L'état de l'État de droit - Elise Bernard

Élection de Trump aux Etats-Unis et conséquences sur l’Etat de droit en Europe

PxHere Élection de Trump aux Etats-Unis et conséquences sur l’Etat de droit en Europe
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Elise Bernard, docteur en droit public et enseignante à Sciences-Po Aix et à l'ESSEC, décrypte chaque lundi sur Euradio les implications concrètes de l'État de droit dans notre actualité et notre quotidien. Ses analyses approfondies, publiées sur la page Europe Info Hebdo, offrent un éclairage précieux sur ce pilier fondamental de l'Union européenne.

L’Etat de droit, c’est ce qui caractérise nos sociétés européennes, et occidentales par extension, mais la victoire de Donald Trump aux Etats-Unis risque de porter atteinte à une vision exigeante et inclusive de l’Etat de droit en Europe.

Il y a de quoi être inquiet. Avec l'effondrement de la coalition allemande, un président français affaibli, un gouvernement espagnol aux prises avec une fragile majorité et une catastrophe naturelle et une scène politique de plus en plus polarisée et dominée par les forces populistes d’extrême-droite, on peut se demander si l’Union Européenne est équipée pour faire front commun à une nouvelle présidence de Donald Trump aux Etats-Unis.

Oui d’autant que l’on n’a pas souvenir de tant de contraste et de désaccords au sein de l’Union, du moins aussi prononcés au niveau des têtes des exécutifs européens!

Evidemment Laurence, les mauvais élèves de l’Etat de droit européen, les personnalités qui surfent sur l’insurrection populiste en l’Europe, sortent renforcées du retour à la Maison Blanche de Donald Trump. Viktor Orbán, qui n’a jamais caché son soutien à Donald Trump et sa relation privilégiée avec lui, annonce avoir sablé le champagne. Plus discret mais dans la même veine, on trouve le premier ministre slovaque Robert Fico.

Il y a aussi celui qu’on dénommait déjà avant le "Trump des Pays-Bas" Geert Wilders adepte de la remise en question de la libre circulation au sein de l’UE.

Oui, sans oublier la plus Atlantiste de tous, la première ministre italienne Giorgia Meloni qui est même qualifiée d’”interlocutrice naturelle” en Europe de Donald Trump.

Mais alors, qui reste-t-il pour faire face à une vision rétrograde et peu regardante sur les exigences de l’Etat de droit portée par Donald Trump dans le monde occidental?

A l’heure actuelle, la Commission européenne. Si l’on se penche sur les lettres de mandat des futurs commissaires, deux choses me semblent à retenir. La préparation aux crises, de façon à minimiser les risques de voir les citoyens - surtout les plus modestes - ruinés ou en particulière difficulté lors de la prochaine crise.

Et donc limiter la portée des discours radicaux, populistes et adeptes de la table rase.

Voilà, limiter la portée de discours qui consistent à dire que la démocratie ça ne fonctionne pas et que pour faire face aux dangers, il faut une autocratie. Ensuite, dans ces lettres de mission aux commissaires, la promotion d’une société inclusive permise par un Etat de droit exigeant se retrouve régulièrement avancée. Qu’il s’agisse de réformes, d’économie numérique, de migrations, de partenariats hors UE ou d’élargissement, les exigences de l’Etat de droit européen doivent être une priorité pour cette mandature qui s’ouvre.

Une interview réalisée Laurence Aubron.

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