Profitez de la chronique "Quoi de neuf en Europe ?" chaque semaine sur euradio. Retour sur l’actualité européenne avec l'association Perspective Europe, les étudiants du master Affaires Européennes de Sciences Po Bordeaux se sont donnés pour mission de décoder pour vous, cher•ères auditeur•rices, l’actualité européenne.
Anaëlle Pestourie revient sur les élections régionales allemandes en Hesse et en Bavière.
Alors, quoi de neuf en Europe ?
Les citoyen•nes allemand•es de Hesse et de Bavière se sont rendu•es aux urnes dimanche dernier pour élire leurs représentants au Parlement. Les résultats nous intéressent fortement puisqu’il s’agit des deux Länders, États allemands les plus importants, la Bavière car c’est la plus grande et la plus riche ; et la Hesse car sa capitale Francfort est un pôle financier et accueille le siège de la Banque Centrale Européenne.
Qu’en retient-on ?
Principalement, une défaite accablante pour la coalition du chancelier Olaf Scholz composée des sociaux-démocrates, le SPD ; des libéraux, le FDP ; et des Verts.
Alors la droite est la grande gagnante ?
Tout à fait. Les partis de la droite chrétienne et démocrate ainsi que les partis d’extrême droite nationalistes ou populistes s’imposent dans les deux États. La droite traditionnelle CSU et CDU reste en tête mais le parti nationaliste Alternative pour l’Allemagne (AfD) devient la deuxième et troisième force politique dans les deux États.
En Bavière, l’Union chrétienne-sociale menée par le chef du gouvernement Markus Söder remporte la première place. En seconde position, les Verts et l’AfD, sont suivis de près par les Électeurs Libres, parti très conservateur qui a du succès en milieu rural. Pour ce qui est des partis de la coalition, le SPD n’atteint pas 10% et le FDP n’obtient même pas les 5% indispensables pour rester au parlement.
En Hesse, le SPD mené par Nancy Faeser, la Ministre de l’Intérieur, n’est arrivé qu’en quatrième position avec 15,2% des voix, derrière l’AfD (16,8%), les Verts (15,5%), et les 34,7% de l’union chrétienne démocrate dont les résultats sont en hausse par rapport aux élections de 2018.
Pourtant ce n’est pas assez pour former une majorité, il y aura donc une coalition ?
C’est effectivement ce qui va se passer. En Bavière, Markus Söder devrait renouveler sa coalition avec les Électeurs Libres, dont la popularité ne souffre pas de la polémique causée par un tract antisémite diffusé par son leader. Et en Hesse, le leader de l’union chrétienne démocrate, Boris Rhein, peut désormais choisir de poursuivre sa coalition avec les Verts ou d’en faire une avec l’AfD, ce qui lui donnerait un siège en plus.
Comment peut-on expliquer ce résultat ?
Et bien, il s’agirait avant tout d’un vote sanction contre la coalition d’Olaf Scholz. Nos voisins sont mécontents des nombreux désaccords et tensions qui divisent les trois partis de la majorité. En plus de cela, ils sont inquiets quant à la crise industrielle que traverse leur pays ; et comme un peu partout en Europe quant à la question migratoire. Alice Weidel, à la tête de l’AfD a elle-même déclaré que ces résultats sont une « punition » pour le gouvernement.
Est-ce que vous pourriez donc revenir sur la ligne de ce parti, Alternative pour l’Allemagne, qui semble avoir de plus en plus de succès ?
L’AfD a été créé en 2013. C’est un parti populiste dont le discours tourne principalement autour de l’opposition à l’Union Européenne et à l’immigration. C’est cette position anti-immigration dans le contexte actuel qui leur permet de séduire un nombre grandissant d’électeur•rices et de s’imposer dans ces états alors que ses bastions traditionnels sont plutôt les Länders de l’Est du pays.
Bastions traditionnels, comme vous dites, où se dérouleront les prochaines élections.
Oui, en 2024, des élections régionales doivent avoir lieu en Thuringe, en Saxe et dans le Brandebourg où l'AfD est de loin numéro un, avec plus de 30 % des intentions de vote. On peut donc prédire un virage à droite pour nos voisins.
Entretien réalisé par Laurence Aubron.