La tentation est forte, M. le Président, mais gardez-vous en ! Vous pouvez vous dire, bien sûr, qu’il vous suffirait de sauver la mise à Alexandre Loukachenko pour pouvoir lui imposer un « processus d’intégration » entre son pays et le vôtre car il est dos au mur, après cinq semaines de manifestations.
Sans votre soutien, le président bélarusse tombera comme un fruit mûr. Il ne peut donc plus vous refuser cette union entre Belarus et Russie qu’il n’avait jamais voulu vous accorder. Avant que vous ne le receviez ce lundi, on ne parlait donc, à Moscou, que « partenariat stratégique » et « relations d’alliance » mais que vaudrait, M. Poutine, un tel accord signé par un homme aux abois dont son peuple ne veut plus ?
A Minsk comme dans le monde entier, jusqu’en Russie même, on dirait qu’Alexandre Loukachenko a vendu son pays pour conserver son pouvoir. Moralement contestable, cet accord léonin n’aurait qu’une bien éphémère valeur juridique car la fausseté des résultats de la présidentielle sera bientôt avérée. Non seulement cet accord sera dénoncé mais la tentative de l’imposer à la faveur de cette crise n’aura fait qu’éloigner le Belarus de la Russie et créer, à Minsk, la même russophobie que l’annexion de la Crimée et la guerre du Donbass ont développée à Kiev.
Alors, non, M. le président, ne faites pas cela !
La suite de la lettre ouverte de Bernard Guetta à Vladimir Poutine est à lire ici