L'agroécologie, notre rapport à la nature

Agroforesterie et Agroécologie

Agroforesterie et Agroécologie

Edith Le Cadre est directrice de recherche à l'institut agro. Une semaine sur deux sur euradio, elle décrypte les différents sens de l'agroécologie en se demandant si cette dernière peut être une solution aux enjeux de notre époque.

Pour débuter cette nouvelle saison, Edith vous souhaitiez parler d’agroforesterie, est ce que vous pouvez en donner une définition ?

  • L’agroforesterie peut être définie comme la rétention délibérée d’arbres au sein des parcelles agricoles afin d’en retirer un bénéfice économique, social ou environnemental
  • C’est un terme assez générique qui comprend des pratiques traditionnelles, modernes voire ancestrales.
  • Il existe différentes formes d’agroforesterie selon qu’on combine des arbres avec des cultures, avec des animaux, ou que les arbres soient en intraparcellaire, sur les bors des parcelles ou sous la forme de petit peuplement.
  • Toute cette diversité justifie l’existence d’une nomenclature très raffinée pour nommer les différents systèmes et pratiques agricoles qui intègrent l’arbre.

Quelle est l’importance de l’agroforesterie en Europe ?

  • A l’échelle européenne, parmi les diverses modalités d’agroforesterie, celle qui est associée à l’élevage est la plus répandue, très loin devant celle en lien avec les cultures.
  • Une analyse par pays révèle de très nettes différences : en surface absolue, l’Espagne caracole en tête, suivie par la Grèce et la France ex-aequo, mais.
  • En surface relative, rapportée à la surface agricole totale du pays, l’Europe du sud est en tête, la première place revenant à Chypre (40,1 %) tandis que la France, avec 5,6 %, est en 11e position.
  • Dans les territoires ultramarins, les cultures peuvent se développer à l’abri d’une forêt ou de jardins créoles ou mahorais regroupent plusieurs strates et espèces végétales et animales
  • Au final on peut dire qu’en Europe, il existe une grande diversité de formes d’agroforesterie, mais celle-ci est bien moindre que dans le passé

Pourquoi cela ?

  • L’arbre a été progressivement enlevé de l’espace agricole. Dans les années 60, le discours était clairement anti arbre, ils étaient accusés d’entretenir l’humidité des chemins, d’être une gêne à la mécanisation, voire même de prendre trop de place par rapport aux cultures
  • Mais finalement si on regarde encore plus loin dans le passé, l’arbre n’a pas toujours été le mal aimé, il pouvait être associé aux animaux comme dans les prés-vergers, ou associés à la vigne. D’ailleurs on voit encore des reliques comme les systèmes bocagers de haies encore présents en Bretagne ou en Normandie en France ou les systèmes de Dohesa au Portugal

Quels bénéfices sont attribués à la présence des arbres ?

  • L’arbre joue également un rôle dans la limitation de l’érosion des sols ou régulation du microclimat des parcelles en limitant l’évaporation, et les variations de températures,
  • Un autre intérêt majeur de la présence des arbres est de créer un habitat dans lequel d’autres espèces animales et végétales sont pouvoir s’installer et permettre
  • Mais le rôle le plus connu est le stockage additionnel de carbone dans la biomasse de l’arbre et dans les sols.
  • Par conséquent, l’arbre est de nouveau envisagé comme un allié en agriculture, particulièrement dans le contexte du changement climatique car il peut contribuer à atténuer et à s’adapter à celui-ci.

Un entretien réalisé par Laurence Aubron.