Retrouvez chaque semaine sur euradio l'analyse d'une actualité européenne avec Joséphine Staron, Directrice des études et des relations internationales du think tank Synopia.
Aujourd’hui, comme la semaine dernière, vous allez nous présenter une autre initiative citoyenne qui, selon vous, a un impact fort en Europe : le Corps européen de solidarité. De quoi s’agit-il ?
Il s’agit d’un programme qui a été créé en 2018 par l’Union européenne et qui concerne les jeunes de 18 à 30 ans. L’objectif est de permettre à ces jeunes de s’engager à l’étranger ou bien dans leur pays pour une durée minimum de deux semaines jusqu’à 12 mois. Il s’agit d’un projet basé sur le volontariat et qui mobilise les concepts de solidarité et d’humanitaire. Concrètement, le CES alloue des subventions à des organisations sélectionnées suite à un appel à projet. C’est géré directement par la Commission Européenne. Ce programme vient remplacer le Service volontaire européen qui existait jusqu’en 2018.
Concrètement, quelle est l’impact du Corps européen solidarité ?
Les jeunes qui s’engagent volontairement dans le cadre du CES participent à des projets de solidarité très concrets : à l’occasion de catastrophes naturelles, dans le cadre de soins à la personne, par exemple des personnes pauvres, handicapées, isolées. Le tissu associatif des pays membres et partenaires est largement sollicité et renforcé grâce à tous les volontaires européens.
Est-ce que ce programme concerne uniquement les membres de l’Union européenne ?
Il concerne en effet les 27 états membres, mais il s’étend bien au-delà. De nombreux autres pays sont partenaires du programme : comme la Turquie, la Norvège, la Géorgie, la Moldavie, l’Ukraine, l’Égypte, Israël, la Serbie, ou encore, l’Azerbaïdjan.
En plus de l’aide directe apportée aux populations vulnérables, le Corps européen de solidarité permet aux jeunes de se rencontrer ?
Oui, c’est tout l’intérêt et toute la plus-value de ce programme. Le 15 octobre dernier, j’ai eu la chance de participer à un évènement organisé par l’Agence française du service civique, qui s’occupe du CES, ainsi que son équivalent italien, et le Centre de ressources du corps européen de solidarité basé à Vienne. Il s’agissait d’un séminaire réunissant de nombreux jeunes bénévoles, soit déjà engagés dans des projets du corps européen de solidarité, soit très intéressés et en passe de s’engager. De nombreuses nationalités étaient présentes, et, en dépit des différentes langues, des différentes cultures, et des spécificités de chacun, ils partageaient tous des valeurs communes et une vision de l’Europe.
Des valeurs proches de celles qui figurent à l’article 2 du traité sur l’Union européenne ?
Tout à fait. L’article 2 rappelle que l’Union est fondée sur les « valeurs de respect, de la dignité humaine, de liberté, de démocratie, d’égalité, de l’État de droit, ainsi que de respect des droits de l’homme, y compris des droits des personnes appartenant à des minorités ». L’article 2 continue en rappelant que ces valeurs sont « communes aux états membres dans une société caractérisée par le pluralisme, la non-discrimination, la tolérance, la justice, la solidarité et l’égalité entre les femmes et les hommes ». Les participants au Corps européen de solidarité incarnent véritablement cet article 2. Ils en sont donc à la fois les représentants et les ambassadeurs. Et c’est ça que je trouve le plus intéressant avec le programme du Corps européen de solidarité, et des programmes similaires : non seulement des jeunes qui ne se seraient jamais rencontrés ont l’opportunité de le faire ; mais aussi par leur engagement, ils diffusent ces valeurs européennes qui sont aujourd’hui minoritaires à l’échelle du monde. En effet, peu de pays peuvent revendiquer des systèmes fondés sur le pluralisme, la tolérance, l’égalité ou encore la justice. Dans un monde où nos valeurs sont plus que jamais menacées, je considère que ce type de programme est nécessaire et indispensable pour diffuser, promouvoir, et véritablement incarner ce qu’est l’Union européenne en termes de valeurs et d’identité.
Une interview réalisée par Laurence Aubron.