Chaque semaine sur euradio, retrouvez Marc Tempelman, le cofondateur de l’application d’épargne gratuite Cashbee, qui traite les sujets et les actualités de la finance.
Nous accueillons Marc Tempelman, le cofondateur de l’application d’épargne gratuite Cashbee. Nous discutons toutes les semaines de finance. Bonjour Marc, de quoi allons-nous parler aujourd’hui ?
Bonjour et meilleurs vœux à tous. C’est le début de l’année et donc traditionnellement le moment où l’on décide dans quoi et comment placer son épargne. Je pensais que c’était donc pertinent de donner quelques conseils à ceux qui débutent dans l’investissement.
Très bien. J’imagine que vous allez nous parler des grands principes de l’investissement, comme ne pas mettre tous ses oeufs dans un même panier, et ne pas céder à ses émotions quand les marchés baissent ?
Oui, mais pas que. Vous avez raison de le rappeler, il est bon, pour tout type d’investisseur d’ailleurs, de diversifier ses placements, de ne pas chercher à timer le marché et de ne pas céder à la panique quand ça tangue. Mais le contexte actuel est radicalement différent de celui que les jeunes professionnels ont pu connaître toute leur vie. Il est important de s’en rendre compte, afin d’éviter d’être biaisé par le passé. Car cela pourrait conduire à vous faire prendre de mauvaises décisions de placement.
Qu’est-ce qui a si fondamentalement changé récemment ?
En investissement, un âge d’or vient de se terminer. Trois choses ont fondamentalement changé depuis les années ‘80.
Premièrement, l’inflation a baissé de façon régulière et a même pendant plusieurs années disparu. Aujourd’hui, elle est de retour.
Deuxièmement, ce fut l’âge de la globalisation de l’économie mondiale, alors que depuis peu la crise sanitaire et les tensions géo-politiques poussent à la relocalisation.
Enfin, pendant à peu près 4 décennies et jusqu’en 2021, les taux d’intérêt n’ont fait que baisser.
Ces trois phénomènes, absence d’inflation, globalisation et taux très bas, ont eu un effet très bénéfique sur les marchés actions, comme sur les marchés obligataires. Pour l’illustrer, sachez par exemple que l’indice actions monde sur cette période affiche un rendement annuel réel - c’est à dire un rendement corrigé de l’inflation - de 7,4%. Côté obligataire, le rendement réel était de 6,3%.
Quels sont aujourd’hui les dangers pour un jeune investisseur, qui a grandi durant cette période faste pour les marchés financiers ?
Il y en a plusieurs. Le premier est de subir, de façon consciente ou non, un biais historique. Qui consisterait à se dire que puisque les marchés actions ont monté de plus de 7% par an en moyenne pendant 40 ans, cela sera le cas pour les 40 prochaines années. Car celui qui se dit ça, risque de ne pas mettre suffisamment de côté, comptant trop sur la performance des marchés financiers pour lui permettre d’atteindre son objectif d’épargne. Deuxièmement, comme les taux d’intérêt ont été très bas, voire négatifs avant 2022, un investisseur néophyte pourrait ignorer ou minimiser les placements en obligations, qui, durant cette période ont généré des rendements très faibles. Pourtant, les choses ont bien changé depuis quelques trimestres. Depuis la hausse des taux directeurs par les banques centrales, il est à nouveau possible d’investir en obligations émises par des entreprises solides, qui versent du 6 ou même 7% l’an. Et qui méritent donc leur place dans un portefeuille diversifié. Le mot de la fin ? C’est difficile pour l’humain de se rendre compte et de se débarrasser de ses biais. En investissement, il a été prouvé que les habitudes prises à un jeune âge, se maintiennent toute la vie. La personne qui investit très peu en actions à vingt-cinq ans a statistiquement peu de chances de le faire à 60 ans. Pourtant c’est en commençant à investir jeune que les intérêts composés ont le plus de temps de faire effet. Il est donc pertinent d’y réfléchir. Et si vous pensez manquer d’expertise, de prendre conseil auprès d’experts. Car l’autre tendance fondamentale est que les jeunes d’aujourd’hui devront probablement contribuer plus à leur propres retraites que les jeunes des années 80.