L'éco de Marc Tempelman

Faut-il miser sur la Chine ?

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Chaque semaine sur euradio, retrouvez Marc Tempelman, le cofondateur de l’application d’épargne gratuite Cashbee, qui traite les sujets et les actualités de la finance.  

 Bonjour Marc, de quoi allons-nous parler aujourd’hui ?

Bonjour. La Chine a annoncé un énième programme de relance massif. Il vise à sortir son économie de la crise qu’elle traverse. Cela a eu et continue d’avoir un impact massif sur les valeurs cotées à la Bourse de Shanghai. Ce qui peut donc logiquement conduire les épargnants et les investisseurs à s’intéresser aux actions chinoises. Le moment est-il venu d’en acheter ?

Sur papier cela peut paraître logique. Mais ne serait-ce pas déjà trop tard ? Après tout, on dit souvent que toutes les informations sont dans le prix. L’annonce du plan de relance a déjà dû faire son effet.

Vous avez raison. Le 13 septembre dernier l’indice CSI 300, qui comprend les 300 valeurs boursières les plus importantes cotées à Shanghai et à Shenzen, était à son niveau le plus bas depuis 5 ans. Mais depuis il a grimpé de plus de 35%. Notamment sous l’effet de l’engagement du ministère des finances chinois, pris le 12 octobre dernier, qu’il stimulerait la consommation et qu’il soutiendrait les collectivités locales, dont bon nombre sont au bord du gouffre.

Le problème est que sur la même période, le même indice a aussi chuté de 11%. La volatilité est élevée.

Il semble clair qu’un degré d’incertitude subsiste sur la taille et l’efficacité du programme annoncé.

Alors que faire ? Quels seraient les facteurs qui militeraient en faveur d’un investissement en actions chinoises ?

Le premier argument serait que le point d’entrée reste bas d’un point de vue historique et que les investisseurs institutionnels internationaux sont sous-exposés à la Chine. Si les allocations de ces acteurs revenaient au poids proportionnel du marché actions chinois dans le monde, des dizaines de milliards de dollars devraient revenir sur le marché chinois. Par ailleurs, les règles très strictes qui s’appliquaient à l’achat d’actions d’entreprises chinoises par des investisseurs étrangers, se sont notablement assouplies.

Je sens qu’il y a un “mais” ?

Oui et il est important. Il reste difficile de se faire une idée claire de la gouvernance des grandes sociétés chinoises. Les plans d’affaires, la croissance et même la survie de sociétés dîtes privées peuvent être chamboulées du jour au lendemain par l’introduction de mesures gouvernementales restrictives.

C’est arrivé à des sociétés technologiques comme dans le secteur éducatif. Tout allait bien pour Alibaba et son PDG fondateur Jack Ma. Jusqu’au jour où le gouvernement chinois a estimé qu’il prenait trop la lumière. Jack Ma a disparu pendant quelques mois, et - à sa réapparition - a mis un arrêt radical aux différents plans d’expansion qu’il avait pourtant annoncés auparavant. Depuis 2020, le cours de bourse de l’action Alibaba a été divisé par 3.

Pourtant, sur une durée longue, la croissance de l’économie chinoise a été forte.

Oui, on peut même dire qu’elle a été étonnante. En 15 ans, le PNB chinois a quadruplé. Mais durant la même période l’indice boursier CSI 300 s’est adjugé moins de 25 %.

Alors, qu’aurait été la bonne technique d’investissement pour profiter de cette croissance ?

C’est peut-être ironique, mais il aurait fallu investir dans les actions des entreprises européennes et américaines très exposées au marché et aux consommateurs chinois.

Pour prendre des exemples concrets, LVMH et L’Oréal sont des sociétés françaises qui génèrent une partie importante de leurs chiffres d’affaires en Chine. En 15 ans, leurs cours de bourse ont été multiplié par 10 et par 5 respectivement.

Est-ce toujours la bonne façon de miser sur la Chine ?

Oui, acheter des actions des grandes sociétés du luxe vous expose au marché chinois de façon indirecte. Et vous expose donc au potentiel de croissance qu’il offre, mais aussi aux difficultés qu’il traverse et aux risques politiques que nous avons déjà évoqué.

Ces risques restent réels. Il suffit d’observer ce qu’il se passe dans le domaine du cognac. Le gouvernement chinois impose des tarifs douaniers exorbitants à cette boisson, dans la cadre de la bataille politico-économique entre cette puissance économique et l’Europe.

Une interview réalisée par Laurence Aubron.