« Quoi de neuf en Europe ? », c’est le nom que porte la chronique hebdomadaire réalisée par l’association Perspective Europe. Les étudiants du master Affaires Européennes de Sciences Po Bordeaux se sont donnés pour mission de décoder pour vous, chers auditeurs, l’actualité des Etats membres de l’Union européenne.
Alors quels ont été les moments forts de la semaine qui vient de s’écouler ? On en discute tout de suite avec Iris Berrehar, bonjour et bienvenue !
Bonjour Laurence, merci de me recevoir !
Alors Iris, dites-moi : quoi de neuf en Europe ?
Pour commencer, le chef du gouvernement espagnol et du parti socialiste, Pedro Sánchez, a obtenu jeudi 9 novembre le soutien des séparatistes catalans pour garder la majorité législative. En échange, son parti, le PSOE, a promis une future loi d'amnistie pour les séparatistes catalans exilés. Ceci permet à Sánchez de former un gouvernement de coalition et de prêter à nouveau serment en tant que Premier ministre.
En quoi consiste ce projet de loi d’amnistie ?
Le parti indépendantiste catalan Junts est dirigé par Carles Puigdemont. Celui-ci a organisé en 2017 un référendum sur l’indépendance de la Catalogne, illégal aux yeux de la justice espagnole. Il est donc exilé en Belgique depuis cette tentative de sécession. Le but de cette loi d’amnistie serait de permettre son retour en Espagne, mais aussi d’accorder une annulation de 15 milliards d'euros de la dette catalane envers l'État espagnol et un transfert de compétences de Madrid vers le gouvernement régional, pour plus d’autonomie.
Quelles sont les différentes réactions à ce projet de loi ?
Les partis d'opposition de droite comme Vox et le Parti Populaire, accusent Sánchez de compromettre l'État de droit et qualifient cet accord d'“accord de la honte”. De plus, de violentes manifestations ont eu lieu dans le pays la semaine dernière et ont fait 39 blessés. La Commission européenne a elle aussi exprimé ses inquiétudes face à ce projet et a demandé plus d’informations sur sa portée personnelle, matérielle et temporelle. Elle craint que la nouvelle loi d’amnistie ne soit une menace pour les valeurs démocratiques de l’Espagne.
Le gouvernement espagnol n’est pas le seul à faire face à une grande instabilité cette semaine.
En effet, puisque le Premier ministre portugais, António Costa, a annoncé sa démission la semaine dernière.
Pourquoi cette soudaine décision ?
En fait, Costa est impliqué dans un scandale de corruption en rapport avec l’attribution de licences d’exploitation de lithium et d’hydrogène. Des perquisitions ont eu lieu dans sa résidence officielle et dans deux ministères, et son chef de cabinet ainsi que l’un de ses amis proches, un chef d’entreprise, ont tous les deux été placés en détention provisoire.
Qui va prendre la suite de Costa à la tête du gouvernement ?
Eh bien, les principaux partis d'opposition réclament de nouvelles élections législatives afin d’essayer d’obtenir la majorité et de nommer un Premier ministre issu de leurs rangs. Le Parti socialiste veut, lui, conserver sa majorité et nommer un nouveau leader. Le président, Marcelo Rebelo de Sousa, a annoncé le 9 novembre la dissolution du Parlement portugais et convoqué des élections législatives anticipées pour le 10 mars 2024. Cette date laisse assez de temps au gouvernement actuel et au Parlement pour adopter le budget 2024 de l'État avant le scrutin, afin d’assurer la stabilité économique et sociale du pays.
Et à part ça, y a-t-il de bonnes nouvelles en Europe ?
Bonne question Laurence ! En Lettonie, le Parlement a adopté vendredi 10 novembre une loi autorisant l'union civile entre les couples de même sexe.
C’est une avancée significative pour les droits LGBT+ !
Oui, c’est d’ailleurs la neuvième fois que cette disposition est soumise au vote des députés lettons depuis 1999. Cette victoire est saluée par la communauté LGBT+, qui a été de plus en plus entendue dans le pays ces dernières années.
Si cette proposition a déjà été refusée à huit reprises, qu’est ce qui a changé la donne cette fois-ci ?
En fait, en décembre 2020, un couple homosexuel a obtenu gain de cause devant la Cour constitutionnelle de Lettonie et elle a exigé des députés qu'ils modifient la loi pour garantir une union civile pour tous.tes. Cette injonction était restée sans réponse jusqu'à l'arrivée au pouvoir du parti de centre-gauche en septembre. La loi sera donc effective dès le 1er juillet 2024 et accordera aux couples liés par une union civile des droits de visite hospitalière ainsi que des avantages fiscaux et sociaux. Il faut quand même noter que les questions d’adoption et d’héritage pour les couples de même sexe ne sont pas encore légales en Lettonie.
L'opinion publique lettone est-elle plutôt favorable aux droits LGBT+ ?
Elle reste divisée sur la question de l'homosexualité. Selon Politico, 25% des lettons acceptent l’homosexualité, 49% restent neutres et 23% condamnent l’homosexualité en 2022. Au niveau politique, cette nouvelle loi ne fait pas l’unanimité, puisque les députés des partis de droite veulent organiser un référendum pour empêcher le texte législatif d’être mis en place.
Entretien réalisé par Laurence Aubron.