À voir et à goûter

Mieux qu’un speed dating, une visite au musée

Mieux qu’un speed dating, une visite au musée

Chaque mercredi sur euradio, Patricia Solini nous partage sa passion pour la culture contemporaine sous toutes ses formes. Théâtre, danse, littérature, peinture... À consommer sans modération !

Mieux qu’un speed dating, vous recommandez une visite au musée 

Je ne sais pas vous, mais à peine franchi le seuil d’un musée une immense excitation me prend, comme une espèce d’envie boulimique d’avaler tout ce qui me tombe sous les yeux, un flot d’endomorphine m’envahit avant même de voir les œuvres. 

Une chaleur me gagne. Mon cœur palpite fort, mes poumons se dilatent, c’est comme si j’allais, j’imagine à un « dating » comme on dit aujourd’hui, pas forcément speed. En tout cas à des rencontres dont on sait qu’il va se passer quelque chose sans savoir ce qui va se passer vraiment et qui on va rencontrer.

Je m’apprête à accueillir l’inconnu et à me remplir de sensations qui vont, c’est sûr, me bouleverser.

Je suis donc obligée de me calmer en respirant profondément et me raisonner pour aborder sereinement les œuvres et comme dans un speed dating, on fait des choix.

Qu’est-ce qui vous a mis dans cet état ?

Dernièrement, visités et revisités à maintes reprises : deux de nos plus beaux musées français à Paris, le Louvre et le Musée d’Orsay et le musée « La Piscine » à Roubaix. Quel bonheur, une fois entré dans le saint des saints, débarrassé de son vestiaire, à l’aise et détendu, de s’en prendre plein les mirettes et ce malgré le nombre impressionnant et cependant réjouissant de visiteur·ses de tous âges et de toutes nationalités.

Je frise le syndrome de Stendhal !

Qu’est-ce que c’est ce syndrome de Stendhal ? 

C’est l’état d’émotion intense qu’a ressenti notre grand écrivain français après avoir visité l’église Santa Croce à Florence en Italie. « J’étais arrivé à ce point d’émotion où se rencontrent les sensations célestes données par les beaux-arts et les sentiments passionnés. En sortant de Santa Croce, j’avais un battement de cœur, la vie était épuisée chez moi, je marchais avec la crainte de tomber » écrit-il dans son ouvrage Rome, Naples et Florence, publié en 1826.

Sans aller jusqu’au bout de ma vie, selon l’expression actuelle, je me soigne dans les musées.

Depuis quelques années, des médecins prescrivent des visites au musée, pouvez-vous nous en dire plus ?

Depuis 2018, au Québec des médecins prescrivent à leurs patient·es atteint·es de troubles physiques ou mentaux comme l’anxiété, des troubles bi-polaires ou alimentaires, d’hypertension artérielle ou de diabète, une visite au musée avec un·e accompagnateur·rice. Et ce jusqu’à 50 visites par an.

Comme la pratique du sport reconnue indispensable à notre forme physique, l’expérience culturelle contribue à la santé et au mieux-être.

En France une centaine de musées ont aujourd’hui des programmes Alzheimer visant à faire participer les malades et leurs aidant·es.

En Belgique, suite à la crise du Covid ayant accentué le stress, le burn-out et d’autres pathologies, les médecins bruxellois·es vont pouvoir prescrire également des visites gratuites au musée.

Quelles expositions nous prescrivez-vous donc ?

L’intérêt avec les musées, c’est qu’il y a toujours quelque chose à voir grâce à nos merveilleuses collections, sinon au musée d’Orsay, l’exposition poignante autour de l’amour, la folie, la mort thèmes chers au peintre norvégien Edvard Munch qui se termine le 22 janvier ; au Louvre : l’exposition très instructive « Les choses » dédiée à la nature morte depuis les mosaïques de Pompéi à nos jours, qui se termine le 23 janvier ; au Musée d’art moderne de la Ville de Paris, incontournable pour la qualité immuable de ses expositions « Oskar Kokoschka, un fauve à Vienne » ; à la Piscine de Roubaix, étonnant musée installé dans une piscine des années 30, l’exposition William Morris qui se termine le 8 janvier.

Et attention pour que la thérapie fonctionne, il faut évidemment voir les œuvres en vrai, en face-à-face. Il y a même des dispositifs dans certains musées aidant les malvoyant·es à s’emparer des œuvres avec leurs doigts.

Tous·tes au musée. Pas besoin d’être malade. Et mieux qu’un speed dating, une visite au musée car vous ne serez jamais déçu·es !

Et après la visite, A Musée Vous, A Musée moi, en vidéo sur Arte tv, les tableaux célèbres revisités en sketchs humoristiques.

Entretien réalisé par Cécile Dauguet.