Chaque semaine sur euradio, retrouvez Marc Tempelman, le cofondateur de l’application d’épargne gratuite Cashbee, qui traite les sujets et les actualités de la finance.
On nous pose souvent la question, combien suis-je censé épargner par mois. Alors que l’inflation et notre pouvoir d’achat sont au centre des préoccupations, je pensais qu’il pouvait être intéressant d’essayer d’y répondre.
Très bien. J’ai souvent entendu parler de la règle des 50 / 30 / 20. Pourriez-vous nous dire de quoi il s’agit précisément ?
Oui, c’est une excellente façon d’aborder le sujet. La fameuse règle des 50 / 30 / 20 distingue trois types de dépenses auquel il faut consacrer vos revenus selon des proportions cibles :
50 % pour les dépenses courantes nécessaires. Comme par exemple le loyer, les impôts, l’électricité, le chauffage, les transports et la nourriture de tous les jours. Ce sont les dépenses qui vous permettent de vivre au quotidien et qui sont “incompressibles”.
Les 30 % suivants sont à allouer à quel type de dépenses ?
Aux sorties et envies de toutes sortes. C’est dans cette catégorie que nous retrouvons les abonnements à Netflix et à Spotify, les vêtements, le coiffeur, les vacances et les cadeaux à faire à Noël.
Ce qui laisse 20 % pour l’épargne, c’est ça ?
Oui, selon cette règle, les derniers 20 % de vos revenus sont à mettre de côté. Avec la recommandation d’automatiser cet effort d’épargne, par exemple en mettant en place un virement automatique mensuel qui déplace 20 % de votre salaire dans un compte d’épargne dédié. Car une fois ce virement automatique en place, vous épargnez sans trop y penser, et l’effort devient indolore.
Cette règle des 50 / 30 / 20 a l’avantage d’être facile à retenir, mais est-elle universellement applicable ?
Vous avez raison de revenir sur ce sujet. Car comme vous le soulignez, elle ne fait aucune distinction entre celui ou celle qui gagne très bien sa vie, et ceux dont les revenus sont plus modestes, ou tout simplement moins stables, ce qui est notamment le cas de nombreux auto-entrepreneurs ou des personnes qui travaillent en freelance.
Il nous semble donc logique d’ajuster le pourcentage de son budget mensuel dédié à l’épargne en fonction de vos revenus mensuels. Dit autrement, plus on gagne par mois, plus la partie de ses revenus qu’on peut arriver à mettre de côté devrait être importante.
Par exemple en mettant de côté 50 euros par mois si on en gagne moins de 1000 - ce qui correspond à un taux d’épargne de 5 % - mais en épargnant le tiers de son salaire pour ceux qui gagnent, disons plus de 3000 euros par mois.
Donc si je comprends bien vous estimez qu’il faut épargner, même si on a un petit salaire ?
Oui, je ne dis pas que c’est facile, mais cela fait partie des quelques principes d’une gestion budgétaire saine. Si on souhaite maximiser son épargne, il faut commencer le plus tôt possible. Épargner c’est un peu comme faire du sport : cela peut facilement devenir une habitude (très saine), si on s’y met tôt. D’ailleurs, des études très sérieuses montrent qu’apprendre aux enfants à mettre de côté une petite partie de leur argent de poche peut créer des habitudes très bénéfiques en termes d’épargne.
Pour finir, un autre conseil pratique pour nous auditeurs ?
Oui, c’est une évidence, mais surtout dans un contexte inflationniste, il est crucial de faire travailler ce que vous mettez de côté. Pour au moins deux raisons. La première est que cela évite que le pouvoir d’achat de votre épargne se fasse ronger par l’inflation. Le second est que sur le long terme, les intérêts que vous gagnez sur votre épargne vont à leur tour générer des intérêts. Cet effet boule de neige constitue ce qu’on appelle la puissance des intérêts composés. Une force tellement puissante qu’Einstein l’aurait défini comme la 8ème merveille du monde.
Entretien réalisé par Laurence Aubron.