Les épidémies dans l'histoire

Les épidémies de variole en Chine du XVIIème au XXème siècles

Les épidémies de variole en Chine du XVIIème au XXème siècles

Épisode 11 de notre rendez-vous Les épidémies dans l’histoire, en partenariat avec le Centre de Recherches en Histoire Internationale et Atlantique (CRHIA) des Universités de Nantes et La Rochelle.

Comme chaque semaine, nous remontons le temps pour parler des épidémies qui ont marqué l’histoire. Aujourd’hui, c’est Pierre-Henry de Bruyn, enseignant chercheur à l’université de La Rochelle, membre du CRHIA, qui est présent avec nous pour parler des épidémies successives de variole en Chine du XVIIe siècle au XXe siècle, des épidémies qui ont fini par être maîtrisées.

Est-ce qu’on pourrait rapidement rappeler ce qu’est la variole ? 

C'est une maladie infectieuse d'origine virale qui est extrêmement contagieuse. Les épidémies de variole ont investi le monde entier pendant des siècles. Il faut savoir que quand Christophe Colomb est arrivé en Amérique, on estime à 90% de la population ayant été décimée par diverses épidémies dont la variole. Cette maladie n'a été éradiquée par l'OMS qu'en 1980, et c'est un fléau qui a marqué l'histoire de l'humanité.

Au fil de l’histoire, on s’aperçoit qu’en Chine, des méthodes sont mises en place pour essayer de lutter contre la variole. Pierre-Henry, quelles sont-elles ces méthodes ?

Une méthode très particulière a été élaborée en Chine : la variolisation. C'est l'ancêtre de la vaccination occidentale. Cela consistait à mettre en contact un enfant en bonne santé avec soit un morceau de coton imprégné du pus d'un malade infecté, ou bien d'habiller l'enfant avec des vêtements portés par un malade, ou bien d'injecter une pustule de variole dans les narines. C'est cette dernière méthodes qui va être largement utilisée. L'idée est donc d'injecter à des patients sains un microbe de la variole pour qu'une réaction se manifeste chez l'enfant afin qu'il soit "variolisé".

Et puis, est apparue la vaccination... mais les occidentaux et les asiatiques n’avaient pas du tout la même approche pour combattre la maladie. Quelles sont ces deux approches ?

Il y a d'abord un aspect social. La variolisation a été inventée dans une province chinoise, qui s'est ensuite répandue au 17e siècle, à cause d'envahisseurs, les Mandchous. Tout comme les Indiens d'Amérique, ils ont été infestés, par les microbes auxquels les Chinois étaient déjà immunisés - dont la variole. Les soldats Mandchous tombaient comme des mouches et les Empereurs chinois ont donc cherché des moyens pour essayer de se défendre et immuniser leurs familles. Le procédé de variolisation s'est répandu dans les élites mandchoues mais ne s'est pas répandue au reste de la population chinoise. Ce n'est que quand la variolisation sous sa forme occidentale - la vaccination - a été importée par des médecins occidentaux que le processus de vaccination s'est répandu en Chine. La vaccination était généralisée alors que la variolisation était réservée à l'élite.

Un autre aspect important est celui de la façon d'appréhender l'ennemi. La façon d'attaquer un ennemi - et la maladie est un ennemi à combattre, est très différente en Chine et en Occident. En Occident, l'ennemi est nécessairement mauvais. Il faut le supprimer. La mort est à l'extérieur, la vie est "chez nous". Les Chinois ont une vision beaucoup plus impériale des choses. Selon eux, même les gens très très éloignés sont en fait des sujets potentiels de l'Empire. En tant que tels, il est donc primordial de les préserver parce que l'enjeu est de servir l'Empereur. La stratégie par rapport à l'ennemi s'est donc aussi retrouvée dans la manière de voir la maladie.

Pour tout savoir sur le sujet, rendez-vous sur la chaîne YouTube du Centre de Recherche en Histoire Internationale et Atlantique.

Écoutez la série de décryptages “Les épidémies dans l’histoire” :

Découvrez également l’émission Les Voies de l’Histoire, une coproduction euradio – CRHIA.