’elle va réussir à s’imposer comme leader de la voiture électrique. Et depuis le début de l’année, il aurait vu le cours de ses actions plus que doubler, de 430 à plus de 900 dollars… Mais l’action Tesla a depuis perdu plus de 25% de sa valeur la semaine dernière.
L’investisseur en actions Fiat, lui, est dans une position bien différente. Pendant que le cours de bourse de Tesla s’envolait, celui de Fiat a baisé un petit peu pendant les premiers mois de l’année de 13 à 12 euros. Mais la semaine dernière, l’action n’a perdu « que » 7%.
En résumé, la volatilité de l’action Tesla est bien plus élevée que celle de Fiat.
Parfait. Mais cette volatilité évolue dans le temps. Ce n’est pas une constante.
Absolument. Et c’est là toute la subtilité. D’une part la volatilité de l’action d’une même société cotée peut évoluer dans le temps. La volatilité sera probablement élevée pendant la période où l’entreprise cherche son modèle d’affaires, investit beaucoup et où elle peine à convaincre ses utilisateurs, pour tomber, une fois que l’entreprise génère des revenus stables et qu’elle se désendette.
Mais ce qui retient l’attention des opérateurs de marché ces jours-ci, c’est le niveau de volatilité général du marché, qui a fortement augmenté, avec la chute brutale des cours de bourse.
Parce que le niveau général de volatilité se mesure ?
Bien sûr. L’indice de volatilité le plus suivi est l’indice de la bourse de Chicago, qui est même appelée la « jauge de peur » par les traders. Et cette jauge a atteint son niveau record depuis Août 2015, reflétant la forte hausse de la volatilité des cours de bourse des sociétés cotées aux Etats-Unis. En une semaine, cet indice a grimpé de 22%, ce qui représente la plus forte hausse hebdomadaire depuis octobre 2008.
En d’autres termes, c’est en surveillant le niveau de l’indice de volatilité que l’on peut mesurer le degré d’incertitude et de nervosité des intervenants de marché. Et il est clair qu’après avoir été relativement sereins au sujet du Coronavirus depuis le début de l’année, la propagation internationale et l’ampleur de l’épidémie ont semé le doute dans l’esprit des investisseurs. Ils ont été nombreux la semaine dernière d’alléger leurs portefeuilles, donnant lieu à ce qui est maintenant officiellement une correction de marché, les cours de bourse ayant baissé de plus de 10%.