La question est loin d’être illégitime. Pourquoi substituer, se demandent tant de nos concitoyens, un ensemble inachevé dont les frontières sont mouvantes et les institutions si mal connues à des démocraties nationales maintenant éprouvées ?
La réponse fut longtemps qu’il fallait sortir d’un millénaire de guerres civiles européennes mais comme personne n’imagine plus – à tort mais c’est ainsi – que la guerre puisse renaître en Europe, cette réponse ne convainc plus.
Alors ce n’est plus avec les arguments d’hier qu’il faut répondre à l’euroscepticisme mais avec ceux d’un présent dont les défis sont tout aussi redoutables que ceux du passé.
Au podium des puissances, l’Union trône aujourd’hui aux côtés de la Chine et des Etats-Unis. Entre ces trois champions de la compétition internationale, l’ordre varie suivant les domaines et les années mais la certitude est que le temps joue contre nous, que Washington et Pékin auront tôt fait de nous laisser derrière eux et qu’alliés à des Européens en recul, les Américains pourraient devoir s’incliner devant la Chine.
Ce jour-là, nous ne compterions pas plus qu’une grande Suisse et pourrions devenir encore plus dépendants de la dictature chinoise que de la démocratie américaine.
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