Chaque semaine sur euradio, retrouvez la chronique de Bernard Guetta, député européen, qui effectue un retour sur les actualités et événements européens actuels.
La rencontre se voulait discrète et l’a été. Venus de la diaspora russe et d’Europe centrale, de ce qui fut le bloc soviétique, ces journalistes ne voulaient pas plus attirer l’attention de la presse que des services de renseignements car ils avaient à débattre en confiance de sujets complexes.
Comment lutter contre la corruption systémique qui ne gangrène pas que la Russie mais également la Slovaquie, la Hongrie, la Bulgarie et s’étend toujours plus ? Comment rendre compte de la guerre en Ukraine alors que les lecteurs n’en peuvent plus d’être abreuvés d’horreur et que tous, ni en Russie ni ailleurs, ne veulent pas affronter Poutine ?
Comment réinventer la presse libre, encore plus fragile dans ces pays qu’elle ne l’est dans les vieilles démocraties ? Comment définir les régimes autoritaires qui ne gardent de la démocratie que des scrutins faussés par la destruction de tous les contre-pouvoirs et, pour ce qui est de la Russie, par la restauration de répressions brutales ? Et comment tisser, surtout, de vrais liens entre Russes et Centre-Européens que tant de semblables défis rapprochent mais qu’un passé commun divise tellement que pas un seul Ukrainien n’était présent ?
C’était l’éléphant dans la pièce, la question qui n’était pas posée mais qui se posait tant que longues pauses avaient été prévues entre les débats pour que cafés, biscuits et apartés permettent d’apprendre à se connaître, en anglais ou en russe.