Profitez de la chronique "Quoi de neuf en Europe ?" chaque semaine sur euradio. Retour sur l’actualité européenne avec Perspective Europe, l’association du master Affaires Européennes de Sciences Po Bordeaux.
Dans cet épisode, revenons sur les moments forts de la semaine qui vient de s’écouler avec Amélie Billet
Au programme ce matin, trois personnalités qui ont fait parler d’elles cette semaine.
Oui, on commence par Rishi Sunak, Premier ministre du Royaume-Uni, qui a fait voter l’accord post-Brexit sur l’Irlande du Nord : c’est le fameux « cadre de Windsor » qui avait été voté avec l’Union européenne fin février, et qui a donc été adopté à une large majorité par le Parlement.
Les parlementaires ont approuvé la mesure la plus symbolique de l’accord, le « frein de Stormont ». De quoi s’agit-il ?
C’est une section spécifique de l’accord qui permet aux députés nord-irlandais de bloquer l’application de nouvelles règles commerciales votées à Bruxelles et qui seraient susceptibles de s’appliquer sur leur territoire.
Sunak a fait adopter le texte plutôt facilement. Est-ce une réussite incontestable ?
Pas totalement. L’issue du vote ravive les divisions entre les conservateurs, car 22 votes contre venaient de son propre camp. Parmi les opposants, deux anciens chefs de parti dont le nom est familier : Boris Johnson et Liz Truss. Johnson avait annoncé qu’il voterait contre le cadre, qui signifie selon lui la captivité de l’Irlande du Nord par les règles de l’Union européenne et ainsi, une émancipation incomplète du Royaume-Uni.
La deuxième personnalité de la semaine, c’est Olivier Dubois, dernier otage français dans le monde, qui a été libéré.
Tout à fait Laurence, il s’agit du correspondant de Jeune Afrique, Libération et du Point au Mali. Depuis près de deux ans, le journaliste de 48 ans était retenu en otage par la filiale sahélienne d’Al-Qaeda, connue sous le nom de Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans.
Pourquoi était-il retenu captif ?
Le 8 avril 2021, Olivier Dubois se rendait dans l’est du Mali pour interviewer un lieutenant du groupe islamiste. La rencontre est risquée, le journaliste la prépare pendant plusieurs mois mais lorsqu’il se rend au point de rendez-vous, il est capturé par cinq hommes.
Un mois plus tard, une vidéo publiée sur les réseaux sociaux par ses ravisseurs annonce son kidnapping. Que se passe-t-il ensuite ?
Après une année entière sans nouvelle, une seconde vidéo est publiée le 13 mars 2022. Une troisième vidéo aurait également été obtenue par les autorités françaises mais est restée secrète, dans le cadre de négociations. Enfin, Olivier Dubois réapparaît au Niger et est finalement libéré le 20 mars 2023.
Le journaliste Wassim Nasr a évoqué le travail acharné des services de renseignements et des États dans cette libération. Mais quelles en ont été ses conditions ?
Peu d’informations ont été émises à ce sujet. On ne sait pas si une rançon a été versée ou des prisonniers djihadistes libérés. Les journaux français mettent en tout cas en avant le rôle central des autorités nigériennes dans les négociations. L’Élysée a en ce sens exprimé sa reconnaissance envers le Niger, qui apparaît comme un pays pivot dans la lutte contre le terrorisme dans la région.
Pour finir, il a été question de Marina Lochak, la directrice du prestigieux Musée Pouchkine.
C’est exact, Marina Lochak a annoncé qu’elle quittait ses fonctions, après 10 ans à la tête de l’un des plus grands musées de Russie. Elle sera remplacée par Elizaveta Likhatcheva, directrice du Musée d’État d’architecture Chtchoussev. Cette dernière est connue pour avoir travaillé pour le Ministère russe de l’Intérieur au début des années 2000 et pour avoir soutenu Vladimir Poutine à travers un projet de jeunesse.
Cette démission est-elle anodine, ou liée au contexte actuel ?
Elle est tout sauf anodine ! Elle coïncide avec la mise au pas des musées nationaux. La neutralité ne suffit plus, il faut donner des gages de loyauté à Vladimir Poutine. Le directeur du Musée de l’Ermitage, à Saint-Pétersbourg, a donné l’exemple, en défendant « l’opération militaire spéciale » en Ukraine.
Cette politique est-elle ouvertement menée par la Russie ?
En apparence, non, puisque Marina Lochak a insisté sur le fait que sa démission était volontaire. Pour autant, son départ illustre bien les changements souhaités par le gouvernement : ainsi les expositions d’art doivent maintenant refléter les valeurs patriotiques et nationales. Marina Lochak a refusé de s’exprimer publiquement sur la situation géopolitique mais elle était dans le viseur du Kremlin depuis plusieurs mois.
Entretien réalisé par Laurence Aubron.