Nous accueillons Marc Tempelman, le cofondateur de l’application d’épargne gratuite Cashbee. Nous discutons toutes les semaines de finance. Bonjour Marc, de quoi allons-nous parler aujourd’hui ?
Je suis un fan inconditionnel de Warren Buffett, le milliardaire nonagénaire à la tête de Berkshire Hathaway, la holding d’investissement qui pèse aujourd’hui plus de 900 milliards de Dollars. La lettre annuelle que rédige Buffett pour expliquer les résultats annuels de sa société est toujours lue avec attention par des centaines de milliers de fans et investisseurs amateurs. Je pensais vous livrer les perles de sagesse qu’il a partagé la semaine dernière.
Bonne idée. Juste avant, pourriez-vous nous rappeler en quelques mots ce qui distingue Warren Buffett dans le monde de l’investissement.
Bien sûr. Je mettrai en avant deux éléments. Le premier est sa crédibilité dans le domaine. Depuis 1964, les actions de Berkshire Hathaway ont délivré un rendement de 4,4 millions de pourcents. Si vous aviez eu la bonne idée de confier mille euros à Warren Buffett il y a 60 ans, vous disposeriez aujourd’hui de 44 millions d’euros.
Le second, est sa clarté sur les méthodes de placement simples qu’il déploie pour arriver à ces résultats époustouflants. Sa pédagogie et son aversion au jargon permettent aux communs des mortels d’améliorer leurs finances personnelles.
Très bien. Alors quelles sont les perspectives de Buffett sur les bons investissements à faire ?
Dans sa dernière missive, Buffett revient sur un des ses principes fondamentaux qui consiste à éviter les investissements désastreux. Cela peut paraître banal. Mais il souligne qu’il suffit que d’une poignée de placements à perte pour que la performance financière d’un portefeuille d’investissement soit sévèrement réduite. Il reconnaît que son analyse prudente au départ lui fait louper certaines opportunités. Mais si cela lui permet d’éviter les mines, cela lui convient.
Ensuite, il semblerait que Buffett se méfie des cours de bourse actuels. Sur les cinq derniers trimestres, son conglomérat a vendu plus d’actions qu’il n’en a acheté. Au total et en net, Buffett a réduit la taille de son portefeuille d’actions de 24 milliards de Dollars. Ce qui lui laisse avec un portefeuille de plus de 350 milliards de Dollars tout de même.
Pourtant il me semblait que Berkshire Hathaway avait investi massivement en actions en 2022 ?
Vous avez raison. La société d’investissement avait investi 50 milliards de Dollars en pleine crise. C’est une caractéristique de Buffett qui conseille d’être cupide quand les autres ont peur, mais de prendre peur quand les autres sont cupides. Il a donc ramassé des actions de sociétés performantes et solides à des prix décotés, quand les marchés étaient pris de panique.
Attention, Buffett dit lui-même que cette stratégie n’est conseillée qu’aux professionnels, car il est complexe d’identifier les creux du marché.
S’il est plutôt méfiant vis-à-vis des marchés actions aujourd’hui, que fait-il des liquidités dont il dispose ?
C’est un vrai sujet pour Buffett. Car à force de faire des bons investissements, sa société reçoit beaucoup de cash, qui s’empile. À la fin de 2023, Berkshire Hathaway disposait de 168 milliards de Dollars d’argent liquide.
La société en fait trois choses. Tout d’abord, grâce à la hausse des taux, les liquidités génèrent des intérêts. 115 millions de Dollars par semaine pour être exact.
Ensuite, Buffett sait être patient. Mais quand une opportunité se présente, il peut acheter des entreprises, même très grosses, en payant cash.
Enfin, les gains générés par les multiples activités et participations de la firme lui permettent de retourner une partie de ce cash aux actionnaires.
Le mot de la fin ?
Du haut de ses 93 ans, et après 60 ans de métier, si il y a une chose que Warren Buffett peut vous apprendre, c’est la puissance des intérêts composés. Ce phénomène par lequel si vous faites un bon placement et que celui-ci génère des rendements qui sont réinvestis, le temps fait son œuvre et crée de la richesse dans le temps.
Un entretien réalisé par Laurence Aubron.
