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Quel est mon péché ? Il mio peccato ? - être une femme - Essere una donna.

Quel est mon péché ? Il mio peccato ? - être une femme - Essere una donna.

Aujourd'hui, c'est une chronique spéciale, dédiée au 8 mars, chaque année le 8 mars est une journée de sensibilisation et de mobilisation, dédiée à la lutte pour les droits des femmes, l'égalité et la justice. Une journée qui a inspiré un texte à Patricia Solini, "quel est mon péché ?", qu'elle souhaite nous interpréter à deux voix, en français et en italien avec Alessandro Maria Torboli.

Il s'agit d'un texte écrit dans le cadre d'un atelier par des étudiants en italien, le titre est confessioni, c'est un recueil de texte ou de personnage connu ou inconnu confesse leur péché.

Ce sont donc trois femmes dans ce texte qui raconte leurs expériences de vie et leurs difficultés à être femme, depuis toujours, depuis Eve et le péché originel.


Je suis Rina, née en 1876 et morte en 1960. J’ai lutté dix années durant contre le désir de mourir et contre la folie, celle qu’a choisie ma mère, contre la honte et la douleur d’abandonner mon fils adoré âgé de seulement 7 ans. Cette dernière solution était l’unique et terrible possibilité pour survivre à un mariage avec un homme que je méprisais et qui m’a violée pendant dix ans ainsi que battue et humiliée trop souvent.

À cette époque selon la loi, je n’existais pas, je n’avais aucun droit, mes biens, ma maison, mon fils, ma vie appartenaient à mon mari, celui qui m’avait violée et que j’avais dû épouser par un mariage forcé.

J’ai dû fuir pour conquérir ma liberté. L’écriture m’a redonné ma dignité et la force d’avancer, malgré une grande solitude.

Je suis devenue Sibella Aleramo, écrivaine. Et j’ai écrit mon autobiographie.

Quel est mon péché ?

Io sono Rina, nata nel 1876 e morta nel 1960. Ho lottato dieci anni contro il desiderio di morire e contro la follia, quella che ha scelto mia madré, contro la vergogna e il dolore di abbandonare il mio adorato figlio di soli 7 anni. Quest’ultima terribile soluzione era l’unica per sopravvivere a un matrimonio con un uomo che disprezzavo e che mi ha stuprata durante dieci anni anche pestata e umiliata troppo spesso.

A quell’epoca per la legge non esistavo, non avevo alcuno diritto :i miei beni, la mia casa, mio figlio, la mia vita appartevano a mio marito, colui che mi aveva stuprata e che poi ho dovuto accettare in matrimonio riparatore.

Ho dovuto fuggire per conquistare la mia libertà.

La scrittura mi ha ridato la dignità e la forza di andare avanti, nonostante una grande solitudine.

Sono diventata Sibilla Aleramo, scrittrice. E ho scritto la mia autobiografia.

Qual è il mio peccato ?

Je suis Franca Viola, j’avais 17 ans en 1965, quand mon ex-fiancé, Filippo Melodia, bandit notoire et neveu d’un chef de clan local nous a enlevés, mon petit frère et moi avec sa bande mafieuse, tous armés de leurs fusils à pompe. Les treize hommes ont dévasté ma maison, battu ma mère jusqu’au sang puis abandonné mon petit frère en campagne.

Durant sept jours, je fus insultée, saccagée, humiliée, violentée, violée de façon répétitive.

Après que la police m’eût retrouvée, j’ai refusé malgré la forte pression des villageois d’accepter le « matrimonio riparatore », le mariage forcé et j’ai porté plainte contre Filippo Melodia et sa bande, soutenue par ma famille.

Je n’appartiens à personne. Personne ne peut me contraindre à aimer une personne que je ne respecte pas. L’honneur, c’est celui qui fait certaines choses, qui le perd, non la personne qui les subit.

Malgré la ferme brûlée et les vignes rasées ma famille ne s’est pas rendue.

Filippo Melodia fut par la suite condamné à dix ans de prison.

Après le procès, je fus reçue en audience par le Pape Paul VI.

Quel est mon péché ?

Io sono Franca Viola, avevo 17 anni nel 1965, quando il mio ex-fidanzato, Filippo Melodia, noto malavitoso e nipote di un capoclan locale ha rapito me e il mio fratellino con la sua banda mafiosa, tutti armati di lupara. Tredici uomini hanno devastato la nostra casa, pestato a sangue mia madre e abbandonato poco dopo il mio fratellino in campagna.

Durante sette giorni, sono stata insultata, saccheggiata, umiliata, violentata, stuprata ripetutamente.

Dopo che la polizia mi ha rilasciato, nonostante la forte pressione nel paese, ho rifiutato il matrimonio riparatore e ho sporto denuncia contro Filippo Melodia e la sua banda, sostenuta dalla mia famiglia.

Io non sono proprietà di nessuno. Nessuno può costringermi ad amare una persona che non rispetto. L’onore lo perde chi le fa, certe cose, non chi le subisce.

Nonostante il podere bruciato e le vigne rase al suolo la mia famiglia non si è arresa.

Filippo Melodia è poi stato condannato a dieci anni di carcere.

Dopo il processo io sono stata ricevuta in udienza da Papa Paolo VI.

Qual è il mio peccato ?

Je suis Mahsa Amini, j’avais 22 ans quand je suis morte le 16 septembre 2022 sous les coups de la police des mœurs à Téhéran en Iran. Mon délit ? Avoir laissé visibles mes cheveux mal cachés par le voile obligatoire.

Quel est mon péché ?

Io sono Mahsa Amini, avevo 22 anni quando sono morta il 16 settembre 2022 sotto i colpi della polizia morale a Teheran in Iran. Il mio delitto ? Avere lasciato visibili i miei capelli mal nascosti dal mio velo obbligatorio.

Qual è il mio peccato ?

Je suis une étudiante en Afghanistan aujourd’hui. Le lycée et l’université me sont interdits. Je dois endosser la burqa qui cache même mon visage. Je me sens emmurée vivante.

Quel est mon péché ?

Io sono una studentessa in Afghanistan oggi. La scuola superiore ed anche l’università mi sono proibite. Devo indossare il burqa, che nasconde anche il mio volto. Mi sento intrappolata viva.

Qual è il mio peccato ?

Je suis toutes les 146 femmes assassinées par leurs compagnons en 2022 en France.

Io sono tutte le 146 donne uccise dai loro compagni nel 2022 in Franci

Quel est notre péché ?

Qual è il nostro peccato ?

Quel est son péché ?

Qual è il suo peccato ? 

Quel est leur péché ?

Qual è il loro peccato ?

Essere una donna.

Être une femme.


Épisode réalisé par Patrica Solini, Alessandro Maria Torboli et Cécile Dauguet.