Chaque mardi sur euradio, le Think tank Sport et Citoyenneté propose un regard sur l’impact social du sport en Europe : handicap, gouvernance, égalité des genres, sédentarité, inclusion sociale … c’est aussi du sport !
Nous retrouvons une nouvelle fois Rodolphe Doité de Sport et Citoyenneté, pour cette dernière chronique sur la géopolitique et le sport. Nous avions fini la semaine dernière sur le rôle de l’Union européenne dans la diplomatie sportive, et vous voulez cette semaine l’évoquer plus en détail. Alors, par où commencer ?
Nous l’avons cité à de nombreuses reprises dans nos précédentes chroniques, mais nous pouvons revenir sur le plan d’action de l’Union européenne sur le Sport, pour la période 2021–2024. La diplomatie sportive y est clairement évoquée, dans le cadre des relations extérieures de l’Union. Il y a trois objectifs qui sont mentionnés : l’échange de bonnes pratiques, l’enrichissement des connaissances et le suivi des conclusions du Conseil sur la diplomatie sportive.
Ce plan fait référence à des conclusion de 2016, qui ont donné des grandes orientations à la Commission européenne, comme la prise en compte du sport dans les accords avec les pays tiers, le soutien financier à projets relatifs à la diplomatie sportive ou encore l’échange de bonnes pratiques sur le rôle de la diplomatie sportive dans la société.
Alors, depuis 2016, qu’est ce qu’il a été concrètement fait ?
Il faut ici être honnête, les actions ont été insuffisantes. Nous évoquions d’ailleurs, la semaine dernière, la diplomatie sportive comme priorité de la présidence portugaise, en 2021. Sans surprise, les objectifs étaient équivalents à ceux fixés en 2016. Mais tout n’est pas négatif, on peut citer plusieurs exemples d’actions concrètes.
En 2017, la Commission a publié une enquête sur la diplomatie sportive en Europe, qui reprend les bonnes pratiques des différents Etats européens. Elle formule à ce titre plusieurs recommandations, comme l’inclusion du sport comme outil de développement dans les outils de financements européens. Et, pour la première fois en 2022, un tel instrument fait son apparition dans le programme Erasmus+, sous le nom évocateur de « renforcement des capacités dans le domaine du sport ». Les projets vont alors tout particulièrement viser des activités de coopération et de développement avec des pays tiers.
On peut aussi noter le développement de projet plus classiques, dans le cadre d’Erasmus là aussi. Par exemple, le projet « Toward an EU sports Diplomacy », qui est porté par l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques. Il a notamment pour objectif de développer du contenu de formation à destination des pouvoirs publics et des parties prenantes agissant dans des domaines liés à la diplomatie sportive.
Comme vous l’avez dit, cela pourrait sembler insuffisant. Alors, que pourrions-nous souhaiter pour la diplomatie sportive en Europe ?
Depuis le début, on se concentre sur la question de la diplomatie sportive comme un outil d’action extérieure de l’Union européenne. Mais on ne considère plus du tout que ce type de diplomatie peut avoir une utilité au sein même de notre Union ! Et lorsqu’on regarde de plus près les antagonismes qui peuvent parfois exister entre les Etats membres, on pourrait penser qu’un peu de diplomatie, sportive qui plus est, ne ferait pas de mal. Maintenant que c’est dit, que faire ?
Dans un premier temps, il pourrait être possible de simplement renforcer des initiatives existantes. Par exemple, les jeux européens ont été créé à Rome en 2012, par les Comités Olympiques européens. Effectivement, l’Europe était le seul continent qui n’était pas doté de ses propres jeux ! Et on rappelle que les deux premières éditions se sont tenues en 2015 à Bakou en Azerbaïdjan et en 2019 à Minsk en Biélorussie. Si vous aussi, ces choix vous interrogent, sachez que vous n’êtes pas les seuls ! Mais la prochaine édition, en Pologne en 2023, sera peut-être l’occasion pour l’Union européenne de travailler de concert avec toutes les parties prenantes pour en faire un réel évènement européen !
Enfin, un souhait, utopique à ce stade, pourrait être de réunir les sportifs sous une seule et même bannière, celle de l’Union européenne. Ce n’est pas un exemple si isolé que ça dans le sport. Par exemple, les Lions britanniques sont une équipe de rugby de gala, qui réunit les joueurs d’Irlande, d’Irlande du Nord, d’Ecosse, du Pays de Galles et d’Angleterre pour des tournées dans l’hémisphère sud. Pourrait-on voir un jour ce type d’équipe et d’initiative en Europe ? Personnellement, je vote pour !
Rodolphe Doité au micro de Cecile Dauguet
Photo : Towards an EU Sport Diplomacy (TES-D)