Révolution spirituelle

Bonheur et plaisir

Bonheur et plaisir

Dans cette chronique, Nathalie Richard, coach et facilitatrice en transition intérieure et gardienne d’un écolieu dans le Finistère, tente de démystifier un sujet aussi mal compris qu’oublié : la spiritualité.

Cette semaine on va parler de bonheur et de plaisir.

Quoi de mieux pour un mois de janvier, quand tout semble foutre le camp, que de parler de réconfort et de douceur ?

Nous allons parler de plaisir et de bonheur mais étonnamment peut être,  ce ne sera pas pour nous distraire.

Pendant les fêtes de fin d’année, un échange avec un membre de ma famille m’a interpellée.

Je lui parlais de mon souhait d’arrêter Netflix.

Il n’a pas compris.

Ce n’est pas la 1ère fois que je tentais d’arrêter,

Cette résolution je l’ai tenté à maintes reprises – sachant pertinemment que c’est très facile de se ré abonner - et à maintes reprises j’ai été re confrontée à l’appel d’une nouvelle série qui tôt ou tard me ramenait au point de départ.

En racontant ça à mon oncle, je me suis sentie comme une droguée.

Comme une droguée ? Vous pouvez nous expliquer ?

Oui, je devrais même corriger, pas comme une droguée.

Je me sentais droguée !

Un p’tit temps Netflix, je ne sais pas vous, mais moi l’idée me fait toujours un peu saliver,  comme un moment doudou ou l’idée d’un bon chocolat chaud sous un plaid.

Je sais que devant Netflix je vais déconnecter de mes pensées et de la furie du monde. Mais si je pars sur une série, je suis souvent incapable de m’arrêter, je regarde un épisode, un 2ième, allez un p’tit 3ième et promis j’arrête après.

A la fin du 3ième, je culpabilise mais honnêtement si je suis seule, si il n’y a pas mon chéri pour m’arrêter, bah je continue et si c’est le soir je finis par m’endormir et me réveiller, dégoûtée de ne pas avoir su m’arrêter et d’avoir gâché un temps de sommeil si précieux pourtant.

Le pire c’est que bien souvent, ce que je regarde, ce n’est vraiment pas ouf en terme de qualité.

Et puis ce piège, ce piège où par défaut les épisodes vont s’enchainer…C’est vicieux.

8 fois sur 10, ce truc à raison de ma volonté.

Ça vous parle ou je suis la seule dans ce cas ?

Et qu’est-ce que votre oncle n’a pas compris alors ?

Et bien il n’a pas compris que je veuille arrêter. Il me demande un peu provoc : mais si ça t’en donne du plaisir pourquoi voudrais-tu t’en priver ?

J’avoue que sa question m’a un peu prise au dépourvu même si j’avais envie de lui répondre :  mais si c’était de la cocaïne, est ce que tu me poserais la même question ?

Je crois bien que non.

J’y ai donc pas mal réfléchi après, déjà parce que j’étais vexée de ne pas avoir su répondre clairement mais aussi parce que je sentais qu’il y avait là un sujet clé de société.

Quelque chose d’insidieux, d’invisibilisé dangereusement passé dans la nouvelle normalité.

Et quel est ce sujet ?

Nous confondons plaisir et bonheur.

Ce que je n’ai pas réussi à expliquer à mon oncle (il faudra que je lui partage cette chronique d’ailleurs) c’est que certes Netflix m’offre des shoots de plaisir, précisément des shoots de dopamine (l’hormone du plaisir) sécrétée par une partie du cerveau appelé le Striatum.

Mais le truc, c’est que tout ça n’offre pas le bonheur.

Je peux même dire qu’après une session Netflix je ne me sens pas particulièrement bien.

Je ne dirais pas que je suis malheureuse mais je ressens quelque chose de l’ordre du dégout.

Un peu comme quand j’achetais régulièrement compulsivement des chaussures dans mon ancienne vie.

L’idée d’achat tout comme l’acte m’excitait mais juste après, en rentrant chez moi, je me sentais vaguement déprimée.

Netflix est un exemple mais si on y regarde bien, la société de consommation est un Netflix géant.

La pub, les magasins, nos écrans, tout fonctionne pour nous faire toujours plus consommer.

Est-ce que ça nous rend heureux pour autant ? Je ne crois pas.

Le bonheur ne serait pas une accumulation de plaisirs alors ?

Et bien NON !

La recherche effrénée de plaisirs peut même être responsable d’un excès de dopamine (cette hormone du plaisir) lui-même cause d’une diminution de la sérotonine.

Et vous savez ce qu’est la sérotonine ? L’hormone du bonheur.

Le bonheur dans le sens d’un sentiment de paix durable dans le temps et stabilisateur de l’humeur.

Quand le plaisir lui, est lié à la satisfaction momentanée d’un désir.

La recherche effrénée de plaisir nous éloignerait donc du bonheur.

C’est ce que nous disent les recherches physiologiques. Fascinant non ?

En tous cas, ça explique mon vécu à moi sur Netflix comme mes achats compulsifs.

Le neuro endocrinologue Robert Lustig affirme même : ‘plus vous recherchez des plaisirs, plus vous serez malheureux. ‘

Il ajoute : quand la récompense devient notre but 1er, elle fait le lot de l’addiction, qui est l’exact opposé du bonheur.’

Et que faut-il en conclure Nathalie ?

Qu’il est intéressant, voire urgent, de faire le lien entre notre modèle de société, celui de la consommation et du ‘toujours plus’ sur notre santé mentale et la santé de notre planète.

Le consumérisme utilise habilement notre fonctionnement physiologique.

Non seulement ça ne nous rend pas heureux mais ça brule notre maison.

La bonne nouvelle c’est que nous avons du pouvoir là-dessus et on en parle la semaine prochaine !

Un entretien réalisé par Laurence.