À voir et à goûter

Gengis Khan, empereur océanique

©Patricia Solini Gengis Khan, empereur océanique
©Patricia Solini

Patricia Solini nous partage sur euradio sa passion pour la culture contemporaine sous toutes ses formes. Théâtre, danse, littérature, peinture... À consommer sans modération !

Vous avez passé un dimanche au temps de l’empire mongol et du terrible Gengis Khan au Château des Ducs de Bretagne à Nantes, racontez-nous

Il faut dire qu’une nouvelle fois, le musée d’histoire de Nantes se surpasse et nous emporte au cœur d’une période méconnue, grâce à une exposition passionnante intitulée « Gengis Khan. Comment les Mongols ont changé le monde ».

Pour moi, Attila et les Huns, Gengis Khan et ses cavaliers mongols, ça faisait partie du panthéon des barbares et des soudards, des pires guerriers que la terre ait porté, quoique la concurrence soit rude de nos jours.

Grâce à un parcours organisé en chapitres bien structurés, nous nous immergeons dans cette histoire riche et complexe des Mongols et avant eux des empires des steppes en Asie centrale.

Un morceau de défense de mammouth ayant vécu il y a 2,6 millions (c’est toujours émouvant !) ouvre le grand livre de cette saga depuis la steppe-toundra où les hommes vont s’adapter pour survivre jusqu’à la civilisation singulière de ces peuples cavaliers conquérants et nomades.

Que montre donc cette exposition sur les Mongols ?

Ce sont 450 objets issus de collections publiques de Mongolie mais aussi de collections particulières. Initialement prévue en collaboration également avec la Chine, où vivent 3 millions de Mongols, le partenariat fut annulé par le directeur même du musée d’histoire de Nantes pour cause de révisionnisme historique par les autorités chinoises.

Quels sont -ils donc ces objets ?

On est surpris de la beauté des représentations animales comme les rennes, les cerfs, les chameaux ou les chevaux indispensables, qui datent d’avant notre ère, agrafes ou petites sculptures en bronze ou en terre cuite polychrome. Nombre d’objets comme de la vaisselle, des tentures brodées, des objets en or pour des décors funéraires comme les quadrifoliés, des ornements de coiffure, des ceintures ont été retrouvés dans les nécropoles aristocratiques comme chez les Xiongnu, le premier empire des steppes fondé par Modun né vers 234 av JC.

Des figurines en jade de chaman, très important, il est le médiateur avec les mondes visibles et invisibles. Gengis Kahn se débarrassera du sien, n’ayant pas besoin d’intermédiaire !

Et bien sûr des casques et des cottes de maille, des selles et des étriers en fer, des couteaux et des épées, des arcs et des flèches.

Et aussi des illustrations originales ou agrandies de miniatures du livre des merveilles de Marco Polo paru en 1298.

Qui est donc ce célèbre Gengis Khan ?

Quand le futur Gengis Khan naît en 1162, il s’appelle Temüjin, signifiant forgeron et son père est un chef local mongol. Il existe déjà une organisation politique impériale avec des tentatives d’unification des pasteurs nomades de cette steppe eurasienne.

Gengis Khan prend ce titre en 1206, ça signifie empereur océanique, surpuissant, ce sera la fondation de la grande nation mongole. La littérature et le cinéma ont entretenu le mythe du barbare sanguinaire assoiffé de sang décrite par ses ennemis. Mais sans nier les exactions des conquêtes, les historiens découvrent les qualités de diplomatie et de stratège de Gengis Khan à travers les recherches archéologiques et les récits de voyageurs ou « L’histoire secrète des Mongols », rédigée après sa mort.

Il lui faudra 20 ans pour unifier les tribus nomades de la steppe avant de se lancer à l’assaut de l’Eurasie et des empires voisins, Chine du nord et Asie centrale. Et ça ne se fait pas forcément par les armes ! L’organisation économique est parallèle à la conquête comme les renégociations politiques ou les alliances.

Qu’avez-vous appris sur ces Mongols qui ont changé le monde ?

On apprend que Gengis Khan fait créer la première écriture de l’empire et dote les Mongols d’une véritable administration composée de secrétaires lettrés. Le yasa, c’est l’ensemble des décrets et des lois qui régissent l’organisation au sein de l’armée mais surtout le rapport aux nouveaux sujets, nomades et sédentaires.

Si les Mongols ont leurs propres croyances, ils acceptent tout autre forme de religion et exemptent de taxes les clergés bouddhistes, taoïstes, musulmans ou chrétiens pour les encourager à construire leurs propres lieux de culte. Ce sera le multiculturalisme religieux !

Autre surprise, la seule période durant laquelle les femmes ont été particulièrement considérées, importantes et puissantes, en Iran a été la période mongole. Le concept d’égalité entre les hommes et les femmes est arrivé avec les Mongols et …. Reparti avec eux ! On sait ce qu’il en est aujourd’hui.

Bref c’est une exposition qui nous ouvre l’esprit et le regard sur un empire qui a duré 150 ans et bien plus avec les descendants, et qui a influencé les cultures de l’époque, un héritage dont la Mongolie s’enorgueillit aujourd’hui !

A voir et à revoir « Gengis Khan. Comment les Mongols ont changé le monde » au Château des ducs de Bretagne à Nantes jusqu’au 5 mai 2024.