À chaque fois, les interviews déviaient. Elles ne portaient plus sur l’européanité de la Russie. Ce n’était plus qu’aucun Occidental, pas plus américain qu’européen, n’a jamais voulu annexer la moindre parcelle du territoire russe. Ce n’était plus le désir de l’Union européenne de pouvoir un jour assurer avec la Russie la stabilité et la prospérité de notre continent commun, de notre « maison commune », disait Mikhaïl Gorbatchev.
Ce n’était plus même notre communauté d’histoire et de culture que rappelle pourtant cette Adresse au peuple russe que je venais de cosigner avec les présidents de quatre des principaux groupes politiques du Parlement européen. Non, plutôt que sur cette Adresse, la presse russe en exil m’interrogeait sur l’approbation populaire dont semble bénéficier « l’opération spéciale » en Ukraine.
Je sentais ces jeunes journalistes malheureux, perdus, honteux de leur propre nation mais, à quelques jours du second tour de la présidentielle française, je ne peux pas m’empêcher de penser que si ces interviews avaient lieu maintenant, je pourrais leur demander, moi, ce qu’il pensent d’une France où Mme Le Pen pourrait l’emporter dimanche puisque les sondages ne la mettent qu’à quelques points d’Emmanuel Macron.
A mon tour d’avoir honte car une moitié de Français de toutes les catégories sociales et de tous les niveaux d’étude soutiennent désormais l’extrême-droite et communient dans l’hostilité aux musulmans, le rejet des « élites » et le désir d’en revenir, derrière des frontières refermées, à un passé mythifié de certitudes et de grandeur nationales.
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