Chaque semaine sur euradio, Perspective Europe, l'association du master "Affaires européennes" de Sciences Po Bordeaux, revient sur l'actualité bruxelloise et européenne.
Tout de suite, c’est « Quoi de neuf en Europe ? ». Retour sur l’actualité européenne avec Perspective Europe, l’association du master Affaires Européennes de Sciences Po Bordeaux. On discute des nouveautés de la semaine avec Hannah Lenen-Memlouk. Bonjour et bienvenue !
Bonjour Laurence, merci de me recevoir !
Alors Hannah, dites-nous : quoi de neuf en Europe cette semaine ?
Cette semaine, un certain nombre de pays européens, dont la France, sont secoués par des manifestations d’agriculteurs. Leurs critiques se concentrent beaucoup sur la Politique agricole commune de l’Union européenne et sur les législations du "Pacte vert" européen qui renforcent les normes environnementales européennes. Pour apaiser la situation, Ursula von der Leyen propose l'établissement d'un "dialogue stratégique" via des réunions programmées toutes les quatre à six semaines.
Qu’attend-on de ces rencontres ?
Il s’agit d’aborder des thématiques comme les revenus des agriculteurs, la durabilité de leurs pratiques, l'innovation technologique et la compétitivité. L’idée est, à partir de ces propositions, de préparer le terrain pour la prochaine Commission et l'élaboration de la prochaine PAC qui débutera en 2028.
Je vois. Il y a aussi des actualités au niveau de l’OTAN.
Tout à fait, le Parlement turque a ratifié mercredi 24 janvier l’adhésion de la Suède à l’OTAN. La Suède avait soumis sa demande d'intégration à l'OTAN en mai 2022, en réaction à l'invasion de l'Ukraine. Il lui manquait seulement l’accord de la Turquie et de la Hongrie pour finaliser son adhésion, aujourd’hui il ne reste que la Hongrie à attendre pour donner son feu vert.
Comment s’explique ce déblocage de la situation du côté turque ?
Le président Erdoğan s’était déjà engagé en juillet à ne pas bloquer l'adhésion suédoise, mais il avait posé des conditions à la ratification de la demande comme la promesse de Washington d’une livraison d'avions F-16 à Ankara. En outre, la Suède a dû réformer sa Constitution et adopter une nouvelle loi antiterroriste pour répondre aux inquiétudes turques concernant la relation suédoise avec les Kurdes.
Il ne reste donc plus que la Hongrie qui fait blocage à l’adhésion de la Suède à l’OTAN.
En effet. Pour l’instant la Hongrie bloque la demande suédoise, mais les Etats-Unis ont déclaré vendredi avoir reçu des assurances que Budapest ne retarderait pas davantage la candidature de Stockholm
Cette nouvelle n’est pas la seule actualité majeure de la semaine.
Effectivement. Sur le thème du climat cette fois, 11 états membres de l’Union européenne, dont la France, ont rédigé une lettre commune exhortant Bruxelles à proposer "un objectif climatique ambitieux" pour l’UE d'ici à 2040
Que demandent-ils exactement ?
Les onze États qui ont signé cette lettre demandent de prendre en compte les conseils du conseil scientifique européen sur le climat. Ce conseil avait suggéré en juin 2023 une réduction de "90 à 95 %" des émissions de gaz à effet de serre dans l’UE d'ici à 2040. Ils appellent également à une transition "juste et équitable"
Est-ce que cette lettre avait réellement intérêt à être publiée avant les élections européennes ?
Oui ! Cette lettre intervient juste avant la publication d'une proposition législative sur la décarbonation de l'Europe, qui devrait être votée après la formation de la prochaine Commission à l'automne. C’est donc un moment stratégique pour permettre de prendre connaissance du dossier en amont !
Pour finir, quelques nouvelles des élections européennes qui arrivent à grands pas ?
Oui. Les premières estimations suggèrent que les élections européennes de juin 2024 seront marquées par une domination de la droite. Le think tank européen prévoit même un renforcement des deux groupes eurosceptiques et nationalistes au Parlement européen.
Et qu’est-ce que cela signifie pour l’Europe ?
C’est assez inquiétant, notamment dans le cadre des multiples politiques environnementales mises en place par l’UE. Il y a un risque de voir le combat contre le réchauffement climatique, et plus généralement l’action de l’Union dans son ensemble, être nettement freiné dans les prochaines années.