Quoi de neuf en Europe ?

Quoi de neuf en Europe ? - Leila Lefevre

Quoi de neuf en Europe ? - Leila Lefevre

Profitez de la chronique "Quoi de neuf en Europe ?" chaque semaine sur euradio. Retour sur l’actualité européenne avec Perspective Europe, l’association du master Affaires Européennes de Sciences Po Bordeaux.

Dans cet épisode, revenons sur les moments forts de la semaine qui vient de s’écouler avec Leila Lefevre.

Alors , dites-moi : Quoi de neuf en Europe ?

8 mars oblige, nous allons revenir sur les actualités en lien avec les enjeux et inégalités de genre. Rendons-nous d’abord en Espagne, où un important projet de loi sur la parité a été présenté à la veille de la journée internationale de lutte pour les droits des femmes.

Présenté, mais pas encore approuvé. Par quelles étapes doit-il passer ?

On est au tout début du processus. Pour l’instant, c’est un avant-projet de loi, approuvé par le Conseil des ministres, qui transpose une directive européenne. Il doit cependant encore être débattu et surtout voté par le Parlement.

Encore un petit bout de chemin à parcourir, alors. Quels sont les objectifs de cette loi ?

Principalement, celui d’instaurer la parité en politique et dans les entreprises. Le projet a d’ailleurs prévu d’étendre l’imposition du quota de 40 % à plus d’instances que celles prévues par la législation européenne ; et dépasse donc les objectifs prévus.

Et quels organismes seraient concernés ?

D’abord, toutes les entreprises employant plus de 250 personnes et réalisant un chiffre d’affaires de 50 millions d’euros, mais pas seulement. À cela s’ajoutent les conseils d’administration, les partis politiques, et même les jurys de prix culturels ou scientifiques, explique Le Figaro.

Un nombre particulièrement important d’organismes sont donc concernés. Est-ce que ça pourrait conduire à des réticences au sein du Parlement ?

Pas pour le moment ! Presque toutes les forces politiques, opposition inclue, soutiennent ce combat pour une parité plus effective. Seul Vox, parti d’extrême droite, y est fermement opposé et considère que le gouvernement légifère hors de son domaine en empiétant sur la sphère privée.

La loi a donc des chances d’être adoptée. Restons dans le cadre législatif : un autre projet a lui été rejeté pendant la semaine.

Oui, c’est le Parlement polonais qui est à l’origine de ce rejet, sur un projet qui concerne cette fois l’avortement.

Expliquez-nous.

Selon Euractiv, il s’agit d’une initiative citoyenne menée par Kaja Godek, une militante anti-avortement notoire. Son projet, intitulé « l’avortement est un meurtre », avait pour objectif d’interdire la promotion de l’IVG et de sanctionner, via des peines de prison, les personnes qui fournissaient des informations sur l’avortement aussi bien en Pologne qu’à l’étranger.

Quels auraient été les conséquences si cette loi avait été approuvée ?

Pour comprendre, il faut remonter à 2020, quand le tribunal constitutionnel a interdit l’IVG en cas de malformation du fœtus, motif qui représentait 90 % des avortements. Depuis, les associations se sont énormément activées pour renseigner les femmes sur les options dont elles disposent à l’étranger. Concrètement, cette loi aurait rendu ces activités illégales, dans un pays où l’accès à l’avortement est déjà extrêmement limité. Il n’est autorisé que si la vie de la mère est menacée, ou si la grossesse résulte d’un acte criminel.

Ces restrictions ont d’ailleurs été soutenues par le gouvernement dans le passé. Comment se fait-il que cette fois, le projet ait été rejeté par les députés ?

Ceux de l’opposition de gauche étaient évidemment contre. Mais du côté de la majorité ultra conservatrice, c’est plus surprenant. Certains membres du parti au pouvoir, Droit et Justice, ont anonymement fourni une explication à la presse : ils ne souhaitent pas voir se reproduire les mobilisations historiques qui ont eu lieu en 2020.

Terminons cette discussion dans un pays qui a également connu des mobilisations historiques dernièrement : la France.

Assurément, la bataille contre la réforme des retraites n’est pas terminée et a mobilisé des centaines de milliers de personnes. Le contexte étant particulièrement porteur, les associations féministes ont appelé à faire suivre la grève générale du 7 mars par une grève féministe le 8 mars.

Ça a été l’occasion de discuter de l’impact de cette reforme sur les femmes.

Exactement, Médiapart nous raconte que l’intersyndicale a appelé à « pointer la détérioration particulière de la situation des femmes avec ce projet ». 

Et alors, est-ce que cette réforme désavantage les femmes ?

Malgré les déclarations du gouvernement, qui la disait porteuse d’un système « plus juste » pour les femmes (ce sont les propos de la première ministre en janvier), Euronews répond que oui, elles seront désavantagées. Des études ont effectivement démontré que le report de l’âge légal sera plus marqué pour les femmes. Pour la génération 1980, par exemple, elles devront travailler huit mois de plus en moyenne, contre quatre mois supplémentaires pour les hommes.

Le travail était donc une préoccupation clé, mais le 8 mars n’a pas été une journée uniquement dédié à ce domaine.

Bien sûr, les revendications dépassent largement le cadre professionnel et salarié. La grève féministe a mis en valeur l’ensemble du travail, souvent invisible, des femmes : charge mentale liée à la famille et la tenue du foyer, gestion des enfants, tâches ménagères, etc.

Entretien réalisé par Laurence Aubron.